Mauritanie-Ue: Pressions espagnoles en vue !

(Crédit photo : anonyme)

Arias Caneta, ministre espagnol de l’agriculture, en charge du secteur de la pêche dans son pays, a annoncé lundi qu’il se rendrait, le 29 mai courant, à Nouakchott pour aider au «déblocage des négociations» de l’accord de partenariat de pêche entre l’Ue et la Mauritanie.

Des négociations en souffrance depuis décembre dernier lorsque les négociateurs des deux camps se sont séparés en queue de poisson, sans aboutir à un réel rapprochement dans leurs positions.

L’Espagne dont l’économie connait d’énormes difficultés, par ces temps de crise ambiante en Europe, doit encore faire face aux aléas de l’impact de la non reconduction de l’Accord de Partenariat de Pêche (APP) mauritano-européen sur sa flotte pêchant dans les eaux mauritaniennes. L’APP RIM-UE, de loin, le plus important en termes d’accès à la ressource et de contrepartie financière, conclu par le vieux continent connait aujourd’hui une mauvaise passe. Les Européens se montrant peu enclins à accepter la batterie d’aménagements introduite par les nouveaux négociateurs mauritaniens, conduits par le conseiller du ministre des pêches, Cheikh Ould Baya.

Qui est responsable du blocage ?
Le gouvernement espagnol voit, en effet, d’un mauvais œil le retard pris par les deux parties dans la conclusion d’un nouvel accord. De quoi inquiéter le nouveau gouvernement Mariano Rajoy héritier d’une situation économique déplorable dans son pays. Mais le temps presse aujourd’hui et les espagnols se rendent compte que passé le délai du 31 juillet prochain, date d’expiration du dernier protocole de l’APP avec la Mauritanie, et sans la consécration d’un nouvel accord, près d’une centaine de navires espagnols risquent de ne pas péchaient dans les eaux mauritaniennes, avant plusieurs mois encore alors que ses navires au Maroc et en Guinée Bissau sont déjà en quarantaine. La crainte espagnole est telle que le ministre espagnol prépare aujourd’hui sa valise pour venir à Nouakchott afin de convaincre les mauritaniens de lâcher du lest dans les négociations avec les limiers européens. Mais Arias Caneta a d’ores et déjà lancé les inquiétudes de son gouvernement à l’endroit de la commission européenne pour la pêche et les affaires maritimes, et notamment à sa présidente Maria Damanakis, pour le retard accusé dans la conclusion d’un nouvel accord avec la Mauritanie. Il assure que M. Damanakis s’est engagée à « accélérer le processus de négociations ». Une célérité à laquelle inviteraient, lundi, outre l’Espagne, d’autres pays comme la Pologne, la Lituanie, la France, les Pays Bas, le Portugal et Lettonie, a souligné le ministre espagnol. Plusieurs bateaux européens de pêche pélagique avaient, rappelle-t-on, quitté les eaux mauritaniennes, en avril dernier, suite à la fin du quota prévu dans l’APP en vigueur jusqu’au 31 juillet prochain. Il s’agissait de navire de hollandais, lituaniens, polonais, allemands, anglais….Ils restent toujours dans l’expectative d’un autre accord.

Comment vont réagir les autorités mauritaniennes ?

«Je me rendrai le 29 mai prochain en Mauritanie pour m’entretenir avec les autorités (de ce pays) et tenter de faciliter le processus en négociation, en complément à la Commission. L’Espagne y a un intérêt fondamental et par conséquent nous cherchons à savoir quels sont les problèmes, les alternatives et comment pouvons-nous travailler avec la Commission pour trouver des solutions afin de parvenir à la reconduction d’un accord raisonnable » a notamment expliqué à nos confrères ibériques le ministre espagnol, lors d’une conférence de presse, à l’issue d’une réunion avec ses homologues européens. La couleur est donc annoncée. Pour le gouvernement espagnol, en raison même du marasme local, la flotte espagnole ne peut souffrir d’un blocage des négociations. Or, les autorités mauritaniennes dont les négociateurs se doutent maintenant que le secteur de la pêche est une source vitale pour le pays, en raison de son impact sur les revenus, l’alimentation, l’emploi et partant la réduction de la pauvreté, ont –c’est une première- mis la barre haut notamment en ce qui concerne la contrepartie financière, jusqu’ici de l’ordre de 80 millions d’euros par an. D’autres aménagements, en conformité d’ailleurs avec la résolution du Parlement Européen, du 12 Mai 2011, portent sur l’accès possible pour les navires européens pour les stocks excédentaires ou non exploités par les nationaux. Cette disposition met hors jeu plusieurs espèces notamment demersales comme le Pouple déjà surexploitées. D’autres innovations, dans le cadre de la nouvelle politique des pêches mauritanienne, concernent aussi le recul de la zone de pêche, les débarquements pour susciter une plus-value, les maillages, la prohibition d’engins non sélectifs…Autant de mesures astreignantes aux yeux des négociateurs européens qui trouvent également que la facture présentée par les mauritaniens est trop salée.
L’arrivée du ministre espagnol intervient donc dans un climat plutôt tendu entre les négociateurs des deux parties. Cependant, les exigences mauritaniennes de leur meilleur partenaire sont pour le moins désobligeantes quand on sait que les autorités ont bien accordé à leur partenaire chinois, à travers la convention avec Poly Hondone, beaucoup de facilités qui ne riment pas forcément avec le souci de préservation de la ressource. Une réalité que mettra en avant probablement le responsable espagnol pour obtenir un engagement « politique» du sommet de l’Etat pour atténuer les effets des aménagements du nouvel accord et afin qu’un nouvel APP soit signé…même in extrémis.

Jedna Deida

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 16/05/2012

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