Aziz ne fait pas dans la dentelle

(Plusieurs condamnés salafistes sont détenus dans des prisons secrètes. Cédit photo : anonyme)

Les propos du président Aziz su RFI ont donné des frissons aux abolitionnistes de la peine de mort. En déclarant que les détenus salafistes condamnés à mort à l’issue d’un procès doivent être exécutés, il ne fait pas dans la dentelle.Cela ne fait que confirmer les craintes des Ongs des droits de l’homme sur une présumée existence de prisons secrètes dans le pays.

Les 14 islamistes transférés vers une destination inconnue depuis quelques mois seraient-ils en vie ?Le président atteste qu’ils sont bien portants et qu’ils pourraient être visités par les défenseurs des droits de l’homme. Mais où se trouveraient-ils ?Mystère !
La raison d’Etat est la seule habilitée à fournir des réponses à ce propos. Il faut s’attendre à des réactions qui viendront sans doute des proches des détenus qui ont à maintes reprises manifestés leurs inquiétudes de ne plus avoir des nouvelles des leurs. Les Ongs des droits humains ne seront pas en reste quand le terme exécution sort de la bouche d’un président qui en toute vraisemblance a parlé en prenant soin de peser ses mots. Lui qui est le seul sur le plan constitutionnel à disposer du pouvoir de gracier s’il parle d’exécution, il y a de quoi faire frissonner tout ce monde qui lutte contre la peine de mort. Surtout qu’en Mauritanie elle existe encore dans le droit. Certains se demandent quand bien même le président veut exécuter la sentence capitale il aurait pu éviter de s’adresser en de termes aussi graves aux mauritaniens. Aqmi qui tend l’oreille prendra certainement acte de ces déclarations pour tirer les conséquences de cette mesure que subiraient ses détenus condamnés à mort. D’autres pensent qu’il s’agit d’un message de mise en garde lancé en direction des terroristes pour rappeler à toutes ces bandes qui s’en prennent à des innocents au nom d’ un islam radical que c’est le sort qui les attendrait. Une manière aussi de démontrer à l’occident qu’en matière de lutte contre le terrorisme il faut appliquer la tolérance zéro. Et si d’aventure les détenus dont les parents n’ont plus de nouvelles seraient bien exécutés, quelles seraient les conséquences politiques et religieuses qui rattraperaient le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz ? Après ces propos, le doute est lancé sur le sort des détenus condamnés à mort mais aussi sur une présumée existence de geôles sécrètes en Mauritanie. L’homme fort du pays ouvre la boite de pandore de toutes les spéculations qui parlaient de prison de Guantanamo en Mauritanie. Dans certaines parties de l’interview de Aziz, se lit une tentative quelque peu balbutiante de recadrer une balle déjà lâchée sur un dossier dont les erreurs ne pardonnent pas. L’opinion publique a du mal encore à décortiquer le sens à donner aux déclarations du président dans un contexte où la guerre engagée contre Aqmi et contre l’opposition, ouvre plusieurs fronts hostiles au pouvoir en place. Aziz lui, n’est pas passé par quatre chemins pour dire la suite du séjour carcéral des détenus sur lesquels plane le glaive…

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 16/04/2012

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