Des airs d’une campagne politique anticipée ?

(Crédit photo : Cridem)

Le scandale de Biram Ould Dah est venu détourner l’opinion sur le décor qui collait partout aux murs de Nouakchott.Les pro-Aziz ont inondé la ville d’affiches exposant les effigies du président en gros plan comme dans une ambiance de campagne électorale.

Alors que le mandat de l’actuel locataire du palais brun n’a pas encore expiré.Cette allure tapageuse utilisée par l’UPR pour contrer les actions de la COD s’inscrivent dans une logique de propagande qui ne respecte pas les règles d’un jeu démocratique sain.
L’usage de procédés assimilables à une campagne électorale outrepasse les limites de ce que la loi autorise. Et si chaque parti en faisait de même, on serait en plein dans une campagne électorale en bonne et due forme. Il faut bien que les mauritaniens méritent au moins d’être édifiés sur ces pratiques qui entachent gravement les règles démocratiques au nom d’une volonté d’user et d’abuser de la naïveté des citoyens.
Cette atmosphère préélectorale du parti Etat a été également perceptible à l’intérieur du pays où l’UPR a mobilisé des ministres, des cadres de la haute administration et des notables dans le cadre de sa première campagne de sensibilisation sur ce qu’il a appelé les réalisations du programme du président de la république. Dans les nombreux meetings tenus dans ce contexte devant les populations, des membres du gouvernement ont affirmé dans leurs discours qu’une appréciation des acquis montre que 60% des engagements ont été réalisés et qu’arrivé à mi-parcours de son mandat quinquennal, Ould Abdel Aziz sera largement en mesure de faire les 40% restants.
Parmi les autres facteurs exogènes qui peuvent créditer ce climat de campagne électorale avant l’heure J, on peut citer l’imminente mise en place de la Ceni, le mot d’ordre donné par Paris à Nouakchott de fixer un calendrier électoral et la volonté du parti Etat de montrer à l’opposition à travers les urnes que sa fameuse popularité n’a de réelle que le nom et que son acharnement à user de moyens antidémocratiques pour chasser le pouvoir légitime n’est pas partagé par le peuple.
Enfin, notons que le plus insolite dans cette mobilisation électorale, ce sont ces milliers de banderoles financées par l’argent public que le citoyen rencontre dans les carrefours, les marchés et les établissements publics les plus fréquentés. Des affiches qui montrent le président, alors que la loi interdit au chef de l’Etat dans ses actuelles fonctions de Premier magistrat de la république de se mêler au microcosme politique, lequel doit rivaliser à armes égales sans instrumentaliser des symboles de la république comme c’était la tradition dans les systèmes du parti unique. Eu égard à ce qui se passe en ce cas d’espèce précis et vu les nombreuses violences de la loi, peut-on vraiment accorder encore une réelle confiance à la force de la loi, qu’ils sont une poignée à réellement respecter dans ce pays toujours en quête d’une démocratie digne de ce nom.

Amadou Diaara

Source  :  Le Rénovateur le 01/05/2012

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