AFCF : communiqué sur les propos tenus par Isselmou ould Sidi El Moustaphe

(Crédit photo : anonyme)

Une nouvelle fois, l’honorable jurisconsulte Isselmou Ould Sid El Moustaphe surprend l’opinion publique par une étrange fatwa, visant cette fois la privation de la femme de son droit à exercer les fonctions de chef d’Etat.

L’étrangeté ne réside pas seulement dans le fait que Monsieur le jurisconsulte et conseiller à la Primature et pour lequel nous avons beaucoup de respect a fait une sortie sur les ondes de la radio pour confisquer le droit de la femme à se faire élire à la Présidence de la République, mais plutôt dans sa reconnaissance de son droit à être candidate à la Présidence, tout en donnant une fatwa l’empêchant de continuer sa candidature « s’il y a forte probabilité qu’elle remporte les élections. »

Par cette fatwa, le jurisconsulte dit en d’autres termes que tant qu’il s’agit d’un « jeu », on peut permettre à la femme d’y participer – peut- être pour embellir les listes électorales ou les bulletins de vote- mais quand il devient clair qu’on passe aux choses sérieuses et que la femme devient capable de gagner la bataille électorale, on doit « l’empêcher de continuer sa candidature » ! Ici apparaît clairement le souverain mépris de ce jurisconsulte et conseiller à la Primature pour la volonté populaire et les lois en vigueur dans la République !

Par cette fatwa, le conseiller veut- il dire qu’il est permis de pratiquer la fraude pour battre la femme « s’il y a forte probabilité qu’elle remporte les élections » ? Ou bien – par exemple- quand la femme est qualifiée pour le second tour avec un homme, celui- ci devient Président sans avoir besoin d’un scrutin car ce qui est permis à la femme c’est d’être candidate et non de remporter les élections ? Dans quelle république- avec un strict minimum de respect de la loi- peut- on appliquer une telle fatwa ?

Si une telle fatwa émanait d’un jurisconsulte traditionnel en dehors des cercles du pouvoir, ce serait moins grave, mais quand elle provient d’un conseiller du Président de la République, suffisamment informé de l’évolution de la position jurisprudentielle sur la question de l’exercice par la femme de la fonction de chef d’état, elle prend une force supplémentaire qui en fait une source d’inquiétude pour tous les défenseurs des droits de la femme et tous ceux qui s’attachent aux respect des valeurs républicaines et de l’égalité que la Constitution de la Mauritanie et les conventions internationales consacrent et garantissent pour tous les citoyens de ce pays.

Le jurisconsulte conseiller comprend peut- être avant les autres que « la grande wilaya » ou « l’imamat suprême » (magistrature suprême) n’est plus celle dont on parle aujourd’hui quand il s’agit de la Présidence d’un pays islamique et que d’éminents jurisconsultes ont donné des fatwas sur le caractère licite de l’exercice par la femme des fonctions de Présidente de la République, basés en cela – entre autres choses- sur l’inexistence d’un texte explicite lui interdisant cela, en plus de sa capacité à exercer la fonction et de la transformation des Etats modernes en Etats d’institutions où les pouvoirs et les autorités sont partagés.

Par conséquent son étrange fatwa ne peut être comprise que dans le cadre de la situation actuelle que vit la femme mauritanienne et qui va de mal en pis, car sa position a décliné dans la fonction publique avant de planifier sa régression au niveau des postes électoraux. Peut- on attribuer cela à la présence dans les hautes sphères de la décision de personnes opposées aux droits de la femme comme le jurisconsulte conseiller ? Ou bien la femme doit- elle tenir compte de l’existence d’un ennemi juré dans les couloirs de la Primature ?

L’Association des Femmes Chefs de Famille rejettent en bloc la fatwa du jurisconsulte conseiller à la Primature, Isselmou Ould Sid El Moustaphe et espère que la position de ce conseiller ne constitue pas la position officielle sur la question au niveau de la primature ou du gouvernement et l’Association demande de lever toute équivoque à ce sujet par la précision nécessaire dans les meilleurs délais.

Nouakchott le 20/05/2012
Pour le Bureau Exécutif

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