Mauritanie : les barbus défient le régime de Ould Aziz

bakala_kane_rimOuld Al Walid le troisième homme fort d’Al Qaïda à Nouakchott, la marche des femmes mauritaniennes voilées, la prestation médiatique de Ould Dedew président du centre de formation des Oulémas, la poussée des salafistes du parti Tawassoul.

Autant de signaux cette semaine qui préoccupent tous les mauritaniens y compris ceux de la diaspora. Les observateurs s’interrogent sur cette montée de l’intégrisme religieux qui risque de diviser davantage la classe politique mauritanienne et au de-là de miner le régime de Ould Aziz déjà fragilisé par une opposition décidée à le combattre par la rue.

 

 

Qui oserait y pensait il y a quelques mois ? Le numéro 3 des terroristes islamistes d’Al Qaïda interrogé depuis quelques jours par les services secrets de l’espionnage mauritanien à Nouakchott. Ould  Al Walid était arrivé la semaine passée dans la capitale mauritanienne en provenance d’Iran. La même source publiée par Cridem fait état du séjour de sa femme et ses enfants en Mauritanie. Un tel scénario était inimaginable surtout qu’il s’agit d’un des cerveaux de la nébuleuse organisation terroriste islamiste.

Que vient -il chercher à Nouakchott ? Une affaire de haute importance qui intervient  en tout cas au moment où le voisin malien est coupé en deux, le Nord occupé par les touaregs du MNLA, le Mouvement National de Libération de l’Azawad qui a déclaré officiellement  son auto indépendance et le groupe islamiste Ansar Dine qui occupe Tombouctou et Gao, les deux villes historiques du pays pour y instaurer la charia ou loi islamique. Et le Sud par les putschistes du 23 mars dernier dirigés par le capitaine Sanogo.

Dans un contexte de trouble de voisinage accueillir Mahfoud Ould Al Walid  ne relève pas d’une fiction politique  mais au contraire d’un real politik( sic) du bon élève de l’Elysée Ould Aziz  qui pourrait bien profiter de cette aubaine  pour satisfaire éventuellement son maître notamment sur les otages français détenus par l’AQMI et surtout prêter le flanc du front pour permettre à la France d’intervenir discrètement au cas où la CEDEAO déciderait d’envoyer une force militaire tampon pour libérer le Mali.

La deuxième hypothèse ce serait d’épargner Nouakchott d’une régionalisation du conflit touareg. Nouakchott a déjà anticipé en envoyant des renforts militaires à l’Est et au Sud du pays pour parer à toute déstabilisation des barbus. Tractations politiques envisageables ou pas la réalité aujourd’hui c’est que Ould Aziz est confronté depuis quelque temps à une poussée de l’intégrisme religieux avec en première ligne les salafistes du parti Tawassoul de Ould Mansour ragaillardis par les succès électorales des partis islamiques  tunisien, égyptien et  libyen et qui tentent une percée à Nouakchott et à l’intérieur du pays avec en toile de fond la marche la semaine dernière des femmes voilées qui revendiquaient l’application de la charia en Mauritanie au détriment de la démocratie.

Auparavant les partis politiques avaient reçu une claque avec la prestation médiatique de Cheikh Mohamed Ould Dedew qui n’a pas mis les gants pour dénoncer le manque de courage politique et d’engagement du gouvernement de Ould Laghdaf  aux valeurs fondamentales de l’islam. Le président du centre de formation des Oulémas a même parlé d’atteintes aux libertés et la confiscation des droits des peuples et le manque de soins aux malades et l’assistance aux nécessiteux. Cette résurgence fondamentaliste est peut-être un début de réponse au président mauritanien qui avait demandé la retraite des barbus lors de son déplacement dans la capitale économique.

L’autre marmite bouillonnante c’est l’opposition mauritanienne résolue à descendre régulièrement dans la rue pour bousculer le gouvernement de Ould Laghdaf à démissionner  ou à hâter les réformes nécessaires pour la bonne gouvernance démocratique et économique. A quelques mois des législatives prochaines c’est le flou total sur le calendrier qui n’est pas encore fixé et qui pourrait à la longue pénaliser le parlement. En attendant la COD fait preuve d’une absence de consensus  et d’une obsession par le pouvoir.Elle se laisse même courtisée par l’ancien président Ely Ould Mohamed Vall qui ne se cache plus en participant à la marche récente de Nouakchott. Une façon d’attirer l’attention sur lui pour prendre plus tard sa revanche autrement sur Ould Aziz. Les islamistes profitent de cette confusion pour entrer en scène afin de modifier la donne politique et  pendant ce temps les mécontentements sociaux continuent. Une colère qui risque de se propager à travers le pays surtout avec le flux de réfugiés maliens à la frontière .La guerre ne fait que commencer.

Bakala Kane

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