Gouvernement d’union nationale : Mode d’emploi?

(Archives. Crédit photo : anonyme)

Face à l’échec de dialogue élargi à la COD –qui n’accepterait pas moins d’un départ du président Aziz- l’autre camp politique semble affûter ses armes en vue d’une nouvelle configuration où les partis de la Majorité et de la CAP, pourrait bien siéger, côte-à-côte, dans le futur gouvernement.

Mais est-ce que cela signifie-t-il pour autant la fin du calvaire imposé au pays par tous les acteurs ?

La révélation de la mise en place imminente d’un gouvernement d’union nationale pour parer à la crise politique qui prévaut à la faveur des mouvements de contestation soutenus par la COD suscite déjà des débats intéressés. Ce précédent politique est perçu comme une réponse aux cris « IRHAL» d’une Opposition de plus en plus téméraire face à un Pouvoir qui, malgré le « containment » de l’onde de choc du « Printemps arabe » a tout de même quelques sérieux soucis de noyer la contestation. Et pour donc éviter la formation d’une boule de neige qui risquerait de saper, sur son passage, tout édifice, les politologues du régime ont trouvé que la meilleure parade consisterait à forcer une solidarité gouvernementale entre les principaux pôles soutenant ou accompagnant l’action du président. Il s’agit notamment des partis de la Majorité et de ceux de la CAP, même si tout le monde ne se place pas aux mêmes loges. Acculé par le peu d’efficacité de son gouvernement, dans un environnement naturelle marqué par la crise alimentaire, doublée d’une menace territoriale, avec l’installation de la nébuleuse terroriste, aux frontières est du pays, et la vague de réfugiés touaregs, le régime se doute, peut être, que sa position n’est pas des plus confortables aujourd’hui. Alors il cherche l’apaisement à l’intérieur.

Garder la CAP
La situation politique se corse, de jour en jour, avec son lot de manifestations réprimées par les forces de l’ordre. Si Nouakchott était jusqu’ici le théâtre des controverses politiciennes, les divergences politiques se propagent aujourd’hui aux autres régions. A l’irrédentisme de la COD répond l’indifférence d’une Majorité à cours d’idées. C’est probablement la période la plus trouble du mandat du président Mohamed Ould Abdelaziz. Le Printemps arabe devenu un été mauritanien ne semble pas estomper la contestation politique. Le climat est devenu, au fil des mois, délétère entre une Majorité visiblement sclérosée et une COD de plus en plus téméraire dans ces appels à décapiter le Pouvoir. La COD est donc aux avant-postes de cette réclame. Hier à Nouakchott, la même vindicte politique est aujourd’hui le slogan arboré dans des tournées organisées, le week-end dernier, dans le Brakna et le Tagant. Aux cris «IRHAL», la COD ne semble pas entendre l’appel au dialogue. Un dialogue de sourds et un mur de provocations s’érigent entre les deux parties, malgré la tentative de la CAP, de chercher à jeter de nouveaux ponts entre les principaux protagonistes. Dans ce bras de fer, les francs-tireurs embusqués, font feu de tout bois.
Mais il faut reconnaitre, en dépit de la poussée de la COD, que la mise en place récente de la Convention pour l’alternance démocratique (CAP), composée de l’Alliance populaire progressiste (APP), du parti du Wiam (concorde) et de Sawab, qui tous les trois appartenaient à la COD, trahit une certaine scission apparente sur le mode opératoire au sein de la COD. Cette convention, présidée aujourd’hui par Boidiel Ould Houmeid, est total discordance avec le discours porté en étendard aujourd’hui par la COD. La CAP se fraye entre les deux pôles diamétralement opposés (Majorité et Cod), une position médiane même si depuis sa mise en place elle a essuyé une salve de la part des principaux acteurs de la COD (RFD, UFP et Islamistes).

La COD à la croisée des chemins !
Echec de la Majorité ou victoire de la Cod ? La situation est telle cependant que la COD ne semble pas se douter de la corde que Majorité et CAP lui noue, imperceptiblement, mais sûrement au cou. L’initiative pour un nouveau dialogue –un revirement notable dans la position du Pouvoir en place- loin d’être saisie par la COD comme une première victoire contre son exclusion a tout de suite été rejeté par les premiers ténors de la COD, qui ne veulent que la tête du président Aziz. En effet, et en dépit de son tintamarre assourdissant, la COD, sous l’impulsion du principal acteur, Ahmed Ould Daddah, et président de l’Opposition démocratique, risque, une fois de plus, de rater un nouveau virage avant de s’émietter en «pour » et « contre » cette proposition, avec à la clef une participation au futur gouvernement d’union nationale de « partillons » issus de ce regroupement. Si l’attelage « un pour tous et tous pour un » a jusqu’ici bien tenu face au défi d’ébranler le régime en place, la dislocation suggestive de la part du régime pourrait, à termes, imploser la remarquable cohésion prévalant jusqu’ici entre les différents partis composant la COD. Mais comme dans la majorité et même la CAP, les différents partis constituant la COD n’ont parfois aucune commune mesure entre eux. Certains de ses partis, rassemblant seulement quelques dizaines de personnes, pourraient bien être tentés faire défection. Il est fort à parier que les partis résistant à cette tentation ne pourraient excéder deux à trois formations résolument farouches à la continuité du président Aziz –du moins dans la stabilité- sur son maroquin présidentiel. Ces partis quoique souvent en déphasage avec une majorité de l’opinion publique ne s’en tiennent qu’à leurs têtes dans le bras de fer personnalisé avec le président Aziz. Ce dernier –et cela va de soi- ne ménagera certainement pas ses possibilités de compromettre l’entente si cordiale aujourd’hui entre ses principaux rivaux. La mise en place d’un gouvernement national pourrait être l’occasion rêvée par Aziz pour une dislocation totale de ses adversaires. Il pourrait, en tout cas, faire d’une pierre plusieurs coups. Le premier est non des moindres est celui de se défaire d’un gouvernement laxiste et anachronique, qu’il pourrait ouvrir aux autres formations de la Majorité, de ses partenaires de la CAP et bien sûr aux partis peshmergas de la COD.

 

JD

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 28/05/2012

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