Quand El Hor cherche à décapiter IRA : A qui profite l’hémorragie ?

(EN janvier 2012, un groupe se présentant comme dissidents de l'IRA était reçu par le chef de l'Etat. Crédit photo : AMI)

A cause d’une divergence de vision et de stratégie sur la problématique de l’esclavage en Mauritanie, Samory Ould Bèye, syndicaliste et homme politique, animateur d’une dissidence au sein du parti APP et partisan du retour d’un mouvement quatre-vingt huitard dénommé El Hor, semble mener une guerre acharnée contre l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) de Birame Ould Dah Ould Abeid.

En l’espace de quelques semaines, il parraine en effet avec fracas des cérémonies marquant la dissidence supposée de groupes quittant l’IRA, faisant ainsi la part belle au régime en place, si heureux que quelqu’un puisse mener à moindre frais une purge au sein du mouvement antiesclavagiste le plus redouté à sa place.

C’est dans ce sillage qu’un nouveau groupe, présenté comme des dissidents du mouvement IRA ont animé jeudi dernier une conférence de presse annonçant leur divorce avec Birame Ould Dah Ould Abeid. Mais par delà les raisons avancées ici ou là, par les groupes débauchés soit par le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz ou par Samory Ould Bèye, se pose la problématique d’un fonds de commerce bâti sur le nom d’IRA, qui semble inspirer de plus en plus les chasseurs de prime. Au passage, c’est tout un combat pour la libération des esclaves et l’affranchissement des Haratines qui se trouvent compromis par ceux-là qui sont sensé en raviver la flamme. En effet, tous ces transfuges qui semblent avoir choisi on ne sait pour quel symbolique l’hôtel Khatter pour leur mise en scène, ne vivent que l’instant d’une apparition télévisée, avant de sombrer dans l’oubli.

Pour justifier son approche, Samory se dit opposé aux méthodes de lutte prônées par son benjamin Birame. Alors que lui privilégie l’approche pacifiste pour l’émancipation des couches harratines et esclaves, par le dialogue et la sensibilisation, mais aussi par l’éducation et l’apprentissage du temps, sans couper le cordon ombilical avec les communautés d’attaches, à savoir les Arabo-berbères, les méthodes radicales de Birame semblent le rebuter. Il lui reproche en effet de vouloir chercher l’émancipation des Harratines et des esclaves par la révolution, certes pacifique, mais combien porteuse de violence, ainsi que la création d’une nouvelle communauté Harratine distincte de la communauté Maure.

Pour l’instant, IRA n’a pas encore réagi aux nombreuses provocations de Samory Ould Bèye, mais pour certains cadres du mouvement, cette guerre intestine au sein de l’élite Harrarine ne fera qu’affaiblir leur cause et faire le jeu des esclavagistes.

Cheikh Aïdara

Source  :  L’Authentique le 23/04/2012

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