Lutte contre la corruption en Mauritanie ; Pompiers pyromanes !

(Crédit photo : anonyme)

Selon des experts de la Banque mondiale, la corruption fait perdre 10% d’un projet en commissions alors que la mauvaise gestion fait perdre les 90% restant.

C’est ainsi que la semaine passée, Nouakchott a abrité un séminaire sur la lutte contre la corruption en Mauritanie organisée par le ministère des Affaires économiques et du Développement, avec la collaboration du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Selon l’expression de ses organisateurs, la rencontre devait permettre aux participants de suivre des conférences portant sur les normes et les moyens internationaux appliqués en matière de lutte contre la corruption, le rôle du secteur privé et des organisations de la société civile dans ce domaine et l’expérience mauritanienne dans la lutte contre ce fléau. Le séminaire devait aussi permettre aux participants, des experts de Mauritanie, du Maroc, du Bénin, du Burkina Faso et du Rwanda, d’échanger leurs vues sur les outils et les moyens de lutte contre ce fléau en Afrique et dans le monde et de sortir avec une compréhension commune sur les mécanismes d’exécution des deux conventions des Nations Unies et de l’Union africaine sur la lutte contre la corruption. Rappelons que les deux conventions sont entrées en vigueur, la première en 2005 et la seconde en 2006. Elles représentent les deux premiers instruments juridiques en la matière.
Au cours du séminaire, il sera également question de l’action menée en Mauritanie dans le cadre de la lutte contre la corruption. Dans une allocution prononcée pour la circonstance, le ministre des Affaires économiques et du Développement, M. Sidi Ould Tah, a indiqué que le président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, a engagé un combat sans merci contre la gabegie et les prévaricateurs. Cette orientation, a poursuivi le ministre, s’est traduite à travers l’adoption d’une stratégie nationale de lutte contre la gabegie en 2010.
Il a ajouté que parallèlement à cela, les institutions de contrôle ont été dynamisées et renforcées, ce qui a permis de recouvrer des sommes importantes qui ont été consacrées aux activités de lutte contre la pauvreté. Pourtant de hauts fonctionnaires y compris des ministres qui ont été épinglés par des rapports accablants de l’IGE et de la Cour des Comptes continuent d’officier à des postes importants. C’est ce qui fait dire à certains qu’en fait la lutte contre la gabegie n’est qu’une farce destinée surtout à mettre au pas les opposants. De plus, Sidi Ould Tah, l’homme qui justement a vu sa carrière boostée par la vente de la troisième licence de téléphonie à l’opérateur soudanais Sudatel, qui est derrière presque tous les contrats et les convention passés de gré à gré, a été désigné pour être le porte voix de la lutte contre la corruption et la prévarication. Est ce bien crédible ?
Le ministre a toute fois indiqué que la Commission de Transparence financière mène son travail de manière satisfaisante, ce qui a permis, selon lui, un changement radical de la vision des gestionnaires vis-à-vis des finances publiques. M. Sidi Ould Tah a précisé que les tous prochains jours connaîtront la création d’un Observatoire national de Lutte contre la Corruption et d’une commission nationale de suivi de la lutte contre la gabegie. Pour sa part, Mme Coumba Mar Gadio, représentante résidente du PNUD en Mauritanie, a insisté sur les dangers de la corruption et les répercussions négatives de ce fléau sur le développement. Elle a souligné que la corruption empêche les citoyens d’accéder aux services de base. Mme Coumba Mar Gadio a loué les efforts déployés par les autorités mauritaniennes dans le domaine de la lutte contre le fléau et affirmé l’appui constant du PNUD à ces efforts. Il ya cependant lieu de noter, que le gouvernement mauritanien, lors de la table ronde de Bruxelles, s’était engagé auprès de ses partenaires financiers à mettre en place une stratégie de lutte contre la corruption. Et jusqu’à présent, celle-ci est restée lettre morte. Certes des textes ont été adoptés, des séminaires ont été organisés mais ils ont été surtout l’occasion de s’adonner à une autre forme de gabegie qui est la dilapidation des deniers publics.

B.C

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 18/04/2012

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