Le gouvernement d’union national de Boulkheïr : Une main tendue refusée par l’opposition

(Crédit photo : anonyme)

Après avoir mené une guerre larvée à ses anciens compagnons d’armes de l’opposition, le président de l’Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheïr cherche à fumer avec eux le calumet de la paix.

Porteur d’un projet de gouvernement d’union nationale, des doutes semblent subsister sur la nature réelle de sa démarche. Initiative personnelle ou en service commandé, comme le soupçonne ses adversaires ? Ce qui est sûr, l’opposition se dirige vers un niet catégorique à sa main tendue.

Des sources proches de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) soutiennent que le président de l’Assemblée nationale et non moins président du parti Alliance populaire progressiste (APP), Messaoud Ould Boulkheïr est en train de promener son bâton de pèlerin auprès des principaux leaders de l’opposition. Après son entrevue avec le Chef de file de l’opposition et président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) Ahmed Ould Daddah, il aurait rendu visite aux leaders de l’Union des forces du progrès (UFP), puis aux Islamistes de Tawassoul, dans la perspective de rendre la pareille aux autres chefs de partis politiques formant le camp adverse au pouvoir.

Le contenu de son discours, le même qu’il a distillé sur son parcours, a déjà été rapporté à tous ses interlocuteurs dès la première entrevue avec Ahmed Ould Daddah. Déjà, un sentiment de rejet semble transparaître dans les rangs de l’opposition, qui se dirigeraient selon les sources d’informations, vers un refus officiel qui pourrait être diffusé incessamment. La COD semble en effet réfractaire à ce gouvernement d’union nationale que le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz semble être prêt à lui vendre, peu convaincue de l’objectif brandi par Messaoud Ould Boulkheïr que ce gouvernement est destiné à sauver le pays.

La COD semble avoir justifié son refus par la position maximaliste qu’elle a déjà prise vis-à-vis du régime en place, depuis notamment sa décision ferme de claquer définitivement les portes du dialogue. D’autre part, les leaders de l’opposition ont perçu à travers cette démarche étrange, qui survient après plus d’un mois d’affrontements, un nouveau subterfuge du régime pour sauver sa peau, et permettre au président Mohamed Ould Abdel Aziz de revoir ses copies aussi bien dans le cadre de sa politique interne que de sa politique étrangère. Enfin, les chefs de la COD semblent avoir décelé, par delà ce nouveau plan de Mohamed Ould Abdel Aziz confié à Messaoud Ould Boulkheïr, une manière d’obtenir un cessez-le-feu avec ses adversaires politiques, dans l’intention d’apaiser le front intérieur, pour pouvoir mener tranquillement sa guerre imminente dans l’Azawad. Les récents contacts entre Mohamed Ould Abel Aziz et François Hollande, ainsi que le ballet diplomatique et militaire qui agitent la région, augurent en effet d’une guerre qui promet d’être longue et sanglante dans le Nord Mali. Ce qui incitent probablement les partenaires de la Mauritanie, à commencer par la France, à souffler au président Aziz la démarche tendant à procéder à un colmatage politique au niveau interne, genre gouvernement d’union national, pour pouvoir se préparer sans souci à r sa contribution au scénario militaire prévu dans le Sahel. Une telle guerre est d’ailleurs perçue par l’opposition, comme une énième guerre par procuration que la Mauritanie sous le régime de Aziz compte de nouveau mener conformément à l’agenda français. D’où son refus catégorique de participer à ce jeu.

Certes, l’opposition considère que l’idée d’un gouvernement d’union ou de salut national, est une idée pertinente qui se pose, mais seulement en tant qu’instrument nécessaire à la transition démocratique à initier après le départ définitif de Mohamed Ould Abdel Aziz du pouvoir. La balle serait désormais dans le camp de la majorité, que l’opposition invite à solder le cas du président Aziz pour permettre à la Mauritanie de se libérer des carcans d’une crise qui prend en otage son développement politique, économique et social, loin de toute esprit d’exclusion ou de vengeance.

Pour le moment, l’idée est loin d’être celle portée par Messaoud Ould Boulkheïr qui prône l’instauration d’un gouvernement où toutes les parties seront prenantes. L’objectif est de donner à ce gouvernement les pleins pouvoirs pour organiser et superviser les prochaines élections législatives et municipales et régler définitivement la crise politique et institutionnelle qui sévit dans le pays.

C’est la substance des propos qu’il aurait tenu avec Ahmed Ould Daddah, précisant que ce gouvernement sera composé à égalité par la majorité, l’opposition dans ses différentes composantes et la société civile. Pas une seule fois cependant, Ould Boulkheïr n’a révélé si sa démarche a été bénie ou non par le président Mohamed Ould Abdel Aziz et sa majorité.

JOB

Source  :  L’Authentique le 17/06/2012

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