
– Pourquoi tu as choisi le titre ‘’Aumône du Patriarche’’, pour mon roman, demanda mon Président à son scribe ?
– Je pense qu’il est évocateur à plus d’un titre, Excellence, Patriarche de toutes ces contrées, Patriarche des dunes mouvantes, des vallées immuables, des mers agitées et peu agitées, des arbres, des poissons dans l’eau et en dehors de l’eau, des animaux, des vaches, ‘’en vaches’’, des brebis galeuses, des moutons de Panurge, des chameaux et des chèvres, débite le nègre.
– Je suis aussi ‘’le Parachute’’ des automobiles, des sous, du foncier et de l’immobilier, des prisons closes et ouvertes, des caisses trouées et hermétiques, tu as oublié ça, voyou, gronde mon Président ?
– Je n’ai pas oublié, mon Patriarche…
– Laisse tomber, dis-moi, c’est quoi ‘’Aumône’’ ? Parachute, ça, je connais !
– Aumône, mon Patriarche, c’est un don qu’on fait pauvre.
– Tu es sûr qu’on n’en fait pas aux riches ?
– Ah, non ! Qu’aux pauvres, Patriarche !
– Et ces pauvres qui perçoivent l’aumône vont-ils devenir riches un jour ?
– Jamais ! Ils resteront éternellement pauvres !
– Tu me rassures. Bon, parle-moi donc de ce titre et parachute quel rapport avec l’Aumône ?
– J’aime bien votre suggestion, Patriarche ! Parachute est bien évocateur. C’est vrai que vous êtes un peu le Parachute de tous les biens matériels, c’est vous que les faites descendre sur vos sujets, comme une œuvre de parachute. Mais, le titre que j’ai proposé est PATRIARCHE.
– C’est quoi donc ce mot, je ne le connais pas, ça doit être un mot nouveau, je ne l’ai jamais vu dans mes lectures, ni d’ailleurs, celui d’Aumône !
-C’est un titre honorifique qui vous hisse, Majesté, au summum de la pyramide du pouvoir…au dessus des Présidents et des Monarques !
– Et, des riches !
– Absolument, Patriarche!
– C’est pour cette raison donc que tu as choisi ce titre ?
-L’une des raisons, Patriarche ! L’autre raison est d’essayer de pasticher Gabriel Garcia Marquez, en jouant sur son fameux titre de roman : ‘’L’automne du Patriarche.’’
– Gabriel Garcia Marquez ! C’est qui, celui-là ? Ce n’est pas un fabriquant de pneu pour automobiles ? Je crois avoir lu ce nom sur un livre guide automobile !
– Sans doute, Patriarche, vous avez, bien évidemment raison. Je ne suis qu’un simple scribe, l’Auteur c’est vous, je n’ai pas accès à toute cette production littéraire dont vous disposez.
– Gabriel Garcia Marquez, l’Automne du Patriarche…Ah, je vois. Il doit être, donc, comme son nom l’indique un fabriquant de pneu automatique. C’est génial ! L’Automne, automatique. Cela me convient bien aussi. Des pneus automatiques.
– Effectivement. L’Automne du Patriarche est aussi le titre de l’un des romans de Gabriel Garcia Marquez. Il l’a écrit sur trois ans. Il est aussi l’auteur de : ‘’ Cent ans de solitude’’. Il a même obtenu le prix Nobel de littérature.
-C’est possible, donc, que je décroche ce prix à la sortie de ce livre que je suis en train d’écrire ? C’est pourquoi tu as choisi le titre, je comprends, maintenant. Mais, dis-moi, c’est combien de dollars, ce prix ?
-C’est de la gloire, Patriarche.
– Ne me parle pas de gloire, Dollars, Dollars, Dollars !
– Aussi, des millions de dollars…
-Bon ! Tu as préparé l’introduction ou bien on attaque directement le roman ?
-Cela dépend de vous ? Vous me dites, moi, j’écris…
– Allez, faites voir, lisez moi ce passage.
Le scribe saisit le passage en question et entame la lecture :
‘’…La cour du Palais de la République est infesté de châssis, de pneus, d’arbres de transmission et d’arbres qui ne transmettent rien du tout, de cardans, de tableaux de bords sans directions, de directions sans tableaux de bords, de voyants rouges et d’autres de toutes les couleurs, de moteurs qui vrombissent. Le patriarche vient de sortir de la douche, sa douche hebdomadaire, il est tout onctueux et visqueux. Les huiles de moteurs coulaient sur son organisme. Il riait. C’est l’éclat qui disait son rire. Les sourires du patriarche sont imperceptibles lorsqu’il sort de la très rituelle douche hebdomadaire. Un rituel mécaniquement bien préparé, auquel sont mis à contribution tous les mécaniciens des villes et campagnes. Certains se chargent de la jambe droite qu’ils oignent de toutes les graisses de grandes et de petites marques, Areca, Motul, et bien d’autres… ».
Mouna mint Ennass
Source : Maurichronique le 15/03/2012
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