Biram Ould Dah et l’opium du peuple

birameincineration-saharamedias-27-04-12La religion, disait l’autre, est l’opium du peuple. Les pouvoirs s’en servent de bouclier contre les ambitions de leurs contradicteurs. C’est ainsi depuis la nuit des temps.

Le monde musulman ne déroge pas à la régle en vigueur dans la Gréce Antique, à Rome, dans l’Europe médiévale. En s’attaquant au dogme de maniére si spectaculaire, Biram Ould Abeid brouille son message. C’est évident, le leader de l’IRA ne s’attaque pas à l’islam, encore moins au Coran, lui qui venait d’effectuer la priére de vendredi à Riyadh. L’activiste dénonce d’abord un ordre séculaire, l’esclavage, toléré et justifié par certains grands jurisconsultes musulmans.

Ce serait faire preuve d’une insoutenable légéreté que de ne pas reconnaître ce fait: l’islam a toujours cohabité avec l’esclavage. La traite arabo-musulmane était un commerce cruel et déshumanisant, tout comme la traite atlantique.  Un  esprit brillant comme Ibnn Khaldoun, référence académique du monde arabe, écrivait que « les négres ont peu d’humain et possédent des attributs tout  à fait voisins de ceux d’animaux stupides ».  Il n’y a aucun sacrilége à dire que, pendant que le Coran restreignait l’esclavage, état provisoire,  à des conditions précises, et encourageait l’affranchissement, de nombreux docteurs, alliés des princes et des aristocrates, justifiaient les états de domination, encore intacts dans certains pays arabes dont la Mauritanie. 

Aujourd’hui, Biram enfonce une porte ouverte en pointant du doigt les érudits. En brûlant un livre religieux favorable à ses yeux à la pratique de l’esclavage, il accélére le débat. La Mauritanie est-elle prête à un débat de fond sur l’islam?  De même que les prêtres avaient justifié la traite atlantique, les imams avaient trouvé des cadres légaux à la traite orientale. Les centaines de manifestants accourus devant la présidence de la république parlent d’acte blasphématoire. 

Cela rappelle l’Espagne de l’inquisition, quand il était interdit d’analyser ou de critiquer tout texte religieux. Pour le moins, ce geste a permis de clarifier la carte politique mauritanienne, entre les conservateurs (qui ont condamné) et les progressistes (qui observent un silence gêné). Chez les conservateurs, il y a ADIL (PNDD), le RFD, l’UPR, l’UFP, et HATEM. Chez les progressistes, il y a l’APP, l’AJD/MR, et toutes les formations qui savent que le vrai probléme n’est pas le blasphéme mais le maintien d’une partie de la population mauritanienne dans l’état d’esclavage.

Source: Mauritanies1

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