Mauritaniens, indignez-vous!

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Comment psalmodier comme Jamil Mansour, chef des islamistes, qu’il ne faut pas « politiser le probléme » quand des quartiers abritant les étrangers sont quadrillés à 5 heures du matin par les forces de la gendarmerie? Quand des hommes et femmes sont interpellés dans la pénombre sans sommation, sans avis, sans préavis?

Quand ils sont jetés au petit jour dans de douteux centres de rétention pour, dit-on, lutter contre le terrorisme? Quand ils sont expulés manu-militari sans sommation?

Comment, en tant que mauritanien, ne pas s’indigner d’abord contre le silence coupable, mesquin et assoudissant, d’une classe politique qui, hier encore, appelait au changement, scandait « Aziz dégage »? Où est donc Ahmed Daddah, Messaoud, Jamil, Ibrahima Sarr, Bâ Mamadou Alassane, Kane Hamidou Baba?

L’opposition, mais de quelle opposition s’agit-il quand, corvéalable et bio-dégradable à merci, elle n’est pas là lors des grands moments? Quand elle n’est pas là quand, soudain, nous cessons d’être hommes pour devenir de féroces nationalistes, accrochés à la pureté de nos origines, désireux d’en finir avec l’étranger?

Le silence de cette opposition exprime clairement l’absence d’un projet de société de la part de ces entrepreneurs politiques, en désaccords avec le président Aziz sur le partage du gâteau du pouvoir et non sur le fond du probléme. Quant au président Aziz, omnubilé par la chasse contre AQMI, il se trompe de combat en faisant feu de tout bois. Il se trompe d’abord d’époque. Cette répression féroce contre les migrants aurait eu des échos positifs certainement durant la décennie 2000-2010 quand l’OTAN et les USA fermaient les yeux sur les violations des droits de l’homme au nom de la sécurité. Aujourd’hui, une telle opération n’a plus cours et n’est plus soutenue au niveau international. Le printemps arabe qui a vu le départ de tous les sécuritaires du pouvoir a repositionné le débat ultra-sécuritaire sur le terrorisme. Ce phénoméne mondial ne peut se résoudre avec le seul bâton, avec la seule promulgation des lois violant le principe de l’intimité de la vie privée, avec la mise en place d’îlots extrajudiciaires -offshore s comme Gantanamo? S’il se trompe donc d’époque, le président Aziz se trompe aussi de cible. Il serait quand même curieux que cette lutte contre le terrorisme se concentre plus sur les sénégalais, connus pour leur imperméabilité aux théses d’AQMI , que sur les maghrébins, plus exposés culturellement par rapport à ce phénoméne salafiste. Pour le moins, cette opération musclée de la gendarmerie atténue et vide de son sens le contenu d’un objectif légitime: faire le droit d’inventaire et déterminer le nombre d’étrangers vivant en Mauritanie, leur délivrer un titre de séjour. Mais pourquoi ne pas le faire dans un esprit apaisé, avec le civisme et le respect des droits de l’homme, principe universel? Nous ne reconnaissons pas dans ces opérations musclées la valeur fondamentale de la Mauritanie, terre d’hospitalité. La Mauritanie mérite mieux que cette mauvaise publicité.

Source  :  Mauritanies1 le 11/04/2012

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