1989 a 23 ans…on a entendu des « ce n’était pas nous !!! « 

(Kissima Diagana. Crédit photo : Kissima Diagana)

Lundi 9 avril 2012, j’assiste à un débat sur les événements de 1989 dans un hôtel à Nouakchott. Organisé par l’Initiative Mauritanienne pour l’Unité Nationale et la Paix, l’évènement a eu la particularité d’avoir attiré dans la grande salle de conférences de cet hôtel plus de personnalités et cadres issus de la communauté arabe.

On pouvait, peut-être, y lire le signe que la demande d’unité nationale et de paix émane du côté de ceux que l’on a voulu faire passer pour les privilégiés des systèmes ayant engendré l’injustice et la violence dans ce pays. Mais il y avait quelque chose de saisissant qui aurait pu m’échapper si je n’avais pas souffert certaines interventions pour comprendre que la plupart des personnes présentes étaient là pour régler des comptes sur un ring purement idéologique en dehors de tout élan patriotique…

En situant l’historique et en proposant des témoignages d’acteurs, de victime et observateurs, les intervenants qui dirigeaient la rencontre ont mis le doigt sur la véritable difficulté qui se cachait dans cette partie de l’histoire de la Mauritanie : il y a une suspicion qui ne dit pas son nom mais réveille tous les cas de conscience que ce qui est arrivé à de pauvres citoyens du fait de leur appartenance communautaire a causés.

Les exposés ayant donné lieu à des révélations sur le passif humanitaire des années 86 à 91 et les déportations qui en ont procédé, les nasséristes et ba’thistes sont sortis de leurs gonds pour contester toute implication dans les atteintes massives aux droits humains qui ont ciblé les négro-africains durant les événements de 89 et même durant les exécutions extrajudiciaires et emprisonnement et tortures ayant touché les membres de cette communauté.

L’argument des Ba’thistes : « pendant l’évènement de 89, beaucoup de militants bassistes étaient soit séquestrés ou jeté en prison par le pouvoir de Ould Taya, donc ils ne pouvaient pas être les auteurs d’un tel acte ignoble dont on les accuse. «Je défie quiconque de me présenter une preuve de notre participation à la déportation des negro mauritaniens au Sénégal » Martèlera un certain El Kowri Ould Arbi, cadre Ba’thiste intervenant à la conférence.

L’autre indigné de la soirée était le député El khalil Ould Tiyyib. En bon défenseur du Nassérisme, il a énergiquement apporté la contradiction à Isselmou Ould Abdel Kader, ancien administrateur territorial, témoin et acteur de la période du passif humanitaire dont le sujet était à l’ordre du jour. Celui-ci a chargé le mouvement nationaliste démocratique (MND) et les kadihines qui, selon lui étaient très présent aux côtés du pouvoir de Taya à cette époque et occupaient des postes de responsabilités tels que des gouverneurs, des préfets etc.

Voilà donc un passif humanitaire qui dérange. Et on l’a vu ce soir là…Beaucoup de gens ont des choses à se reprocher. Les humeurs étaient là pour le prouver. Il fallait voir certains suer et baver en vociférant des choses du genre : « ce n’était pas nous !!! »

 

Kissima Diagana

 

Source  :  kissima.diagana.blogspot le 15/04/2012

 

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