Mauritanie : Ould Aziz face aux défis de l’irrédentisme touareg

(Crédit photo : Bakala Kane)

Le congrés des arabes de l’AZAWAD qui se tient actuellement à N Beikeit Lahwah à l’Est de la Mauritanie relance de nouveau la polémique à propos du soutien du président mauritanien aux indépendantistes touaregs du MNLA.

La déclaration officielle cette semaine des autorités de Nouakchott d’aider le Mali à sortir de la crise actuelle qu’il traverse avec l’occupation du Nord du pays par les rebelles du MNLA et les groupes islamistes Ansar Dine et l’AQMI à Gao et à Tombouctou relève d’une pirouette politique pour détourner l’opinion internationale des véritables desseins de Ould Aziz.

En effet depuis le régime de Ould Taya la Mauritanie cherchait un alibi pour faire revivre la rébellion touareg à Bassikounou naguère base arrière du Front Populaire de Libération de l’AZAWAD (FLA).Plusieurs tentatives ont été menées dans ce sens par l’ancien patron de l’espionnage mauritanien le Général Ould El Hadi citées plusieurs fois dans des réseaux d’infiltration et de soutien logistique de la guérilla dans les années 90. Plus de deux décennies après, l’occasion est offerte à Ould Aziz pour parachever ce dessein cette fois-ci grâce à un concours de circonstance le putsch militaire du Capitaine Sanogo en mars dernier qui a permis au MNLA de passer à l’offensive en déclarant l’autonomie de l’AZAWAD. Les récentes manoeuvres militaires de Nouakchott dans cette zone particulièrement sensible se justifient par le fait que Bassikounou est depuis longtemps le théâtre d’intenses activités de narcotrafiquants et constitue le passage obligé de marchandises de la Mauritanie et duMali d’une part et d’autre part par le souci de surveiller les mouvements notamment de l’AQMI qui partage avec le groupe Ansar Dine Gao et Tombouctou,les deux villes historiques du Mali . .Avec ce redéploiement de l’armée mauritanienne les observateurs craignent un retour à la case de départ faute de solution à l’amiable entre le MNLA et Bamako. Ould Aziz a saisi la balle au bond pour réactiver tous ses réseaux en faisant d’abord de sa capitale un refuge des cerveaux de l’AZAWAD. Le congrès depuis quelques jours des Azawadi sur le sol mauritanien est une sorte de blanc-seing donné aux rebelles pour préparer la seconde étape de l’indépendance du mouvement. Les congressistes réunis actuellement à NBeikeit Lahwah à l’Est de la Mauritanie entendent parer au plus pressé pour annihiler toute intervention étrangère et renforcer leur unité. Ce conclave qui va entériner certainement la création d’un Etat ou la fédération avec le Mali ou des directives militaires conduit à se poser des questions sur les véritables mobiles du nouveau locataire du palais de Nouakchott à gérer autant de conflits dans le désert du Sahara. Dans la perspective d’une partition du Mali en faveur des Azawani Ould Aziz pourrait disposer d’un allié arabe et poursuivre ainsi sa politique de « dénégrification » du pays. Les militaires maliens ont ouvert cette brèche avec le coup de force du Capitaine Sanogo .Le retour à la constitution depuis un mois ne change pas beaucoup à cette nouvelle donne à moins que l’ONU s’en mêle en vue de la création d’une force africaine pour bouter les envahisseurs hors du territoire malien. Aux yeux de Nouakchott qui abrite, protège et conseille le MNLA, il n’est pas question que les deux forces d’occupation du Nord du Mali fusionnent pour ne pas amoindrir les chances d’une solution négociée avec Bamako. Il s’agira de gagner du temps pour fournir aux touaregs une solide base arrière pour contenir les attaques à venir. Alger pourrait être d’un grand secours pour unifier le mouvement touareg dans le Sahara. Ould Aziz tient à jouer sa partition dans ce puzzle complexe touareg et en même temps faire face à deux fronts intérieurs, la fronde des militants anti esclavagistes dont le leader Ould Abeid est emprisonné sans jugement pour avoir brûlé des écrits de rite malékite et le mécontentement de l’opposition mauritanienne sous la houlette de la COD qui veut son départ. Il s’agira pour le protecteur des touaregs de balayer d’abord devant sa propre porte et de méditer sur ce dicton « la conduite des autres doit servir de leçons pour corriger sa propre conduite ».

Bakala Kane

(Contribution reçue à Kassataya le 05/06/2012)

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