Une diplomatie dans l’agonie

diplomatie_rim545

Les sorties diplomatiques du Premier ministre et celles de son ministre des Affaires étrangères risquent de ternir notre image à l’extérieur. En Syrie pour le premier, en Libye et à Addis-Abeba pour le second, des lourdeurs de tout genre sont en train de peser sur nos rapports avec l’étranger.

Réussissant la prouesse de ne fréquenter que des infréquentables et de ne prendre des décisions qu’à contre-courant du monde des civilisés, le gouvernement actuel pèche sur le plan international.

Comme on le dit souvent, la diplomatie n’est que la facette extérieure de la politique intérieure d’un pays. Si la situation interne est sereine, équilibrée, stable avec des conditions de vie, de travail et d’existence répondant au minimum international reconnu, le pays peut prétendre à un poids diplomatique considérable. Le monde de la globalisation ne reconnaît que les Etats respectueux du droit et des normes des sociétés civilisées. C’est-à-dire, des Etats qui assurent le respect de leurs engagements internationaux, adhèrent à toutes les conventions internationales qui n’entrent pas en contradiction directe avec leurs valeurs principales ; veillent à l’observation stricte des principes d’égalité entre les citoyens, respectent les droits de l’homme, garantissent l’indépendance d’une justice efficace, neutre, indépendante et souscrivent aux règles de l’économie du marché. Ce n’est pas rien ! Et c’est possible dans ce pays. C’est justement la mise en place des conditions d’exercice et d’intégration de ces principes dans notre mode de fonctionnement que nous attendons du gouvernement de M. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Une telle perspective est manifestement vaine, les maîtres des lieux, n’ayant ni les capacités, ni les dispositions de répondre à une telle perspective. L’occasion pour nous de nous rappeler de l’époque de l’âge d’or, de l’épopée de la grande diplomatie mauritanienne qui jouait le rôle de catalyseur, de pacificateur, de médiateur invétéré et infatigable dans tous les conflits à travers le monde. Nous étions alors l’une des voix les plus écoutées en Afrique et dans le monde. Nous incarnions une nouvelle école diplomatique : un petit pays sous-développé avec une diplomatie qui dépassait, et de loin, son poids réel. La belle époque a duré de 1964 à 1978.

A cette époque, nous étions la porte de passage obligatoire pour l’Afrique noire. Nous initiâmes le dialogue et la coopération arabo-africaine qui fait aujourd’hui la fierté d’autres pays. Nous étions l’un des géants du Tiers-Monde et pesions un poids considérable dans le groupe des Non alignés. Des puissances moyennes comme l’Inde, l’Indonésie, l’Egypte, Cuba et le Brésil étaient nos alter egos sur la scène internationale…

Aujourd’hui, c’est le tâtonnement. C’est la gestion du complexe qui s’installe aux commandes. Celle qui essaie de sortir de la peau qui était naturellement la nôtre. Pourquoi, nos ministres se rendent-ils aux confins du monde tentant d’apporter leur contribution à la paix dans des pays cibles à l’heure, où, à côté, au Sénégal proche et au Mali, c’est le feu.

A force de vouloir la changer pour celle des autres et sans manière, nous avions perdu beaucoup de notre superbe. La fièvre de l’amour à s’identifier à d’autres expériences pas forcément porteuses, nous a même poussés à détruire les fondements les plus élémentaires d’une diplomatie digne de respect. Nous avions privilégié une diplomatie de suivisme aveugle et sans objectifs autres que ceux de plaire à des maîtres et à des puissances aussi hypocrites que malveillantes. Ceci nous a poussé à nouer des alliances contre nature, tantôt avec le diable d’à côté, tantôt avec le démon des contrées les plus lointaines. Ne pouvant pas trouver nos marques, nous avons commencé à collectionner les bêtises et à récolter la dérision des autres.

Comme dans d’autres domaines, les nouveaux maîtres entrés dans notre histoire par effraction nous ont conduits à une impasse terrible. Au moment où il ne le fallait pas, ils ont douté d’eux-mêmes, du génie de notre peuple et de ses grandes ambitions historiques en Afrique, dans l’espace arabe dans celui de l’Afrique et dans le monde. Au passage, ils ont tué l’ambition de grandeur et de respectabilité dans notre diplomatie. Ils ont banalisé l’importance de notre image. Ils ont dilapidé l’héritage de grandeur et de lucidité qui avait forgé et façonné notre bonne réputation.

N’est-il pas temps de se ressaisir et de racoler tout ce qui a été déchiqueté.

Amar Ould Béja

Source  :  L’Authentique le 28/02/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page