Le 25 mars prochain, le second tour du scrutin présidentiel au Sénégal opposera M. Abdoulaye Wade, chef de l’Etat sortant, à M. Macky Sall, son ancien Premier ministre. A l’approche de l’échéance, M. Amadou Diallo, membre du directoire de campagne de ce dernier en France, a accordé une interview à Kassataya.
Votre candidat est qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle qui aura lieu le 25 mars. Est-ce un vote d’adhésion à votre programme ou un rejet de la candidature de M. Wade ? L’élection ne se résume-t-elle pas à un référendum pour ou contre le président sortant?
Le premier tour n’a pas été un référendum car il faut rappeler qu’il y avait quand même 14 candidats et Macky est arrivé deuxième. Je pense qu’il a été plébiscité par rapport à son projet et son travail. Depuis la création de notre parti l’APR (l’Alliance pour la République) en 2008, il est allé à la rencontre des Sénégalais que ce soit à l’intérieur du pays ou à l’extérieur. Et puis il y a une logique et une cohérence par rapport à sa démarche, il s’est toujours focalisé sur son objectif. Et ce sont tous ces efforts qui ont été récompensés.
N’y a-t-il pas quelque chose de surréaliste dans ce scrutin ? Vous dites que la candidature de M. Wade est illégale et qu’il doit se retirer alors qu’il a quand même remporté le premier tour et que votre leader s’apprête à l’affronter au second. N’est-ce pas là une façon d’accepter sa candidature ?
En fait nous nous battons sur deux volets. Le premier est celui de défendre la République ; le second est de faire tout pour préserver la paix sociale au Sénégal. Donc il y a toutes ces actions qui ont été menées avant la candidature de Wade et après la validation de celle-ci par le Conseil constitutionnel et au début de la campagne électorale du premier tour. Nous avons tout fait afin qu’il respecte la Constitution du pays et qu’il retire sa candidature. Mais puisqu’il refuse de partir par la rue nos alliés et nous ferons en sorte qu’il parte par les urnes.
M. Abdoulaye Wade accuse M. Macky Sall d’appeler au vote ethnique en sa faveur. La communauté Haal Pulaar dont est issu votre candidat constitue-t-elle votre principale pourvoyeuse d’électeurs ?
Ce n’est pas sérieux d’attaquer Macky Sall dans ce domaine, il n’a jamais posé un acte dans ce sens. Et puis, bien qu’il soit issu de la communauté Haal Pulaar il a quand même une culture Wolof et Sérère. D’ailleurs sa base se trouve à Fatick, sa ville natale, qui est un fief Sérère. C’est pourquoi il n’appartient à aucune ethnie et ce brassage culturel lui permet de rassembler tous les Sénégalais. Par ailleurs, si on regarde de près les résultats du premier tour on s’aperçoit qu’il a perdu dans certaines localités habitées par des Peuls, à Kolda par exemple.
En réalité c’est Abdoulaye Wade qui essaie de diviser les confréries religieuses et les Sénégalais. Et c’est extrêmement grave de la part de celui qui devait être garant de la cohésion nationale.
Tous les candidats de l’opposition battus au premier tour vous apportent leur soutien pour le second tour. Mais est-ce que les divergences de la première manche ont été aplanies vu qu’on reprochait notamment à M. Sall de faire cavalier seul en allant battre campagne alors que les autres manifestaient à Dakar ?
Les divergences politiques ont le mérite d’exister en démocratie pourvu que ce soit dans le cadre d’un débat politique sain où chacun peut défendre ses idées. Macky a toujours été favorable à un débat contradictoire que ce soit au niveau de Benno, des Assises nationales ou du M23 (NDLR, coalition de partis d’opposition et de la société civile). Maintenant les candidats de l’opposition et les membres de la société civile ont pris de la hauteur face à l’importance de l’enjeu. Ils ont laissé de côté leur égo et leurs ambitions personnelles pour mettre l’accent sur leurs points de convergence et unir leurs forces autour de Macky pour l’aider à gagner le second tour de l’élection présidentielle.
Mais le ralliement des leaders de l’opposition suffira-t-il pour gagner sachant que le taux d’abstention au premier tour s’élève à 48 % ? Que comptez-vous faire pour, d’une part, inciter les abstentionnistes -qui constituent une importante réserve de voix- à accomplir leur devoir de citoyen et, d’autre part, à voter pour votre candidat ?
Je pense que beaucoup d’abstentionnistes nous sont favorables en ce sens que le pouvoir a atteint le maximum de sa mobilisation car il avait plus de moyens pour le faire. Mais il faut aller les chercher en faisant du porte-à-porte et leur expliquer l’enjeu de ce second tour. Et c’est pourquoi tous ceux qui sont derrière Macky doivent descendre sur le terrain, aller à la rencontre de ces électeurs et les convaincre de voter pour lui le 25 mars.
On ne va pas terminer cet entretien sans parler de la Mauritanie qui abrite une importante colonie Sénégalaise ; d’ailleurs M. Macky Sall était venu à Nouakchott pour rencontrer les Sénégalais qui, d’après les résultats de la première manche de l’élection, ont voté en majorité pour son rival. Quel message leur adressez-vous à la veille du second tour ?
Je voudrai d’abord remercier nos militants et nos électeurs en Mauritanie. Macky est effectivement allé à leur rencontre et il a été reçu très chaleureusement. Et d’ailleurs lors de son congrès d’investiture à Dakar, il y avait des personnalités mauritaniennes. J’appelle les ressortissants sénégalais en Mauritanie à faire confiance à notre candidat eu égard à son expérience de l’Etat, à sa jeunesse et à sa compréhension des problèmes et de l’importance de la diaspora. Celle-ci est d’ailleurs symbolisée par une étoile au sein de notre parti et nous comptons la mobiliser pour l’impliquer dans notre projet politique pour le Sénégal. Et avec Macky Sall comme président, je pense qu’on verra l’émigration d’une autre manière.
Propos recueillis par Ibrahima Athie
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