C’est le premier ministre Ould Laghdaf qui conduirait la campagne de Ould Aziz pour les prochaines législatives et municipales dont la date n’a pas encore été révélée. Un choix qui met fin ainsi aux différentes consultations du président de l’Assemblée nationale et leader de l’APP Ould Boulkheir pour un gouvernement d’union nationale.
Le président mauritanien a choisi ainsi le changement dans la continuité pour achever tranquillement son quinquennat malgré l’impopularité de son chef de gouvernement et son incapacité à mettre en mouvement les principales réformes de l’Etat.A mi-mandat de son quinquennat le bilan de Ould Aziz est très mitigé. Les mauritaniens sont toujours dans la tourmente malgré quelques mesures pour lutter contre la hausse des prix des denrées alimentaires .L’opération EMEL 12 n’a pas donné les résultats escomptés faute d’explications et de sanctions aux fraudeurs. Le chômage des jeunes augmente alors que le pouvoir d’achat des travailleurs ne cesse de baisser en dépit de la croissance prévue pour cette année de 5 et demi pour cent. Cette réalité affecte en premier lieu les populations les plus démunies .Une situation qui ne fait pas bon ménage avec le régime de Ould Aziz qui entre dans sa troisième année de gouvernance. C’est dans ce contexte de précarité que le président « des pauvres » aurait choisi son chef de gouvernement pour diriger la campagne des législatives et municipales prochaines sur fond de climat social et politique tendu. Ce renouvellement de confiance à Ould Laghdaf met fin aux consultations récentes du président de l’assemblée nationale Ould Boulkheir pour un gouvernement d’union nationale. Cette initiative du leader de l’APP visait ainsi à calmer la tension politique née d’un manque de dialogue réel avec l’ensemble de l’opposition et la majorité. Et c’est sans surprise que Ould Aziz a pris les devants avec la mise en place d’une Commission nationale indépendante pour les élections dont les membres viennent d’être nommés. Composée essentiellement de personnalités âgées la CENI suscite des interrogations et des soupçons d’accointance avec le régime. On évoque même son incompétence dans la transparence des élections, pomme de discorde entre l’opposition et la majorité. Cette volonté du pouvoir à organiser des élections libres, transparentes et démocratiques s’est traduite également par l’accélération de l’enrôlement des populations pour avoir un fichier électorale fiable. Mais malheureusement le retard est considérable et beaucoup de citoyens risquent de ne pas se rendre aux urnes faute de carte d’identité. Au niveau du paysage politique mauritanien, l’UPR via l’ensemble de ses composantes est entrain de bouger à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Et ce sont les femmes qui ont dernièrement pris l’initiative à Nouakchott d’apporter leur soutien à Ould Aziz pour contrecarrer les manifestations de la COD qui réclamait le départ de leur président. Le MPR de Kane Hamidou Baba qui engrange de nouvelles adhésions au Nord même du pays est entrain de tracer sa route et espère profiter de ce vent en poupe pour avoir des représentants au prochain parlement. Quant à Ibrahima Sarr chef du parti AJD-MR et qui a gelé sa participation dans la coalition de la majorité est entrain de se refaire une santé en revenant à ses fondamentaux c’est-à-dire en mettant en avant toutes les questions nationales qui fâchent, la réconciliation nationale qui passe selon lui par l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993, le règlement du passif humanitaire, la place des langues nationales dans le système éducatif mauritanien. Côté opposition c’est le brouillard total. Des opposants autour de la COD comme le chef du RFD Ould Daddah, le chef du parti islamiste Tawassoul Ould Mansour et Ould Maouloud de l’UFP sont obsédés par le pouvoir. Ce noyau dur de l’opposition est la bête noire de Ould Aziz mais aujourd’hui avec l’absence de consensus qui a entraîné la dissidence du président de l’APP et du parti El Wiam de Ould Houmeid le terrain est propice à l’UPR qui pourrait gagner confortablement aux législatives prochaines. Ces deux dernières personnalités ont participé effectivement l’année dernière au dialogue avec la majorité. Pour entériner le divorce elles ont créé récemment une nouvelle structure d’alternance politique la CAP ( Convention pour l’alternance pacifique) avec le parti Sawab. Au de-là du prochain scrutin c’est la légalité du parlement actuel qui est pointé du doigt par l’opposition. Le report d’année en année des élections est plus que troublant et révèle au grand jour les manipulations d’un régime qui dit ce qu’il ne fait pas et fait ce qu’il ne dit pas. Une constante du régime de Ould Aziz qui fait de la Mauritanie un pays ingouvernable.
Bakala Kane
(reçu à Kasstaya le 29/06/2012)
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com