Accord de Dakar 2009 : Chassez le naturel, il revient au galop !

(Pôles politiques de l'accord de Dakar. Crédit photo : anonyme)

La mise en œuvre stricte de l’accord du dialogue signé en juillet 2009 entre les protagonistes politiques mauritaniens, sous le parrainage de la communauté internationale, aurait pu naturellement épargner au pays cette impasse politique

dans laquelle il patauge depuis son reniement total par le pouvoir mauritanien issu des élections présidentielles de l’époque, rendu plus tard caduc, après la lassitude de l’opposition pour son entrée en vigueur sous les pressions extérieures, privilégiant aujourd’hui, à l’aune de ses élans de protestation, la seule alternative du départ du régime.

Malgré l’imposture politique dans laquelle elle se trouve actuellement, depuis le désaveu électoral du son président Nicolas Sarkozy au 1er tour de la présidentielle française, Paris, qui a observé jusqu’à récemment un silence coupable dans l’impasse politique mauritanienne, moyennant notamment une guerre par procuration menée par Nouakchott contre l’ennemi Aqmi, se souvient subitement de l’Accord de Dakar 2009, signé entre les pôles politiques mauritaniens pour tourner la page noire du coup d’Etat contre l’ordre constitutionnel en août 2008.

Dans une déclaration faite hier, le porte-parole du quai d’Orsay, Bernard Valéro replonge la Mauritanie en plein 2009, comme si le pays est resté dans une situation politique stationnaire depuis ces trois dernières années, précisant qu’il est important que la liberté de manifester soit respectée, que l’opposition emprunte, pour s’exprimer, les voies qui lui sont offertes, à savoir le dialogue, prévu par l’Accord de Dakar de 2009, qui s’est ouvert à l’été 2011.
Un accord qui est tout sauf historique, dont personne ne veut aujourd’hui parmi les différents protagonistes mauritaniens, aussi bien dans la majorité que dans l’opposition dans ses deux ailes boycotteuse et participationniste.

En effet, on se souvient qu’au cours d’une intervention télévisée faite en aout 2010, le président Mohamed Ould Abdel Aziz avait déclaré que l’Accord de Dakar auquel fait éternellement référence l’opposition mauritanienne « n’est pas du Coran et que la crise politique supposée n’existe que dans l’imaginaire de certains », faisant ainsi allusion à l’opposition.

Très édifiant pour comprendre qu’il n’est pas engagé par le respect d’un tel accord signé par ses délégués dans la capitale sénégalaise, dont les clauses, appliquées, devaient permettre progressivement le retour à la normalité constitutionnelle avec la bénédiction de tous les antagonistes mauritaniens, en confrontation réelle depuis le renversement du pouvoir de Sidioca.

De son côté, en optant pour le dialogue national d’octobre dernier, Messaoud et consorts mettent un trait sur ce fameux accord sorti des ténèbres par une France assise aujourd’hui sur une pente glissante qui écarte par son vote sanction un régime qui a failli à ses engagements mémorables dans la défense de la démocratie.

En décidant de se mobiliser pour l’unique départ du président Ould Abdel Aziz du pouvoir, la COD radicale affirme à son tour qu’elle n’est plus intéressée par un Accord dépassé qu’elle a bataillé longtemps pour l’entrée en vigueur, sans pouvoir trouver une oreille attentive de la part de la communauté internationale, laquelle avait initiée et arbitrée cet apaisement mauritano-mauritanien, réfusant plus tard d’œuvrer à obliger le régime mauritanien à s’en tenir scrupuleusement à cet accord.

En appelant aujourd’hui à prospecter les chances de la pacification de la scène politique offertes par cet accord de Dakar, Paris a donc réagi très tardivement comme un médecin au chevet d’un mort, puisque les facultés curatives de cette thérapie qu’elle arbore ne séduisent plus personne.

A titre de rappel, notons que le dit accord stipulait la démission de Sidioca, l’organisation d’élections présidentielles et la formation d’un Gouvernement d’unité nationale avec la contribution de la majorité par intérim et de l’opposition. Si les deux premiers points s’étaient réalisés, le troisième ne l’a pas été, non plus les élections parlementaires et municipales qui devaient doter le pays d’une nouvelle configuration plus réaliste et que la France appelle aujourd’hui, sans être sûre d’être entendue à la détermination des délais futurs, formulant le vœu qu’un calendrier électoral puisse être défini rapidement.

Amadou Diaara

Source  :  Le Rénovateur le 24/04/2012

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