Mauritanie : les prochaines élections législatives et municipales sur fond de nettoyage constitutionnel

bakala_kane_rim

Le président mauritanien vient de consulter les parlementaires de sa majorité au palais de Nouakchott sur l’adoption de la révision de la constitution qui porte sur les accords du dialogue « national » à savoir la diversité culturelle, l’incrimination de l’esclavage et des coups d’Etat en Mauritanie. Mais ces principales innovations politiques se heurtent au calendrier électoral  non encore officiel des prochaines législatives et municipales.

Lenteur qui tient au fait que le conseil constitutionnel a demandé aux parlementaires de revoir leur copie sur les prérogatives de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) composée plus de personnes âgées  et souffrirait de manque d’objectivité voire d’ incompétence dans le dépôt des candidatures.

Pour les observateurs, le rappel des parlementaires européens pour l’organisation rapide des élections législatives  à l’issue de leur séjour récemment à Nouakchott pourrait bousculer les habitudes des autorités de Nouakchott à jouer plus vite que les violons afin d’éviter un éventuel blocage des institutions. Depuis la promulgation de la constitution en 1991 par l’ancien président Ould Taya, c’est la première fois qu’elle est révisée. Autrement dit plus de deux décennies après suite à des accords issus du dialogue politique en 2011 entre une partie de l’opposition et la majorité dans la perspective de régler  une partie des questions de la cohésion sociale c’est-à-dire l’inscription en lettre d’or de la diversité culturelle pour la reconnaissance de toutes les composantes du pays. Mais  toujours est-il que les mauritaniens sont soulagés moralement du fait que dorénavant les coups d’Etat et l’esclavage sont considérés comme des crimes. Mais cette innovation politique ne régule pas l’exercice des pouvoirs en Mauritanie. Bien que la responsabilité du premier ministre  soit plus reconnue devant le parlement, il n’en demeure pas moins qu’il est toujours nommé par le président de la république dont les pouvoirs sont encore plus renforcés aujourd’hui. La nouvelle constitution  ne changera pas fondamentalement grand-chose parce qu’elle est toujours adaptée aux desiderata d’un seul homme, Ould Aziz qui n’a pas encore fixé le calendrier des prochaines élections législatives et municipales vraisemblablement faute de fichier électoral fiable. Un retard qu’il doit assumer personnellement parce qu’il a démarré tardivement l’opération de l’enrôlement des populations sous le vocable de recensement biométrique  qui a vite tourné vers des dérives ethniques. Ce qui a conduit à l’avènement du mouvement citoyen »Ne touche pas à ma nationalité » et les nombreuses manifestations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays contre la «  dénégrification » de la Mauritanie. Ensuite les parlementaires  mauritaniens devront parer au plus pressé pour réexaminer les réserves du Conseil constitutionnel relatives à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sur l’âge de ses membres et ses prérogatives d’organisation des élections et du dépouillement des résultats jusqu’ici réservés au ministère de l’intérieur et du dépôt des candidatures .En reprenant langue la semaine dernière avec les parlementaires de sa majorité  à la Maison brune Ould Aziz semble plutôt avoir la tête ailleurs. A mi-mandat c’est un signe de fatigue et au de-là un immobilisme politique qui l’empêche de proposer aussi rapidement une date pour les prochaines échéances malgré aujourd’hui le rappel des parlementaires européens  à l’issue de leur séjour dans capitale mauritanienne pour organiser le plus rapidement ces élections qui tardent à venir depuis juillet 2009 précisément. Les récentes allusions du nouveau locataire du palais de Nouakchott à l’éventualité de ne pas briguer un second mandat ne doivent pas être prises comme une saute d’humeur mais  comme un état de frustration du président « des pauvres » au sein de sa propre majorité et également un clin d’œil à Ould Laghdaf et son gouvernement qui passent plutôt être incapables de mettre en œuvre le programme de lutte contre la pauvreté et  les réformes de modernisation de l’administration mauritanienne aujourd’hui entre des mains de ceux qui veulent plus la nuire. La dégradation continue de la situation sociale caractérisée par la grogne des étudiants, des enseignants,des ouvriers et des réfugiés plaident en faveur d’élections législatives et municipales immédiates pour donner un nouveau souffle au prochain gouvernement et aux nouveaux parlementaires et maires des communes.

Bakala Kane

(Contribution reçue à Kassataya le 04/03/2012)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Les opinions exprimées dans la rubrique Tribune n’engagent que leurs auteurs. Elles reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

 

Quitter la version mobile