Nouvelles d’ailleurs : Commission, sous commission et tailleurs de pierre….

 

(Crédit photo : Nathalie Duvarry)

{jcomments on}Vous saviez qu’il existe une commission quasi anonyme, quasi vide, quasi en état de mort clinique, une commission au doux nom de « Commission pour la taille de la pierre tendre »?
Ne commencez pas à m’applaudir et à me lancer des louanges : ce n’est pas moi qui ai découvert le machin mais un journal de la place.

« Commission pour la taille de la pierre tendre », un vrai rêve de poète, doux dingue et, sûrement, quelque peu détaché des choses de ce monde.
Je suis contente de la trouvaille : cela fait tant d’années que je pensais être la seule chose bizarroïde des Nous Z’Autres, perçue par certains comme géniaaaale, par d’autres comme bonne pour la camisole de force, par d’autres encore, comme un dinosaure en voie de réadaptation locale!
Moi aussi, rêve de poète, non?
Et bien, je suis enchantée de savoir qu’il y a, chez nous, des gens tout aussi farfelus que moi et au solide sens de l’humour.
Je ne sais pas qui est l’amoureux des pierres, le minéralogiste génial, le poète de la taille de pierre, qui a inventé cette commission mais, moi, elle me réconcilie avec notre administration tout sauf poétique (quoique…).
« Commission pour la taille de la pierre tendre », dotée de bureaux (vides), d’un planton (vide aussi), d’une pancarte (vide…), sise en pleine ville, cri d’amour d’un obscur et patriotique fonctionnaire aux pierres tendres!
Ok, faut se creuser la cervelle pour comprendre le concept. « Taille » j’ai pigé : vous prenez un burin, vous prenez l’air inspiré, vous choisissez votre angle d’attaque, vous avez, bien entendu, une idée de ce que vous voulez faire de votre pierre, et, avanti, vous tapez comme un sourd en espérant que de toute cette agitation sortira une oeuvre d’art impérissable.
« Pierre », là aussi je comprends : c’est le truc qui tapisse nos contrées, de toutes les tailles, de toutes les couleurs, de toutes les compositions, le truc sur lequel vous vous cognez le petit orteil et qui vous fait découvrir que votre langage ne possède pas de limites pour les gros mots. C’est aussi le truc que vous balancez aux chèvres qui viennent brouter votre jardin, le machin que vous lancez en douce en classe sur la tête pouilleuse du pote assis au premier rang sous l’oeil attentif du maître; ça peut être aussi, la chose que certains balancent sur les forces de l’ordre dans certaines manifs (et vice et versa : on a souvent vu d’honorables membres de la sécurité publique, s’essayer aux tirs de pierre!).
« Pierre tendre » : faciiiiile : pierre tendre, donc pas dure. CQFD.
« taille de la pierre tendre » : on prend les mêmes outils, on se munit d’une pierre tendre et on tape.
« Commission pour la taille de la pierre tendre » : là c’est le vide.
De ce grand art méconnu chez nous, à savoir la taille de la pierre tendre, à une commission fantôme, dotée d’un planton placide et heureux d’avoir appris quelque chose avant de mourir, à savoir que les pierres tendres et leur taille ça paie un salaire (sans parler des avantages à « plantonner » une commission où il n’y a personne : job pépére, pas de prises de têtes, confort garanti, siestes idem), les chemins de l’administration sont magnifiques.
J’ai une pensée émue pour le cerveau surdoué duquel est sorti un jour ce grand rêve de « taille de la pierre tendre ». Ce même cerveau aurait pu inclure, dans la recherche du Graal, la pierre dure.
Mais il a préfère le moelleux de la pierre, le côté féminin du projectile, la douceur du doudou d’un minéralogiste.
Notre amoureux des pierres de taille a imaginé une commission spéciale, hors du temps, de l’immobilité, du silence avec, au fronton, une déclaration d’amour pour la pierre tendre.
Et rien que pour cela je l’aime cet olibrius là.
Dans le vaste monde touffu et brumeux des innombrables commissions se reproduisant en sous commissions, qui peuple notre imaginaire de peuple de fonctionnaires, au milieu de commissions et sous commissions autrement plus prestigieuses, telles que ( citées au hasard ), commission nationale de la jeunesse, commission départementale du ministère de la fonction publique, sous commission d’évaluation, commission de réception (pas réception/petits fours/coca, celle des marchés publics), la sous commission « poulpe » (si si, ça existe), sous commission bilan et perspectives, sous commission des droits catégoriels, sous commission d’évaluation des offres relatives à l’acquisition d’une solution d’équilibrage des charges et de Qos ( ne me demandez pas ce que ça veut dire) et j’en passe, nous avons eu notre brin de fantaisie toute rimienne : la commission pour la taille de la pierre tendre.
Et toc! Que les grincheux prennent ça dans les dents! Un peu de poésie dans un monde de brutes!
J’adooore.
Au fait qui travaille, hormis le valeureux et débonnaire planton, dans cette commission?
Ôh vous qui me lisez amoureusement toutes les semaines, si parmi vous il y a des membres de cette commission, écrivez moi. Je serai enchantée de rencontrer des collègues en doux délires.
L’union faisant la force, nous pourrions continuer sur cette lancée pleine d’humour et proposer plein d’autres commissions : commission de la rectification, commission de la rectification de la rectification, commission du lancer de dattes, commission du barattage du beurre, commission du tournage de couscous, commission pour la sauvegarde du Kouzounouzou, commission d’évaluation de l’impact de trop de biskits sarakollés sur nos estomacs, commission de la drague règlementaire, commission du divorce, commission du yaye boy, etc…
« Commission pour la taille de la pierre tendre»…j’adore…
Salut

Mariem mint DERWICH

Source  :  Le Calame le 27/06/2012

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