Transports terrestres : L’Autorité de Régulation sur la sellette

(Crédit photo : anonyme)

Financée à coups de millions d’Euros, par l’Etat mauritanien avec l’aide de l’Union Européenne et de la Banque Mondiale, la libéralisation du secteur des transports terrestres en Mauritanie a encore du mal à se traduire dans les faits.

La réforme semblait d’ailleurs mal accueillie par la majorité écrasante des petits transporteurs, qui considèrent que l’institution de la concurrence sauvage et l’absence du système de rang les avait beaucoup lésés. A cela s’ajoute aujourd’hui, l’avidité grandissante d’une Autorité de Régulation qui s’est transformée en un organe d’organisation en un gouffre financier sans fond.

Financée à coups de millions d’Euros, par l’Etat mauritanien avec l’aide de l’Union Européenne et de la Banque Mondiale, la libéralisation du secteur des transports terrestres en Mauritanie a encore du mal à se traduire dans les faits Interrogé à propos, , Ahmedou Ould Limame, président des transporteurs, a bien voulu revenir sur quelques aspects liés aux problèmes du secteur. Il a déclaré que le maillon le plus important de ce secteur est constitué par ce qu’il a appelé les « transporteurs traditionnels « , les plus démunis, car constitués de petites initiatives individuelles, qui ont intégré le milieu à partir des années 80 pour régler le récurrent problème qui s’était posé à l’époque.

Le parc était alors constitué, selon lui, de quelques bus importés, déjà amortis en Europe, soulignant que cette filière des voitures d’arrivage avait d’ailleurs beaucoup contribué à résoudre le problème du transport et permis à beaucoup de petites bourses de se faire un métier dans le secteur. En 1990, poursuit Ahmedou Limame, « on assista à l’arrivée des hommes d’affaires dans le secteur, comme Sejad Ould Abeidna « . C’est le début d’une certaine forme d’organisation au sein de syndicats plus ou moins structurés. Le type d’organisation institué à l’époque sur le principe du rang, dira-t-il, avait beaucoup convenu aux acteurs. Certes, reconnaît-il en substance, les populations étaient les plus lésées, car ils n’avaient pas le libre choix de leur transporteur.

Ahmedou Ould Limam considère que la libéralisation du secteur des transports en 2005 avait beaucoup nui aux petits transporteurs. Pour lui, l’élimination du système du rang fut dramatique pour la majorité des acteurs, dont les véhicules, vieillots et déglingués, ne pouvaient supporter la concurrence. Du coup, ils ont perdu espoir, jugeant que les partenaires qui avaient encouragé la libéralisation du secteur des transports terrestres en Mauritanie n’avaient pas pris la mesure des réalités socioéconomiques du pays. Ould Limame trouve par ailleurs que cette orientation politique dans le domaine des transports aurait été un moindre mal si l’Etat avait respecté sa part d’engagement, en aidant les transporteurs à renouveler leur parc vieillissant, même sous forme de prêts. Il trouve également que l’Etat avait failli à d’autres engagements, dont celui lié à l’institution de gares routières et celui relatif à l’organisation du secteur des transports en Mauritanie.

Puis, l’évolution aidant, d’autres investisseurs dotés de moyens plus importants ont intégré selon lui le secteur avec des bus modernes. Puis, ce fut la Journée de réflexion sur le transport dont peu parmi ses recommandations, selon lui, ont été honorées.

Dans la foulée, de nouvelles taxes furent instituées ainsi qu’une loi organisant l’Autorité de Régulation. Celle-ci mit en place à son tour, avec le concours du ministère des Transports et le ministère des Finances, des taxes qui ont été multipliés souvent par dix, par rapport aux taux qui étaient appliqués avant 2005. « On est ainsi passé de 6.000 UM à 10.000, voire 20.000 UM «  note Ahmedou Ould Limame.

Il rappelle que l’Autorité a été pourtant instituée au départ uniquement pour organiser le secteur et régler ses problèmes, dénonçant même l’organigramme de cette structure dont l’essentiel de son Bureau exécutif est composé de fonctionnaires de l’Etat avec peu de représentants de transporteurs, le tout sous la férule d’un super président doté de larges prérogatives.

La première chose que le Bureau exécutif de l’Autorité de régulation fit est, selon Ahmedou Ould Limame, l’institution d’un budget et la fixation de taxes, qui vont de 1.000 à 60.000 UM. Par une loi conjointe, le ministère du Transport et celui des Finances lui ont approuvé la fixation des taxes.

Parmi les priorités de l’Autorité de régulation figure la création de gares routières sur l’ensemble du territoire national. Un engagement non encore réalisé, souligne Ahmedou Ould Limame qui déclare que malgré cela, l’organe de régulation avait commencé à percevoir les taxes, avant que la crise née de la grogne des transporteurs ne vient les stopper. « Ils ont suspendu depuis lors la collecte des taxes, mais ils vont la reprendre dans ces jours-ci «  déplore Ould Limame.

En définitive, les transporteurs souhaitent, selon Ahmedou Ould Limame, que l’Etat les protège davantage car la corporation est composée selon lui d’individus aux capacités financières très faibles. Ils demandent également à ce que les partenaires au développement sachent que la libéralisation du secteur ne peut se réaliser sans l’institution du système du rang.

Cheikh Aïdara

Source  :  L’Authentique le 03/06/2012

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