LE CALAME: Après Dar El Barka, Boghé et Bababé, voilà que le département de M’Bagne se retrouve au cœur des expropriations des terres de la vallée du fleuve sénégal.
La localité de Sorimalé, village situé dans la commune de Niabina, département de M’Bagne est sorti de son anonymat à cause de sa fosse commune découverte en 1992, suite aux évènements de 1989. Samba Diouldé Dia, Abou Mamadou et Thierno Moctar Diallo, partis à la recherche de leur bétail avaient été lâchement exécutés par des hommes armés qui écumaient la forêt de Dialkal, située à quelques pas du village de Sorimalé.Les paisibles citoyens de cette localité, victimes de la barbarie des forces de l’ordre et de sécurité et qui peinent à faire le deuil des disparus, pensaient tout de même que les exactions étaient derrière eux. Mais hélas c’est sans compter avec les démons de la terre ! En effet, il y a quelques jours déjà, un individu débarque dans la localité, flanqué de deux compagnons dont l’un serait suspecté d’être impliqué dans l’affaire de la fameuse fosse commune, pour intimer l’ordre à un citoyen de Sorimalé, vivant à quelques encablures du village avec ses animaux de libérer les lieux parce que, prétend-il, la zone lui appartient. Selon des informations en provenance de la localité, cet individu serait, dit-on, le fils d’Ould Saibott, arrivé dans la zone à la faveur justement des évènements de 1989, pour exploiter le charbon.
A en croire nos sources, l’homme aurait laissé apparaître qu’il disposerait d’un titre d’attribution, sinon, comment comprendre le fait de dire à ce citoyen de s’adresser au Hakem de M’Bagne pour en avoir le cœur net. Comme on l’imagine, ce fut la stupeur et l’incompréhension dans l’ensemble des villages voisins qui ont sonné la mobilisation. Après avoir informé le poste de police stationné dans ce village, les responsables des villages environnants, impliqués saisissent, par une plainte en bonne et dû forme, le Hakem du département. Une enquête est confiée à la brigade de la gendarmerie.
Cette attitude, pour ne dire cette arrogance vient remettre sur le tapis l’entreprise d’expropriation des terres arables de la vallée avec la complicité de l’administration territoriale. On est où là ?
A Sorimalé et environs, on déclare n’avoir vu ni affichage, comme le stipule la réforme agraire de 1983 portant sur cette portion de terre, ni même entendu cette prétendue attribution de cette portion de terre, non seulement cultivable, mais aussi située dans l’espace vitale de presque 7 villages environnants. Aucun de ces villages ceinturant ces terres cultivables n’a été informé d’une telle attribution qui, si elle existe, serait le fruit d’une transaction entre l’administration et le prétendu bénéficiaire, sans respect d’aune règle, sauf en vigueur à l’époque dans ce territoire conquis : faire profiter au maximum les terres de la vallée aux cousins, aux officiers de l’armée, de l’administration, des hommes d’affaires et autres… avec souvent la complicité ou le silence coupable des ressortissants de cette vallée des larmes, suppôts du régime tortionnaire de l’époque. Mohamed Ould Abdel Aziz a raison de pourfendre ce pouvoir même s’il ne va pas jusqu’au bout.
Par ailleurs, face à cette situation, un certain nombre de questions méritent d’être posées. Pourquoi, après tant d’années de silence, ce prétendu propriétaire de la zone sort-il d’on sait où ? N’est-on pas entrain de vouloir tout simplement, comme le croient un certain nombre d’observateurs, effacer toutes les traces de la fosse commune située effectivement non loin de là, après la décision de Biram Oud Abeid, président de l’IRA d’effectuer le pèlerinage à Sorimalé en cette année 2012 ? Affaire à suivre…
Source : Le Calame le 22/03/2012
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