Le pluralisme politique est-il respecté en Mauritanie ?

(Archives. Crédit photo : anonyme)

Tenue en liesse par les militaires depuis le coup d’Etat de 1978 (exception faite de la courte parenthèse Sidi Ould Cheikh Abdellahi, 2007-2008), la Mauritanie expérimente depuis 1992 une démocratie kaki, faite de soubresauts et autres retournements de situations amenant nos politiciens à jouer un éternel rodéo politique duquel ils sortent presque toujours perdants.

De cet imbroglio, une voix prime sur les autres, celle du pouvoir, qui les moyens de l’Etat aidant, arrive le plus souvent à éclipser sinon escamoter le discours de la partie opposée.
C’est alors un euphémisme que dire le pluralisme politique est respecté en Mauritanie. Les textes dont la constitution le reconnaissent pourtant mais comme souvent dans le pays, c’est la pratique qui pose problème. Le cas le plus frappant est celui des média publics qui en dépit des prétendues avancées démocratiques restent toujours inféodés au pouvoir. La télévision, la radio et l’AMI sont encore des instruments de l’Etat qui les utilise pour faire passer ses messages et autres opinions. L’opposition y est toujours exclue. Pourtant le Président Aziz avait donné l’impression de vouloir changer cette donne à un moment mais aujourd’hui ces média sont plus que jamais contrôlés par le pouvoir qui veut ainsi taire la voix de l’opposition en pleine campagne contre le Président. La HAPA qui devrait réguler ces média semble aux abonnés absents et laisse faire cette sérieuse entorse au pluralisme politique. L’affaire Birane ould Abeid et l’assourdissante campagne médiatique qui s’en est suivie montrent encore une fois que seule la volonté des autorités est prise en compte dans les média publics. Les voix dissonantes sont royalement ignorées ou même dans certains cas considérés comme un danger.
Ce comportement rappelle étrangement celui du pouvoir de Ould Taya où également un seul discours avait droit au chapitre dans les média publics, celui du pouvoir, les autres étant des ennemis de la nation, voire des traîtres. En fait ce rapprochement est-il réellement étrange si l’on sait que Ould Taya et Ould Abdel Aziz ont en commun d’appartenir au même corps. Et il est clair que le militaire est formé et éduqué pour obéir ou être obéi, la démocratie est pour eux alors une aberration. Cela se retrouve aujourd’hui dans l’exercice du pouvoir du Président Aziz qui en dépit de ses déclarations refuse à ses adversaires le droit de se faire entendre.
Et malheureusement ce ne sont pas les média audiovisuels privés à venir qui risquent d’inverser la tendance. Les quelques télévisions et radios triées sur le volet ont été choisies pour des raisons bien plus politiques qu’objectives. Sinon comment expliquer que la radio du groupe sahara média soit éliminée alors qu’elle possédait l’un des dossiers les mieux ficelés.
En fait seule la presse écrite privée donne un écho au pluralisme politique en donnant la voix autant que se faire à l’opposition ou la société civile. Encore que cette dernière noyautée par des dizaines de titres fantômes et une centaine de sites électroniques d’information est bien souvent décrédibilisée.
En tout état de cause tant qu’une seule tonalité sera admise au sein de nos média publics, la démocratie mauritanienne fera du surplace et pis cela peut développer des formes d’extrémisme dont on pourrait se passer.

Seydi

Source  :  Le Rénovateur le 24/05/2012

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