Interview avec le, président de la dissidence de l’IRA :

(El Houssein ould Hacen, président d'IRA Dissidence. Crédit photo : Le Rénovateur)

« Nous avons émis des projets réceptifs à des partenaires pour réveiller les populations à travers des centres d’alphabétisation outillés en informatiques… »

Le Rénovateur : Beaucoup de choses ont été dites sur votre départ de l’IRA, notamment on vous accuse d’avoir monnayé la cause harratine en servant d’homme de main du pouvoir. Que répondriez-vous à ces allégations ?

El Houssein Ould El Hacen Dieng : Je dois à priori, pour le respect que je porte aux causes nationales, dire que le mouvement Ira dans son essence prend en considération toutes les questions qui concernent les citoyens de tout bord, notamment les questions liées aux pratiques esclavagistes et des droits de l’homme tout court.
Dans la lignée de votre interrogation, il me semble plutôt important de savoir en quoi mon départ de l’Ira peut il être utile aux causes que nous défendions au sein du mouvement Ira. Il est connu de tous que les départs en général des partis ou mouvements font l’objet de beaucoup de commentaires surtout quand vous rencontrez la plus haute autorité du pays. En ce qui me concerne, je suppose qu’un mouvement de droits de l’homme ne doit avoir comme stratégie que la confrontation ou la dénonciation. Il est possible d’user d’autres méthodes qui consistent à réveiller les populations de l’intérieur du pays qui ont été endormies par tous les régimes qui se sont succédés. Le programme que nous avons proposé, consistant à alterner des actions éducationnelles, de formation et d’activités économiques, contribuera à créer un nouveau type de citoyen capable de défendre ses propres droits mais tout en connaissant ses devoirs.

Question : Votre combat peut-il être le même que celui de l’IRA originel ?

HOHD : Dans ce cadre, à la sortie de l’audience que le Chef de l’Etat nous a bien voulue accorder, j’ai dit pour les esprits avertis que nous gardions les mêmes objectifs pour lesquels, nous avions créé le mouvement Ira loin de toute action politique. Nous saluerons l’ensemble des efforts que le gouvernement fera, mais par la même occasion, nous dénoncerons jusqu’à la dernière énergie des pratiques qui empêchent le pays de se hisser. A ce titre, le Chef de l’Etat ne nous a jamais demandé de renoncer aux objectifs pour lesquels, nous avions créé le mouvement, mais de considérer l’intérêt supérieur de la nation, dans chaque acte qu’il faut poser.

Question : Peut-on garder une indépendance d’esprit quand on accepte d’être au service d’un système politique en place ?

HOHD : Dans la mission d’organisation de la société civile, nous devrons apprendre à être clair avec les populations pour lesquelles nous existons. D’une part, garder son indépendance d’esprit et d’action qui ne doit pas nous éloigner des objectifs de notre initiative. D’autres part, ne jamais rompre le dialogue dans l’intérêt supérieur de la nation. Nous essaierons d’utiliser des voies à travers les partenaires nationaux et internationaux pour des actes concrets qui auront un impact sur toutes les composantes sociales du pays en invitant l’Etat à ne protéger personne devant l’impunité, l’injustice, le droit à l’égalité et les manquements graves qui plombent le décollage du pays.

Question : Reconnaissez-vous tout de même qu’en dépit de ce qui est arrivé, le travail fait par Biram au nom de la cause des esclaves ?

HOHD : Toute conscience tranquille non partisane doit effectivement reconnaitre le travail combien important qu’il a mené. Il a contribué à un nouveau type de citoyen qui s’érige aujourd’hui devant toutes les pratiques injustes. D’ailleurs, il me semble que certaines personnes ressources du pays travaillent à réduire le fossé qui existe entre le pouvoir et lui.

Question : La réputation de Biram ne va-t-elle pas gêner la crédibilité de votre dissidence ?

