Chronique d’Ould Beheite: Les hommes qui ont permis à Aziz de casser le mythe de l’aide internationale

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{jcomments on}Quand en 2008 le président Aziz, faisant face aux menaces de représailles de la communauté internationale, avait martelé qu’il pouvait se passer de l’aide de cette dernière et qu’il allait amorcer une ère de développement économique avec les seuls moyens de l’Etat mauritanien,

les rires sous cape qu’il avait provoqués n’avaient d’égale que la méconnaissance qu’on lui prêtait de l’économie, des finances et des règles du partenariat hégémonique de l’occident.
Les économistes, les analystes et les consultants des études du copier coller, qui gravitaient autour de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ne nourrissaient pas le moindre doute sur la catastrophe consécutive à l’approche de l’auteur du coup d’Etat du 6 Août. Chacun y allait donc de sa petite réflexion pour expliquer à une opinion publique dans l’expectative, l’absurdité des déclarations d’Aziz et les conditions dans lesquelles son ignorance de la dépendance du pays allait crever son propre seuil de tolérance avant de se transformer en un climat de tensions qui ne s’apaisera qu’avec la chute de sa dictature rampante.
C’était sans compter avec le sens de discernement du Général et son aptitude insoupçonnée à choisir les hommes efficaces qui allaient par la suite démontrer, non seulement la justesse de son interprétation de l’autosuffisance, mais aussi et surtout lui permettre de la mettre en œuvre, démontrant par la même occasion la nullité d’un concept qui polarise le monde depuis plus de soixante ans en raison des vertus très controversées du plan Marshall.
Le premier défi posé à Aziz en 2008 consistait à satisfaire la nécessité pressante et hautement stratégique de fournir le pays en électricité. L’on se rappelle en effet qu’à Nouakchott, les délestages et les coupures intempestives privaient des quartiers entiers d’électricité sur des périodes pouvant aller jusqu’à deux ou trois jours au moment où le cumul des mauvaises gestions rendaient techniquement délicat le redressement de l’entreprise.
L’actuel Directeur Général de la Somelec, l’ingénieur Mohamed Salem Ould Bechir, choisi pour remédier à la situation, n’a pas tardé à donner des résultats encourageants avant de résoudre la problématique énergétique et réaliser la performance de concrétiser les engagements électoraux du président Aziz en la matière en plus des besoins immenses en électricité survenus suite à la viabilisation des quartiers précaires de Nouakchott.
Avec la mise en place du PERN -Programme d’Extension du Réseau de Nouakchott- la Somelec a, pour la première fois de son histoire, réalisé un excédant de 8 MW comme en a témoigné le président de la république lui-même lors du discours de la confrontation de Nouadhibou.
Le deuxième défi était lié à l’aspect assainissement des tâches dévolues à la Délégation à la Surveillance des Pêches et au Contrôle en Mer « DSPCM ». Le choix du Colonel Ahmed Ould Amein n’avait à cet effet rien de fortuit et démontrait que le président Aziz connaissait parfaitement le potentiel en ressources humaines dont il disposait tout comme il connaissait les qualités de cet officier aviateur pour lequel la surveillance, le contrôle et la lutte contre l’immigration clandestine et les trafics de tous genre n’avaient aucun secret.
Depuis Octobre 2010, le Colonel Amein dirige la DSPCM comme s’il s’agissait d’un aéronef, c’est-à-dire avec précision, rigueur, vigilance et une parfaite maitrise des paramètres de navigation. L’arrivée du Colonel Amein à la tête de la DSPCM a permis à celle-ci de renouer avec l’éthique et la déontologie de sa mission. Fini la guerre de tranchées opposant les armateurs à des Délégués qui laissaient croire que la quête de la richesse au détriment de la flotte nationale, par laquelle certains d’entre eux se sont distingués, est un combat mené en faveur de la lutte contre la gabegie. Une bien cynique manière de dévier les nobles idéaux du président Aziz et de faire un pied de nez hautement symbolique à sa croisade contre les prévaricateurs.
