Parlement Mauritanien : Qu’est-ce qui s’oppose à l’usage du Poular à l’assemblée et au Sénat ?

(Crédit photo : anonyme)

A l’assemblée nationale Mauritanienne, les deux langues parlées par députés et ministres de passage sont, exclusivement, l’arabe et le français.

Pour les parlementaires et membres du gouvernement qui ne comprennent pas l’une de ces deux langues, il est fait recours aux traducteurs permanents.

Au cours d’une récente plénière, Sy Samba, député UFP de Boghé, a dérogé a cette règle non écrite. Il a entamé une intervention en poular aussitôt interrompue par le vice président de l’assemblé, El Arby Ould Jdein qui présidait la séance. L’usage a l’assemblée nationale et au sénat mauritanien, c’est l’arabe et le français. Y a-t-il une loi qui s’oppose au wolof, soninké et poular au parlement ?
Les derniers Amendements constitutionnels adoptés en congrès par le Sénat et l’Assemblée nationale  » consacrent la diversité culturelle de la société mauritanienne, font de l’arabe la langue officielle, du poular, du soninké et du wolof un héritage commun de tous les Mauritaniens que l’État doit sauvegarder et développer ».
La seule langue officielle, a la lumière des dispositions constitutionnelles en Mauritanie, c’est l’arabe. Le soninké, le Wolof et lePoular sont des langues nationales mais non officielles. Le vice président a-t-il interrompu le député parce qu’il ne comprend pas poular ? Où, est-ce sur la base de ces dispositions qu’il lui à couper la parole? Si oui, il faut-il alors interdire l’usage du français au parlement ?
Le parti Sawab pense que oui. En réaction a l’incident entre le député Sy et El Arbi Ould Jddein, Sawab , cité par le Calame a fait la déclaration suivante :
 » L’interdiction faite au député UFP de parler Pular est un événement national ayant une grande signification et allant sur la voie de la souveraineté linguistique au sein de la plus importante institution législative du pays « .
La  » souveraineté linguistique  » pour Sawab, c’est l’usage exclusif des langues nationales (arabe, soninké, poular et Wolof) au parlement et entre mauritaniens.

Et le francais…
La Mauritanie est un pays francophone au sein duquel, l’enseignement est a environ 50% dispensé en Français, avec aussi une élite en partie francophone ou bilingue, avec une administration bilingue (Arabe, Français). La position  » extrême  » de Sawab par rapport à la langue du  » colonisateur  » n’a pas beaucoup d’adeptes en Mauritanie.
D’autres formations politiques comme l’AJDMR, sans contester la place du Français, militent pour une  » officialisation du Soninké, Poular et Wolof au même titre que l’arabe.  » Le deputé Sy Samba n’a pas attendu la satisfaction de cette doléance. Aura-t-ils des émules ? A la procaïne séance à l’assemblée nationale, entendrons-nous des députés lancer à leurs collègues et au peuple, Mbokyi ou Maremou ? Il faudra alors augmenter le nombre de traducteurs. Pour la  » sauvegarde et le développement d’un héritage commun tous les mauritaniens  » le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?

Khalilou Diagana

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 06/06/2012

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