» Emel 2012  » : Tricherie des Pouvoirs publics

boutique_solidarit1

Ce n’est pas l’empressement dans la mise en œuvre du fameux programme d’urgence  » Emel 2012 « . A part la couverture de la cérémonie de lancement, présidée par le Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf, la tendance est à ne pas trop attirer l’attention sur un programme parti pour être un vrai fiasco politico-social. Questions de moyens, mais aussi de mauvaises prévisions.

 » Emel 2012 «  doté théoriquement d’une enveloppe financière de près de 45 milliards d’ouguiyas a-t-il, réellement commencé ? La question mérite d’être posée quand on constate la frilosité avec laquelle le gouvernement procède dans la mise en œuvre de ce plan d’urgence destiné à atténuer l’impact de la sécheresse sur les populations, notamment en milieu rural. A moins de 5 mois de la période d’hivernage, les autorités font preuve de fainéantise pour voler au secours des victimes d’une sécheresse dont les conséquences ont commencé à se faire ressentir depuis plusieurs mois déjà. Cette frilosité est même ressentie à Nouakchott où les boutiques ouvertes par la Sonimex dans le cadre du programme  » Emel 2012 «  n’attirent pas grand-monde. La grande campagne de matraquage qui suit généralement ce genre d’opérations, avec les  » témoignages  » sélectifs de citoyens aux nues pour avoir bénéficié d’un tel soutien des autorités, fait défaut et montre qu’il y a bien, quelque part, des choses qui clochent. Et l’on se demande même si l’Etat a vraiment les moyens de sa politique dont l’objectif, non avoué, est de parvenir à gagner le cœur de citoyens qui commencent à désespérer de voir que le grand changement promis par Ould Abdel Aziz n’était, pourrait n’être qu’un leurre. Nonobstant le retour en force des hommes et femmes de  » l’Ancien Régime  » (le système Taya), sur le plan économique et social, les déceptions sont légion. Cela ajoute à cette impression d’insouciance présidentielle et gouvernementale que ni les visites  » inopinées  » du Raïss ni les promesses des ministres n’arrivent plus à ôter de l’esprit de citoyens qui se sentent abusés.

 » Emel  » sur les traces de  » Solidarité « 

 » Emel 2012 «  risque bien d’être une réédition des erreurs et couacs de  » Solidarité 2011 « . Avec déjà un manque de visibilité – et de lisibilité – dans les chiffres, opérations et allocations destinés à chacun des volets de ce plan d’urgence. C’est ce qu’on ressent quand l’on apprend qu’à l’intérieur du pays, notamment dans les wilayas de l’Est, les populations rechignent à accepter une aide insignifiante et qui arrive trop tard pour sauver ce qui peut encore l’être. C’est aussi ce qui découle d’une action censée soulager les éleveurs qui devait leur permettre de vacciner, à moindres frais, leur bétail, grâce à une action qui s’inscrit dans le  » plan d’urgence  » -alors qu’elle a un caractère tout à fait routinier-. Comme la plupart des actions programmées par  » Emel 2012 « , notamment quand il s’agit des interventions du ministère du Développement rural ou du Commissariat à la Sécurité Alimentaire dans ladite opération ! Un mélange des genres qui montre que, dans cette opération de  » Emel 2012 « , le gouvernement est encore en train de tricher. Et il pourrait payer cash cette propension à trop faire de promesses,  » à dire que tout va « , quand les problèmes l’assiègent, et à ne pas traiter, avec méthode, les cas de gabegie, supposée ou réelle, qui apparaissent de plus en plus en cette période de  » rédemption  » sans repères. On pourrait aussi se demander si le scandale qui secoue actuellement le CSA (voir encadré) ne va pas, par ricochets, avoir une incidence négative sur le déroulement de  » Emel 2012 « . L’on parle de la disparition d’importantes ressources découvertes lors du passage de l’Inspection générale d’Etat (IGE) et ce qu’on reproche à certains cadres du Département ne serait que la face visible de l’iceberg. D’ailleurs, au CSA, l’on chuchote qu’une quantité non négligeable de pneus de camions aurait disparu et que de très hauts responsables pourraient être mis en cause ! Au niveau du Département chargé de la logistique du CSA, le directeur aurait été sommé de rembourser quelques 132 millions d’UM.

Encadré.

Détournement de fonds publics

La police de répression contre les crimes économiques et financiers a arrêté, jeudi 9 février , Chérif Ahmed Ould Ely, l’ex- directeur régional du Commissariat à la Sécurité Alimentaire de l’ Adrar suite à des accusations relatives à un détournement de fonds sur le programme CSA-Solidarité 2011 portant sur un montant de 62 millions d’ouguiyas. Le responsable qui cumulait sa fonction à celle d’inspecteur dans la même administration a été ensuite mis en examen et sommé de rembourser ledit montant. Cet impair a été constaté pendant des opérations de vérifications en 2011.

On apprend dans la foulée que l’IGE avait constaté auparavant, d’autres malversations, interpelant à l’occasion, les responsables qui seraient derrières ces forfaits. Ainsi, le directeur régional du CSA au Guidimagah a été appelé à remettre en place 8 millions d’ouguiyas, celui du Hodh El Gharbi 4 millions d’ouguiyas, et celui du Tagant 2 millions d’ouguiyas. A l’époque, ces anciens directeurs n’avaient subi aucun préjudice important. Ils avaient seulement été affectés dans d’autres wilayas ou au niveau de services centraux du CSA.

Craintes.

L’affaire qui porte sur la gestion du CSA de l’opération  » Tadamoun «  (Solidarité 2011) donne des craintes sur celle en cours de  » Emel 2012 « . Faut-il alors, laisser en place un commissaire qui se serait rendu coupable d’incapacité de bien gérer des fonds destinés en priorité aux plus démunis ? Ou ne devrait-on pas opérer une  » restructuration  » au niveau du CSA pour que le montant énorme, de 45 milliards d’ouguiyas engagés dans cette opération, et dont une partie doit passer par les actions du CSA, soit  » sécurisé  » contre les détournements qui utilisent désormais des moyens de plus en plus sophistiqués pour parvenir à leurs fins.

Ce ne sont pas les montants que réclameraient l’IGE à des responsables départementaux (60 millions d’UM à l’ancien directeur régional du CSA en Adrar, 8 millions à celui du Guidimagha, 4 millions à l’ancien directeur du CSA au Hodh El Gharbi à et 2 million à celui en poste au Tagant qui constitue le vrai scandale, mais bien ce qui se cache derrière. Ceci est d’autant plus vrai qu’au niveau de la composante boutiques-témoin de la Sonimex, la gestion, là aussi, laisse à désirer. D’ailleurs, pour une question de perte de poids à la vente au détail (que les autorités ne reconnaissent pas à plus de 1%), les gestionnaires de ces boutiques rechigneraient à signer des contrats qui, selon eux, les engageraient à rembourser, chaque mois, 60.000 UM ! Une manière de les amener à rendre d’une main ce qu’ils prennent de l’autre.

MOMS

Source  :  L’Authentique le 13/02/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Quitter la version mobile