Que cherche Messaoud Ould Boulkheïr ?

Le président du parti APP M. Messaoud Ould Boulkheir. Source inconnue.Sans doute que le climat politique fait d’invectives réciproques entre la Coordination de l’Opposition Démocratique et le Pouvoir en place, a t-il atteint le summum, pour que le président de l’APP et président de l’Assemblée nationale profite de l’occasion de la réunion ordinaire du Bureau Politique de sa formation politique tenue le 10 mai passé, pour discuter des derniers développements politiques, économiques et sociaux qui prévalent dans le pays.

L’ombre de Biram Ould Abeïd plane sur l’APP. Le geste suivi de l’arrestation du président de l’organisation anti esclavagiste est diversement interprétés dans les milieux de l’APP. Des différences de point de vue qui ont installé un climat malsain en son sein, entre partisans et adversaires de Biram. Les uns critiquent Messaoud Ould Boulkheïr pour son « silence » face à l’instrumentalisation qu’en ferait le pouvoir. « Sur l’esclavage, Mohamed Ould Abdel Aziz et Messaoud Ould Boulkheïr partagent la même position, selon laquelle, n’est esclave que celui qui l’a dans l’esprit », lance un militant qui dit ne plus comprendre la ligne politique défendue par l’APP. Il n’y a pas que cette affaire qui fait grincer des dents. Il y’a aussi que bon nombre de militants constatent avec amertume que la Coordination de l’Opposition Démocratique occupe le terrain de la contestation politique demandant le départ pur et simple de Mohamed Ould Abdel Aziz du pouvoir pendant que les partis dialoguistes (APP, WIAM et SAWAB) se maintiennent dans l’inertie quand bien même cette COD met à mal les résultats du dialogue national.

Mais à ce sujet, ce qui retient surtout l’attention des observateurs, c’est l’invite au dialogue lancée par le Président de la République, à cette Opposition radicale. Un dialogue auquel souscrit Messaoud Ould Boulkheïr et sur lequel le Bureau Politique a indiqué dans son communiqué de presse : « enregistrer avec satisfaction les résultats positifs du dialogue mené avec sérieux entre les partis de la majorité, d’une part, et des partis de l’opposition démocratique, d’autre part ; ». L’APP « déclare ne ménager aucun effort pour une application ferme et rigoureuse des résultats issus de ce dialogue ; renouvelle son attachement inébranlable au dialogue inclusif comme unique voie de règlement pacifique, efficace et durable des multiples problèmes auxquels le peuple mauritanien est aujourd’hui confronté ; réitère, en conséquence, son appel à l’ensemble des acteurs politiques de la majorité et ceux de l’opposition, y compris la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), pour privilégier, à tout prix, cette voie consensuelle qui a le privilège de préserver les intérêts supérieurs de notre peuple en la mettant au dessus de tout ».

Mais même s’il invite toute l’opposition, y compris la COD au dialogue, tout laisse penser que les divergences sont profondes sur la question. Les deux pôles n’ont pas la même appréciation des résultats de ce dialogue national. Si pour Messaoud Ould Boulkheïr le dialogue est inclusif, en ce sens qu’il intègre tous les acteurs politiques, pour la COD il en va tout autrement du moment que dialogue inclusif s’entend sur la base du respect strict des accords de Dakar. Deux positions inconciliables. Il n’échappe pas non plus au président de l’APP qu’il sera très difficile, voire quasi impossible de s’asseoir à la même table que les dirigeants de cette coordination dont Ahmed Ould Daddah est une pièce maîtresse du jeu. Et pour cause : les deux hommes entretiennent des relations exécrables qui semblent avoir atteint un point de non retour. Pendant que le président de l’APP était membre de cette coordination, les invectives étaient telles que le leader du RFD avait renoncé à participer aux réunions de l’organisation, préférant déléguer d’autres représentants à sa place. Il va s’en dire alors que ce dialogue reste un vœu pieux auquel les acteurs ne croient pas.

Pour l’heure, le bras de fer continue entre le Pouvoir et son Opposition. Et dans ce cadre, les partis dialoguistes veulent sortir de leur mutisme pour manifester leur impatience à voir les résultats du dialogue mise en application sur le terrain. Manière on ne peut plus clair d’isoler la COD aux prochaines échéances électorales qui n’ont toujours de dates fixées. Certainement que la COD ne sera pas partie prenante dans la Céni qui pourrait voir le jour bientôt. Gageons que les élections municipales et législatives n’auront pas lieu avant octobre ou novembre 2012. D’ici à là, le pays vivra dans la turbulence aggravée par la crise du Nord Mali. Que Dieu sauve la Mauritanie !

Moussa Diop

Source :  Le Quotidien de Nouakchott

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