Ambassade de Mauritanie en France: Licenciée sans indemnités après quarante ans de services

credit photo camer.be40 ans de bons et loyaux services et à la clé un licenciement sans indemnités, c’est la mésaventure de Kadija Yatara, ancienne secrétaire au consulat de Mauritanie à Paris. Très désemparée, elle a accepté tout de même de raconter son histoire à Kassataya.

 

 

A l’origine, une affaire Africaine.

«  Je suis malienne, confie-t-elle, et nous étions des stagiaires en France dans le cadre des pays de l’OCAM (Organisation Commune Africaine et Malgache). Celle-ci est devenue l’Agence Culturelle de Coopération Technique qui ensuite est devenue la Francophonie. Pour des raisons de gestion, les pays africains ont souhaité transférer le service à Lomé. Mais vu que cela ne s’est pas réalisé, le personnel et les stagiaires ont été dispatchés entre les services consulaires ou diplomatiques des pays membres. Et c’est ainsi que je me suis retrouvée au consulat de Mauritanie. » C’était  le 1 septembre 1972 sous le consul général Gagni Diawara qui a signé son contrat de travail. « Sur 10 consuls qui ont servi ici, affirme-t-elle, j’en ai travaillé avec 9. » Elle prend à témoin les ressortissants mauritaniens en France, qui selon elle, savent qu’elle assurait tout le travail dans les différents services du consulat.

Plusieurs motifs invoqués

Elle était la secrétaire du consul jusqu’à l’avènement de Moussa Diyé Camara, qui l’aurait « écartée pour prendre une mauritanienne ».  Par la suite elle est affectée au service d’état-civil et du standard. « C’est à partir de ce moment, se rappelle-t-elle, « que mes problèmes ont commencé. » Les autorités consulaires en son absence auraient, pendant ses vacances, répandu une rumeur selon laquelle elle établissait des fiches d’état-civil de façon illégale. Et, poursuit-elle, « il y’a eu des délations sur ma personne envers les autorités maliennes ».  On l’aurait accusée d’utiliser cet argent pour financer la rébellion Touareg. Ces « accusations, révèle-t-elle, ont mis en danger ma sécurité ».

Pour son statut d’employée, elle dit être sous le régime général, c’est-à-dire une contractuelle soumis au droit français vu qu’elle n’est pas fonctionnaire ni diplomate. « J’ai, accuse l’ancienne secrétaire, était victime d’une saisie de salaire entre 1994 et 1995 par le fisc français pour non paiement des impôts sur le revenu. Et les autorités mauritaniennes qui devraient juste établir ma fiche budgétaire pour dire que les salaires sont payés net n’ont même pas daigné répondre. »

En ce qui concerne son licenciement, elle explique avoir été renvoyée « pour cause de retards », ce qu’elle récuse en pointant du doigt « la mauvaise foi des autorités mauritaniennes ». « C’est à quelques mois de ma retraite qu’on m’a renvoyée, raconte Mme Yatara et tout cela afin de ne pas payer mes indemnités. Et en réalité, l’objectif était de masquer le pot-aux-roses à savoir  la non cotisation de mes points retraite durant 17 ans sur mes 40 ans de service. Ce qui m’empêche aujourd’hui d’avoir une retraite digne de ce nom et de pouvoir rentrer au Mali. Je n’ai pas travaillé tant d’années pour être pris en charge à mon retour au Mali ou vivre  avec un  minimum vieillesse qui m’oblige de continuer à vivre en France. Pour moi ce n’est pas possible. »

A la conquête de ses droits

Son salaire était fixé à  « 834 euros par mois, moins que le SMIC alors que la législation française fixe un salaire minimum obligatoire de plus de 1000 euros ». Pis encore, le consul Moussa Camara lui aurait retiré 1000 Francs Français (152 euros) de son salaire qui correspondrait à une indemnité relative au standard qui lui à été retiré de ses charges. Pour elle, la situation dans laquelle elle était dans le consulat ressemble à de «  l’esclavage moderne ».

Elle conteste son licenciement et exige des autorités mauritaniennes de réviser son salaire, ce qui est d’ailleurs prévu par la loi pour au moins 5 ans. En outre elle réclame ses indemnités de licenciement, demande que ses 17 ans de non cotisation soient clarifiés et qu’enfin les accusations  dont elle aurait fait l’objet soient posées sur la table.

Elle dit avoir demandé une audience avec l’ambassadeur de Mauritanie en France, en vain. Même le maire de la commune française ou elle réside a écrit à l’ambassade qui n’a pas donnée suite à ses missives.

Le consulat de Mauritanie de Paris est fermé depuis 2010 et ses services transférés au niveau de l’ambassade. Beaucoup de ressortissants mauritaniens s’interrogent sur l’opportunité de cette fermeture. Une enquête de l’IGE (l’inspection Générale d’Etat) aurait décelé un trou colossal sur les entrées relatives aux demandes de visa et de confection de fausses pièces d’état-civil. Sur ce dernier point, elle accuse ceux qui avaient les cachets et signature, car elle avance se limiter « à la confection des pièces d’état-civil sur la demande de ma hiérarchie ».

La fermeture du consulat  est pour elle « inadmissible et incompréhensible ». Elle relève que « même en cas d’incidents diplomatiques, il arrive qu’on ferme l’ambassade et non le consulat qui est une cellule administrative qui s’occupe des citoyens. On ne peut pas fermer la cellule qui s’occupe des ressortissants à l’étranger pour laisser l’ambassade qui ne s’occupe que des affaires diplomatiques ! »

A la suite de cette fermeture plusieurs employés ont été licenciés et certains d’entre eux qui étaient des agents d’appui ont eu du mal à être indemnisés.

Contacté par nos soins, le chargé d’affaire de l’ambassade de Mauritanie à Paris dit ne pas être au courant de la situation de Mme Yatara tout en promettant de nous rappeler. Nous attendons toujours…

Diallo Saïdou Nourou dit Thierno

Kassataya 30/04/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page