HOHD : Au contraire, elle contribuera à la réalisation des objectifs de défense, de protection et de promotion des droits de l’homme pour le grand bonheur des populations mauritaniennes. A ce titre, le Chef de l’Etat travaille pour avoir ratifié les dernières conventions liées à la torture et exigé au gouvernement des résultats dans une Mauritanie où les droits de l’homme et les autres pratiques d’impunité devront être respectées. Il reste que le volet justice qui est un grand chantier du gouvernement mérite des réformes sérieuses pour créer les meilleures conditions d’épanouissement d’un mauritanien plus productif.

Question : En termes d’adhésion et d’audience comment évaluez-vous le poids de votre dissidence ?
HOHD : Lors de la première déclaration que j’avais faite, j’avais demandé aux frères et sœurs qui évoluent au sein du mouvement Ira de me suivre pour que nous puissions apporter ensemble une contribution dans le cadre des objectifs que nous nous étions assignés pendant que nous étions militants au sein d’Ira. Aujourd’hui, on assiste à des déferlements car chaque jour que Dieu fait, ce sont des déclarations de sortie à la télévision que nous observons. Nous assistons maintenant à Trois groupes qui montrent le dos à Ira. Je reçois chaque jour des militants de l’Ira qui se plaignent et qui veulent quitter. Dieu seul sait que la liste s’allonge chaque jour aussi bien à Nouakchott qu’à l’intérieur du pays et à l’extérieur. J’ai même reçu une délégation de l’extérieur il y’a deux jours. Nous avons mis en place des bureaux régionaux de coordination pour les wilayas des deux Hodh, de l’Assaba, du Brakna, du Gorgol et du Trarza. Nous comptons faire les 216 Communes du pays.

Question : Vous dites ne pas politiser l’IRA dissidente. Comment vous croire ?

HOHD : Je n’ai pas adhéré à un parti politique et personne ne peut dire que j’ai coupé une carte. Vous ne me verrez jamais prendre contact avec un leader politique ou un parti politique. La politique aux politiciens et la société civile aux acteurs de la société civile.

Question : Vous avez reproché à Biram le manque de transparence dans la gestion financière de l’IRA. Voilà que vous commencez aussi à voyager. L’histoire est-elle en train de se répéter ?

HOHD : J’avertis d’amont en aval mon équipe sur les projets de voyage et rend compte dés mon arrivée à travers un procès verbal et de réunion d’explications. Nous prenons ensemble les décisions et jugeons l’opportunité. Je suis désigné par l’équipe pour voyager. Je romprai avec ces pratiques car, mon objectif est de trouver des hommes et des femmes capables de propulser le pays. La Mauritanie est à un virage et elle souhaite un changement et celui qui s’oppose à ce fait devra rester dans ses anciennes habitudes.

Question : De quels moyens disposez-vous pour accomplir votre programme et en quoi consiste ce dernier ?

HOHD : Nous avons émis des projets réceptifs à des partenaires qui ont accepté de travailler avec nous pour réveiller les populations de Nouakchott et de l’intérieur du pays à travers des centres d’alphabétisation outillés en informatiques sur les 216 communes du pays avec une alternance d’activités économiques. Par cette même occasion et dans ces mêmes endroits, nous travaillerons à expliquer et traduire l’ensemble des textes juridiques ayant trait aux droits et devoirs des populations. Nous organiserons dans l’intérêt du pays à organiser des conférences de presse et de sensibilisation à travers les langues nationales. Nous avons déjà obtenu un don progressif de 4 320 Ordinateurs qui seront répandus sur les 216 Communes du pays par un partenaire et qui vont être dirigés pour toutes les composantes du pays afin que le vide électronique qui existe au sud soit réglé avec une connexion internet. Ceci ne sera pas sans effet et nous comptons travailler avec toute la société civile.

Propos recueillis par CTD

Source  :  Le Rénovateur le 07/04/2012

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