Présidentielles 2012- Sénégal : continuité avec le régime Wade ou changement avec Macky Sall ?

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Les sénégalais vont retourner aux urnes le 25 mars prochain pour choisir leur prochain président. Entre le Président sortant Abdoulaye Wade qui a obtenu 35 pour cent des suffrages au premier tour et son challenger Macky Sall 26 pour cent.

Contrairement au premier tour le coeur des sénégalais ne bat plus la chamade avec au final un grand avantage à l’ancien premier ministre et président de l’assemblée et leader incontesté de l’Alliance pour la République (APR) soutenu par la quasi totalité de l’opposition sénégalaise, les mouvements citoyens M23 et les jeunes « Y en a marre » et une bonne partie de la société civile et religieuse.

Cette deuxième confrontation entre le maître et son ancien élève est cependant polluée par un vent de campagne qui souffle plus du côté des religieux en particulier des mourides en faveur du talibé et non du candidat Wade. Un deuxième tour ponctué par des stratégies de communication ou de propagande dont Laye « Ndiombar » Abdoulaye le lièvre a tous les secrets pour combler le déficit de réserves de voix pour le second tour d’un côté et de l’autre par un jeu d’alliances que son ancien directeur de campagne en 2007 et challenger entend mettre à profit pour cette dernière ligne droite des présidentielles. Les jeunes des banlieues bien présents dans cette dernière course et qui ont pour la plupart suivis les rappeurs de « Y en a marre » ont voté contre Wade le 26 février dernier.Ils s’imaginent mal que « Gorgui » le vieux, âgé de 84 ans rempile pour une troisième fois. Et d’ores et déjà le pape du « Sopi » a fait savoir à qui veut l’entendre qu’il va céder le fauteuil au bout de 3ans de son septennat s’il est réélu le temps juste d’achever les travaux d’Hercule que lui et son fils Karim ont déjà entamé. C’est clair le père n’a pas changé d’avis et roule pour son héritier. Bien entendu son adversaire et favori pour être le nouveau locataire du palais de Dakar ne l’entend pas de cette oreille. Ragaillardi par le soutien de l’opposition sénégalaise en particulier « Benno Siggil Senegal »de Moustapha Niass arrivé derrière lui avec un score honorable de 13 pour cent suivi du leader du PS Ousmane Ténor Dieng avec 13 pour cent et enfin Idrissa Seck avec 8 pourcent, le chef de l’UPR compte également sur le mouvement historique M23 et les petits candidats battus pour donner le coup de massue à son ancien mentor. Quoiqu’il en soit les sénégalais sont appelés à se prononcer le 25 mars prochain entre deux projets de société soit le maintien ou la continuité du régime Wade et de son clan caractérisé par le despotisme et la corruption à tous les niveaux et l’impunité soit l’avènement d’une nouvelle gouvernance démocratique dont une nouvelle constitution qui devra s’inspirer des Assises nationales. A quelques jours du verdict des urnes, les observateurs s’interrogent déjà sur le tollé général que la victoire de Wade susciterait dans l’ensemble du pays voire à l’étranger. C’est peu probable mais en politique tout est possible. Le vieux n’a pas encore dit son dernier mot. Cependant le premier tour a montré que bien que le président sortant soit arrivé en tête il n’en demeure pas moins qu’il a perdu la bataille et beaucoup de sa crédibilité parce que plus de 65 pour cent des sénégalais l’ont rejeté et que finalement c’est le changement qu’ils aspirent. Pas n’importe quel changement car la dispersion des suffrages au premier tour interpelle plus Macky Sall qui doit gagner ces élections en rassemblant tous les sénégalais. Il devra composer au moins avec l’opposition pour y arriver et surtout si tout se passe bien pour garder une future majorité au parlement. C’est la condition sine qua non sinon il pourrait se retrouver en ballotage sérieux aux législatives. Autrement dit peut-être en cohabitation. Ce n’est pas une vue de l’esprit mais une donnée réelle du nouveau paysage politique sénégalais. Les dinosaures ( Niass, Tanor et Idrissa)ayant perdus seront bien tenter de le recomposer. Finie la suprématie d’un seul parti. En attendant c’est le leader « Fekke ma ci boolé »Youssou Ndour dont la candidature avait été recalée par le conseil constitutionnel qui se montre le plus dynamique des supporters de Macky. Le roi du Mbalax s’invite dans cette campagne avec en toile de fond son opération « Wër Ndombo » c’est-à-dire une posture de lutte qui consiste à ceinturer par derrière son adversaire. Un tour qu’il compte jouer à Wade pour soutenir Macky au travers d’un forum social, d’une consultation de médecin gratuite pour les populations démunies et enfin d’un mini concert sous forme de messages politiques pour booster le candidat du changement.

Bakala Kane

(contribution reçue à Kassataya le 10/03/2012)

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