Mauritanie : Aqmi, le meilleur ennemi

aqmi_6Crise. Contesté dans son pays, le président Abdelaziz multiplie les opérations contre Al-Qaeda au Mali.

Il veut s’imposer comme l’homme des Occidentaux dans une région tourmentée . En multipliant les offensives militaires contre Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), jusqu’au Mali voisin, le président mauritanien, Mohamed ould Abdelaziz, est devenu un allié précieux. Cette semaine, ses troupes sillonnaient ainsi la région de Tombouctou, au Mali, à la recherche des groupes qui détiennent plusieurs otages, dont six Français. Mais en s’intronisant héros d’une guerre régionale, le président Abdelaziz ne cherche-t-il pas surtout à pallier son impopularité croissante dans son propre pays ?

Après avoir manifesté lundi dans la capitale, l’opposition a exigé, jeudi, l’installation d’un gouvernement de transition. L’ex-général putschiste arrivé au pouvoir en 2008, puis élu l’année suivante, fait face à une grogne multiforme qui est aussi identitaire, liée aux tensions entre les deux composantes de la population : les Beidanes (Maures blancs, d’origine arabo-berbère) et les Négro-Mauritaniens. Des tensions ravivées par un recensement de la population ordonné par Abdelaziz et jugé discriminatoire par les Maures noirs.

Or, face à la crise qui menace, l’homme qui traque les preneurs d’otages dans le désert a, lui aussi, son propre captif : Lemine ould Dadde. Comme le Président, c’est un Maure blanc. Sa particularité ? Contrairement à la plupart des Beidanes, il dénonce depuis longtemps l’esclavage, toujours en pratique dans le pays malgré son abolition en 1981.. Geste rare, il a même affranchi l’esclave qu’on lui avait attribué à sa naissance.

En 2009, surprise : il est nommé commissaire au Droits de l’homme par… le président Abdelaziz. Mais, un an plus tard, accusé de détournements de fonds, il est jeté en prison. Il y est toujours, illégalement, malgré une forte mobilisation en Mauritanie comme en France. Le 6 mars, son procès a été une nouvelle fois reporté. Le même jour, le crime d’esclavagisme était inscrit dans la Constitution. Mais l’homme qui aurait dû être le premier à s’en réjouir reste derrière les barreaux.

Source: Libération

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