Arrêter l’étincelle qui peut encore consumer

(Crédit photo : Le Rénovateur)

Il ne s’agit pas de mettre hors d’état de nuire Biram et ses camarades cadenassés derrière les verrous pour prétendre avoir mis fin à un combat vieux de plusieurs décennies en Mauritanie.

Aujourd’hui cette question de l’esclavage n’est pas seulement une affaire d’une seule communauté victime il est vrai depuis des siècles de cette pratique archaïque.
C’est une affaire de droits humains où tout homme, épris de justice et d’égalité pris isolement se reconnait. Où tout mauritanien se fait le devoir de dénoncer un phénomène inhumain et dégradant. Le combat de Biram est le prolongement d’une lutte que d’autres ont, avant lui mené mais dont la plupart ont abandonné par opportunisme politique éhonté.
L’esclavage est une cause pour laquelle des générations continueront à se battre jusqu’à l’éradication de ce phénomène. L’explosion de la bombe de Biram n’est que la conséquence de ce refus des autorités de gérer cette problématique en acceptant d’ouvrir un débat sérieux sur cette question. Au lieu de cela, le pouvoir mobilise ses sbires pour se mettre à combattre non pas un phénomène mais un homme qui dans tous les cas n’est qu’un parmi des milliers de combattants qui se dressent en rempart contre un mal, une exploitation de l’homme par l’homme que ni la religion, ni la morale n’ont autorisé.
Les Hararin dans leur majorité y compris ceux qui roulent pour le système politique, ont reconnu jusqu’à la veille de l’incinération des livres Malékites en Biram un jeune leader qui incarne une cause commune que l’histoire a portée sur les épaules d’une élite divisée non pas sur la légitimité du combat mais sur les méthodes à utiliser.
En légiférant des textes interdisant et criminalisant l’esclavage, le pouvoir actuel ne devait pas se contenter d’adopter une loi mais aussi d’investir toutes les forces qui luttent contre l’esclavage une mission de libération progressive et responsable de cette couche tant sur le plan économique que sociale et politique.
Le commissariat aux droits de l’homme, celui de la sécurité alimentaire devraient en toute logique revenir à des cadres Haratin dont le combat sincère et résolu est avéré dans ce domaine. Ces cadres et fondateurs d’ongs « antislavery » sont connus et leur expérience reconnue. Mais pour des raisons de placement politico-tribal, le pouvoir qui ne manque rien sauf la bonne inspiration a préféré jouer son exercice favori visant à porter à la tête d’institutions prestigieuses à vocation social des cols-blancs qui détourent ces Directions de leur vocation sociale.
Qu’est-ce que le commissariat aux droits l’homme peut se prévaloir d’avoir fait au nom des déshérités, des marginalisés. Où sont passés les fonds énormes qui sont prévus dans des programmes socio -économiques dans les Adwabas ? Et les milliers de tonnes de céréales du CSA ?
L’arme de division et de diversion a toujours été utilisée par le pouvoir politique pour diaboliser toutes les luttes de revendication des droits des opprimés. Comme quoi les temps n’ont pas changé. Mais au lieu d’éteindre l’étincelle, le pouvoir perd du temps à disloquer des forces qui ont-elles aussi le pouvoir de se reconstituer. Personne ne doit céder au jeu des sirènes !

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 10/05/2012

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