Deux jours après la prise de Tombouctou, Sahara média explore la situation de l’intérieur même de la ville

(Des rebelles Touaregs. Crédit photo : Phuong Tran/IRIN)

Tombouctou, ville des secrets et des manuscrits, la plus ancienne des cités du nord Mali, et la dernière localité perdue par l’armée malienne, vit, depuis deux jours, un climat de tension perceptible, avec la présence, dans ses principaux centres névralgiques, des principaux mouvements azawadis qui ont combattu les troupes régulières sur plus de trois mois.

L’entrée des combattants pour la libération de l’Azawad dans cette « ville sainte » est perçue, à maints égards, comme l’ultime étape de la création du nouvel Etat de l’Azawad.
La ville s’est transformée, depuis le départ de l’armée malienne, en zones contrôlées par les différents mouvements alors qu’on parle d’une réunion, prévue, demain mercredi, entre Mohamed Ag Najem, chef d’état-major du Mouvement National pour la libération de l’Azawad (MNLA) et Iyad Ag Ghali, chef du mouvement « Ançar Eddine » pour discuter des modalités de proclamation de l’indépendance vis-à-vis du Mali.
La ville de Tombouctou s’étend, sous forme de bande, allant de la courbe du fleuve Niger au Sahara vers le nord, avec une forte concentration démographique dans cette partie de la cité aux quartiers très diversifiés.
Depuis dimanche, le MNLA a pris position dans la partie sud de la ville et occupe également la zone de l’aéroport, de Kabara, du fleuve et de ses points de passage menant vers Bamako. De son côté, le mouvement « Ançar Eddine » a pris position dans le centre-ville, depuis lundi, en compagnie de milices arabes où se trouvent la caserne de Cheikh Sid’El Bakaye, la wilaya, les banques et certains centres névralgiques de la cite historique.
Ghabou Ag Boulkhi, l’un des combattants du MNLA menant des patrouilles au sein de la ville, a déclaré à Sahara média « je me trouve actuellement au centre-ville qui est cependant sous contrôle d’Ançar Eddine », ajoutant que cela prouve que la sécurité règne à Tombouctou et niant l’existence de frictions entre les différentes factions qui ont combattu l’armée malienne.
Eddou, l’un des habitants touaregs de la ville, forgeron de son état, habite « Eberaz », l’un des plus grands quartiers populaires de Tombouctou, a déclaré que la dernière famille arabe « a quitté la ville ce matin, parce que cette communauté est préoccupée par la présence d’Ançar Eddine qu’ils confondent avec Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), et craignent, de ce fait, que la cité ne soit bombardé par la France ou la Mauritanie », selon ses propos.
Eddou a déclaré à Sahara média que les combattants de cette mouvance islamiste parcourent les quartiers populaires et y organisent des séances de prêche, y compris dans la grande mosquée de la ville (Jangar Eybir). Il rapporte qu’ils ont indiqué « ne vouloir du mal à personne mais lancent seulement un appel pour le retour vers Allah », selon son expression.
D’aucuns pensent que la présence d’Ançar Eddine dans la ville a provoqué une tension au sein des milices arabes qui se sont scindées, depuis lundi, en trois factions. L’une s’est jointe au MNLA, la seconde a quitté la ville pour s’installer quelques kilomètres plus loin, sans exprimer sa position sur les derniers évènements alors que la troisième a accueilli, le chef du mouvement Ançar Eddine, Iyad Ag Ghali , aux portes de la ville et la accompagné jusqu’à son nouveau QG (quartier général) en plein centre-ville.

Source  :  Sahara Media le 03/04/2012

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