Alors que la Commission nationale indépendante pour les Elections ( CENI) vient de voir le jour en attendant la composition de ses membres, les trois partis de l’opposition mauritanienne l’APP,El Wiam et Sawab montent au créneau cette semaine avec la création d’une convention pour l’alternance pacifique ( CAP) pour être plus présents dans la bataille politique des prochaines législatives.
Les observateurs s’interrogent sur ce repositionnement par rapport à l’opposition mauritanienne qui ne fait qu’affaiblir la Coordination de l’Opposition Démocratique au profit de l’UPR, le parti de la majorité.La ronde des prétendants au leadership de l’opposition mauritanienne compte depuis dimanche dernier un triumvirat sous le vocable de la convention pour l’alternance pacifique (CAP) qui regroupe les trois partis dissidents de la COD, l’APP de Ould Boulkheir, El Wiam de Ould Houmeid et Sawab de Ould Horma. Secret de Polichinelle. Depuis le succès du dialogue politique avec Ould Aziz ,les signataires des accords de Nouakchott en octobre 2011cherchaient noise à la COD et surtout une structure politique capable de consolider leur union. Cette fois-ci la rupture est consommée. Aux yeux maintenant de la coordination de l’opposition la CAP confirme ses accointances avec le régime de Ould Aziz. En niant par exemple l’esclavage en Mauritanie et en s’opposant systématiquement aux multiples manifestations de la COD pour précipiter le départ du président mauritanien, les fondateurs de la nouvelle convention dévoilent leur vrai visage et ne s’embarrassent pas de manoeuvres politiques dans le but de gagner plus de sièges au futur parlement que leur rivale de la COD. Ce repositionnement des trois leaders de la CAP relève d’un calcul politique qualifié par les observateurs à la fois d’opportunisme politique et un défi à l’opposition mauritanienne. Opportunisme parce que les mousquetaires sont assurés au moins que leurs propres alliés feront partie de la future commission nationale indépendante des élections actuellement dans sa phase préliminaire de sélection et qu’à ce stade ils n’ont rien à craindre des résultats. Un défi parce la COD est entrée dans sa phase la plus active depuis des années dans une société mauritanienne aujourd’hui au bord de la crise des nerfs avec en toile de fond la grogne des étudiants et des syndicats sans oublier les mouvements citoyens « Ne Touche pas à ma Nationalité » et les jeunes indignés du printemps arabe en 2010. Une pression sociale et aussi politique contre le régime de Ould Aziz qui a déployé une répression féroce policière contre les manifestants et qui ne fait qu’aggraver la situation. Faudrait-il donc voir dans cette convention une alternative pour être les seuls interlocuteurs crédibles du pouvoir en place ? A y voir de près c’est une façon pour eux de redistribuer les cartes avec une approche dite modérée pour légitimer un courant politique qui a déjà fait ses preuves et que l’ancien baron du PRDS Ould Houmeid veut renaître sur les cendres de l’ancien régime Ould Taya . Et que cherche au juste le leader incontesté de l’APP Ould Boulkheir en cautionnant cette union ?L’incident ce début de semaine à Nouakchott de l’ouverture de la session parlementaire entre lui et les députés de la COD est révélateur d’un climat malsain entre les deux camps rivaux.Le président de l’assemblée nationale a profité de l’occasion pour mettre en garde la COD contre les dérives qui pourraient mettre en danger la Mauritanie. Ce triumvirat est en réalité un rassemblement qui met en tout en lumière deux poids lourds haratins taxés de « traîtres » par les militants anti-esclavagistes de l’IRA à la cause de leur communauté. De toute évidence les partis APP, Sawab et El Wiam sont devenus en l’espace d’une année de pourvoyeurs de dirigeants en quête de légitimité. Aux yeux de l’opinion publique, ils ne représentent que leurs intérêts et ne pourraient en aucun cas prendre otage les citoyens mauritaniens qui sont libres de voter le moment venu pour leurs listes préférées. L’opposition affaiblie devra relever le défi en resserrant le noyau qui reste et continuer à s’opposer au régime de Ould Aziz qui a prouvé ses limites et ce sera dans la rue à défaut à travers la presse et pourquoi pas lorgner du côté des futures radios et télévisions privées. Radio Mauritanid est déjà entrée dans la danse pourvu qu’elle soit capable de formuler la parole citoyenne et apporter ainsi cet autre regard sur la diversité mauritanienne et les hommes politiques.
Bakala Kane
(Contribution reçue à Kassataya le 14/05/2012)
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com