La Mauritanie souhaite trouver un juste équilibre entre populations locales et réfugiés

(Un séminaire organisé récemment à Nouakchott s'est penché sur les moyens d'aider les milliers de réfugiés maliens entrant dans l'est de la Mauritanie. Crédit phot : Raby ould Idoumou/Maghrebia)

Alors que des centaines de milliers de personnes fuient le conflit dans le nord du Mali, les associations de la société civile en Mauritanie s’efforcent de veiller à ce que cette communauté de réfugiés puisse s’intégrer pacifiquement au sein de la population locale.

La sécheresse et l’afflux de réfugiés fuyant la guerre dans le nord du Mali constituent des menaces vitales dans l’est de la Mauritanie, incitant les militants civils à attirer l’attention sur leur sort et à demander une aide en faveur des couches les plus vulnérables de la société.

« Solidarité pour tous en Mauritanie », une fédération d’associations de la société civile, a organisé un séminaire le 20 mars à Nouakchott consacré aux activités de soutien aux populations locales dans les villes frontalières de Fassala et Bassiknou. Ce séminaire s’est penché sur les moyens de réduire au mieux l’incidence des mauvaises conditions de vie dans ces régions à la lumière de cette double crise.

Ce séminaire a réuni des militants de la société civile, des représentants d’agences onusiennes, et d’autres spécialistes dans les domaines du soutien aux populations affligées. Plusieurs habitants locaux de l’est de la Mauritanie étaient également venus pour présenter leurs idées et entendre les solutions proposées par les experts.

Selon ces militants, un plan d’urgence doit impérativement être mis en place pour assurer l’approvisionnement en eau potable, en médicaments et en nourriture, et pour élaborer une solution à long terme destinée à mettre en place les infrastructures et sensibiliser à l’importance de la coexistence entre les populations rurales et les réfugiés.

« La situation dans cette région pèse lourdement sur les habitants de Fassala et de Bassiknou par suite de leur implantation à la frontière », a commenté Makfoula Mint Ibrahim, militante des droits de l’Homme et membre de cette initiative. « Les habitants des deux villes sont contraints d’accueillir de nombreux réfugiés dont le nombre, en l’espace de quelques jours, a largement dépassé celui des habitants de la région. »

« Cette situation a à son tour redoublé les souffrances de centaines de Mauritaniens qui, comme le reste de la population du pays, ont été cette année victimes d’une sécheresse qui a ruiné l’économie locale, basée sur les ressources animales », a-t-elle expliqué. « Les populations locales vivent aujourd’hui plus que jamais dans l’insécurité concernant leurs moyens de subsistance. »

« Il est important de faire connaître la situation de ces populations locales, parce que cela assurera la protection des réfugiés, en éduquant les populations indigènes à une culture de la paix, plutôt qu’en considérant ces réfugiés comme des invités indésirables », a indiqué Mint Ibrahim à Magharebia.

Nana Mint Salem, 44 ans, une Mauritanienne mère au foyer habitant à Bassiknou, a déclaré à Magharebia que les problèmes des habitants locaux pouvaient se résumer en trois points.

« Au niveau culturel, bien que nous soyons à la frontière avec le Mali, nous, les habitants de la province orientale de la Mauritanie, sommes différents des Maliens en termes d’habitudes sociales et culturelles. Cela rend impératif une sensibilisation à la nécessité de la paix et au respect de la différence entre les peuples, pour permettre à cette population de s’adapter confortablement à cet afflux de réfugiés », a-t-elle ajouté.

Le deuxième point est que cet afflux de réfugiés a entraîné une hausse des prix alimentaires et une pénurie de produits.

Selon Mint Salem, le troisième problème concerne l’éducation. « Les infrastructures ne peuvent répondre aux nombres d’enfants réfugiés. Il est donc nécessaire de réfléchir aux moyens d’assurer à ces enfants un accès aux écoles », a-t-elle précisé.

Ibrahim Yahia Bocoum, coordinateur général de l’initiative Solidarité, a affirmé que les autorités mauritaniennes, les organisations internationales et les militants de la société civile avaient déployé des efforts encourageants dans l’est du pays.

« La tragédie des réfugiés maliens ne doit pas nous faire oublier les problèmes que connaissent les deux villes de Fassala et Bassiknou, qui en souffrent beaucoup », a-t-il ajouté.

Il a souligné que cette initiative est destinée à aider la population par le biais de la fourniture de services essentiels tels que l’eau potable, les médicaments et la nourriture avant de se pencher sur la mise à disposition d’infrastructures, pour alléger les souffrances de la population.

Raby Ould Idoumou

Source  :  Magharebia le 28/03/2012

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