Fini aussi la terreur dirigée, dans sa dimension psychologique et coercitivement persuasive, contre le petit personnel de la DSPCM qui, au gré des humeurs du Délégué, n’avait le choix qu’entre oublier sa dignité et sa fierté ou aller grossir les rangs des chômeurs et des déshérités. Fini les montages et les sacrifices sur l’autel du profit, de ces petits contrôleurs donnés en offrandes à la divinité protectrice des manipulateurs et des faux justiciers. Fini le social à connotation politique et à objectif électoraliste. Fini également la réputation de superman entretenue à l’effet d’influencer le président et de tenir en respect les rivalités qui postulent à l’admission au cercle très sélectif de sa proximité.
Le Colonel Amein ne nourrit aucune ambition de superman, il se suffit d’être un officier qui a su concilier son devoir avec l’intérêt de la Mauritanie et avec la confiance placée en lui par le président de la république. Les dernières négociations des accords de pêche avec l’Union Européenne ont, par ailleurs, dévoilé une face jusqu’à là inconnue de cet officier ; la souplesse dans les négociations sans la moindre concession sur ce qu’il estime être la juste contrepartie de l’exploitation de nos eaux territoriales.
Le troisième défi était lui lié à l’assainissement des Directions responsables des principales recettes de l’Etat, à savoir la Direction Générale des Douanes et celle des Impôts en plus de la trésorerie régionale de Nouadhibou sur qui repose la gestion de la manne fiscale stratégique de la Snim, de la pêche et des exploitations de Tasiast. Le choix du Général Dah Ould El Mamy pour diriger la première, celui de Moctar Ould……..à la tête de la deuxième et de l’économiste Mohamed Ould Sid’Ahmed pour la troisième, relevait d’une alchimie où la clarté de la démarche ne laissait que très peu de place au hasard et à l’atermoiement.
Si les trois hommes, que rien ne lie sauf peut-être la compétence et une certaine idée des finances publiques, offrent chacun d’eux un profil de réponse à un besoin spécifique, ils ont aussi un dénominateur commun qui est celui de donner d’eux-mêmes une image du parfait fonctionnaire : sobre à la limite de l’austérité, sérieux et peu enclin à la compromission.
En moins de deux ans ce trio, évoluant chacun dans l’une des orbites du tentaculaire Ministère des Finances, a placé le trésor public au niveau des attentes et des ambitions du président de la république offrant à ce dernier l’occasion inespérée de transformer la vision, très dévalorisante, qu’il avait de l’aide internationale dans sa dimension caritative, en un nouveau concept d’affirmation de l’indépendance économique et de la souveraineté dans le partenariat.
Ce schéma posait cependant un défi majeur lié à la conception d’un plan global de relance économique qui prévoit, pour sa mise en œuvre, des stratégies sectorielles orientées essentiellement vers la bonne gouvernance et vers la substitution des ressources nationales aux fruits de la coopération dans leur contenu dépréciatif et démobilisant de l’assistance.
Pour relever ce défi, la création de la Caisse de Dépôts et de Développement -CDD- et la nomination à sa tête d’Ahmed Ould Moulaye Ahmed démontre une fois encore que Aziz sait très bien ce qu’il veut et qu’il connait les voies les plus sûres d’y parvenir sans mettre en péril la dynamique insufflée aux structures administratives de l’Etat en vue de les adapter à son approche gouvernementale à la fois atypique et originale.
L’idée de la CDD est d’autant plus géniale qu’elle centralise la réalisation de toutes les promesses électorales du président Aziz au niveau d’une seule entité même si, quelque part et au grand dam de ses détracteurs, elle consacre la réputation d’idéologue économique du régime dont on affuble à tort ou à raison Ahmed Ould Moulaye Ahmed.
Cette institution qui, avec brio, pilote désormais l’opération de développement économique et social du pays, sort de l’ordinaire et permet au président de dresser une échelle de ses priorités avec la certitude de pouvoir y faire face souverainement loin des turpitudes des donateurs occidentaux, de la BCM de Ould Raïss, du MAED de Ould Tah et du Ministère des Finances où le respectable Thiam Diombar croule sous le poids des héritages de Ould Raïss et de Abdoullah Ould Souleimane réunis.

M.S.Beheite

Source  :  Le Calame le 06/06/2012

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