Les Arabes du Mali débattent du statut de l’Azaouad

(Les habitants de l'Azaouad se rassemblent dans la ville de N'Beiket Lahouach, dans le sud-est de la Mauritanie, pour décider de l'avenir de leur région. Crédit photo : anonyme)

Les tribus arabes du nord du Mali ont affirmé qu’elles pourraient prendre les armes pour chasser les terroristes étrangers de leur patrie.

Le premier rassemblement des tribus arabes de la région du Grand Azaouad s’est achevé mardi 5 juin dans la ville de N’Beiket Lahouach, dans le sud-est de la Mauritanie.

L’objectif de ce rassemblement de trois jours était de parvenir à une position unifiée au sein de la communauté arabe du nord du Mali sur l’expulsion d’al-Qaida de la région, ainsi que de savoir s’il convenait d’appporter son soutien à l’Etat islamique déclaré unilatéralement par le Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA) en liaison avec Ansar al-Din.

Des centaines de sheiks tribaux, de responsables militaires et d’intellectuels venus d’Algérie, du Niger, du Burkina Faso, d’Arabie saoudite, du Mali et de Mauritanie, représentant quelque cent vingt tribus arabes de l’Azaouad participaient à cette rencontre.

Un groupe de participants, comportant notamment le Front national pour la libération de l’Azaouad (FNLA), principal organisateur de cette conférence, s’est déclaré favorable à cet Etat dissident, tandis qu’un groupe de jeunes venus de Bamako a indiqué qu’il préférait rester dans le cadre du Mali.

« La plupart des Arabes de la région de l’Azaouad qui ont rejoint le FNLA ont adopté la demande d’indépendance de l’Etat de l’Azaouad », a expliqué à Magharebia Mohamed Mouloud Ould Ramzan, porte-parole du FNLA et de cette conférence. « Nous chercherons à obtenir la reconnaissance et le soutien de la communauté internationale, et nous avons déjà mis en place un bureau politique sous la direction d’Ahmed Ould Sidi Mohamed. »

« Ce bureau commencera à réunir le soutien de tous les habitants de l’Azaouad, qu’ils soient arabes, touaregs ou songhais », a-t-il ajouté. « Quant à la formation d’une force militaire pour lutter contre al-Qaida et la chasser de Tombouctou, cette question sera réglée dans les prochains jours. »

Cette conférence des Arabes de l’Azaouad était organisée sous des tentes, à trente kilomètres seulement de la frontière malienne, où al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et ses groupes armés alliés sont actifs.

Elle a été entourée de strictes mesures de sécurité, les autorités mauritaniennes ayant bouclé la région et procédé à des contrôles d’identité systématiques de tous les participants, selon Sayed Ahmed Ould Abdul Qadir, journaliste et militant arabe de l’Azaouad.

« Notre but est de parvenir à une position qui exprime nos points de vue, parce que nous sommes devenus les victimes d’un conflit entre deux ennemis mortels, l’Etat malien d’une part, et les Touaregs et les groupes terroristes, d’autre part », a expliqué Ould Ramzan, le porte-parole de cette conférence.

« Par ailleurs, ce conflit se déroule sur notre propre terre, à Tombouctou et dans ses faubourgs. Les groupes terroristes sont même devenus le principal porte-parole de notre quotidien », a-t-il ajouté.

« Nous rejetons la décision unilatérale d’indépendance qui a été déclarée par les groupes touaregs », a-t-il poursuivi. « Mais nous sommes également conscients que l’Etat malien n’existe plus dans la région. Nous voulons donc parvenir à un compromis qui assure une autonomie nous garantissant l’indépendance dans la gestion de notre terre. »

Il a conclu en parlant de la position de son groupe sur al-Qaida et Ansar al-Din, qui recrutent certains membres des tribus arabes de l’Azaouad.

« Nous avons commencé à mettre en place un force militaire, et nous nous apprêtons à la renforcer. L’objectif est de chasser ces groupes terroristes qui sont venus sur notre terre depuis l’étranger, de récupérer notre ville, Tombouctou, et de la contrôler pacifiquement ou par la force », a indiqué le porte-parole du FNLA.

Il a ajouté que cela « se fera uniquement en armant nos jeuness et en leur fournissant les moyens logistiques nécessaires ».

« Quant à nos fils qui embrassent l’idéologie d’al-Qaida et d’Ansar al-Din, ils ne représentent qu’un pour cent, et nous ne les considérons pas comme étant des Arabes de l’Azaouad », a conclu Ould Ramzan.

Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 06/06/2012

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