Le Mali est entré depuis hier dans une nouvelle étape de sa déstabilisation intérieure, qui n’est cette fois pas l’œuvre des rebelles touaregs, ni d’un présumé printemps africain, mais de forces loyalistes mécontentes d’une guerre qu’elles mènent depuis des semaines sans armement véritable pour contrer la puissante force de frappe des ravisseurs du Nord, soutenus par la nébuleuse terroriste Aqmi.
Il y a quelques mois, le président malien déclarait se préparer à partir. Il risque aujourd’hui de s’en aller plutôt que prévu….car assagi par une guerre malienne où ses forces loyalistes semblent faiblir de jour en jour devant un ennemi surarmé qui ne cesse de mettre sans mainmise sur le pays.
Les tentatives du dialogue interne ne semblent avoir servi à rien et la déstabilisation de l’Etat est présentée comme un plan concocté de l’extérieur mais exécuté par des maliens contre eux-mêmes, autrement dit par les touaregs du Nord contre les maliens du Sud. Dans cette impasse qui n’en finit pas de grandir et de s’élargir, les pays voisins observent un profil bas et laisse le Mali se déchirer, sans oser jouer aux médiateurs pour réconcilier ce peuple déchiré. Le Maroc et la Mauritanie sont au passage accusés de nourrir cette guerre et d’y trouver la réalisation d’anciens rêves vivement souhaités. Nouakchott a été même indexée d’armer les rebelles touaregs contre le régime malien, lequel, se trouve depuis mercredi dans le bourbier de ses loyalistes. En effet, des soldats, dont le nombre est inconnu, avaient investi hier le siège de la radio-télévision publique. Ils entendent ainsi se révolter contre le manque de moyens pour combattre la rébellion touareg et les groupes armés dans le nord du pays. Ils avaient tiré en l’air dans le bâtiment, situé au centre de Bamako, et ont fait sortir tout le personnel. La radio nationale a suspendu ses programmes. L’un de ces militaires a affirmé à RFI que les soldats ne souhaitent pas renverser le président de la République, Amadou Toumani Touré. « C’est notre président, mais il faut qu’il règle les choses », a indiqué le caporal Soundiata Kéita. Le chef de l’État est toujours dans son palais présidentiel et les soldats ont bouclé le secteur. Quelques heures plus tôt, des soldats avaient manifesté en tirant en l’air dans un camp militaire de Kati, ville-garnison à quinze kilomètres de Bamako, afin de réclamer un armement adapté pour combattre dans le nord. Début février, des femmes et proches de soldats avaient manifesté dans plusieurs villes maliennes, dont Bamako, pour dénoncer le silence sur la situation de ces soldats et la « mollesse du pouvoir » face aux rebelles touareg. Certains manifestants ont saccagé des propriétés appartenant à des Touareg. Les manifestants s’en étaient également pris aux biens des Arabes du Mali et des Mauritaniens installés dans le pays. Le Mali est confronté depuis le 17 janvier à des attaques de rebelles touareg rassemblés dans le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et d’autres rebelles, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi. Ces combattants ont pris plusieurs villes du nord du pays.
Amadou Diaara
Source : Le Rénovateur le 22/02/2012
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com