Emploi et logement : Les promesses fumeuses du premier ministre

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C’est connu, en Mauritanie, les responsables politiques peuvent faire les propositions les plus fantaisistes, prendre les engagements les plus irréalisables, peu importe, en général personne, et surtout pas l’opposition dont c’est l’un des rôles, ne vient leur demander des comptes.

A titre d’exemple le discours prononcé le 24 Février 2011 par le Premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf devant les populations de la moughataa d’Arafat, où il présidait la cérémonie de lancement des travaux de bitumage de 17 km situés dans la zone de déménagement, localement appelée quartier de la nouvelle Médine.
Après avoir écouté les explications des responsables du projet, le PM a présidé un meeting populaire qui était en fait, le véritable but de sa visite dans ce quartier périphérique de Nouakchott.

Dans une allocution prononcée au cours de ce rassemblement populaire, le Premier ministre a pris plusieurs engagements et fait plusieurs promesses qui sont restés lettres mortes. De fait la date de ce discours n’est pas fortuite. Le discours était prononcé la veille du 25 février 2011, date qui était prévue pour le lancement de la « Révolution » de la jeunesse mauritanienne à la faveur de ce qui se passait alors dans les autres pays maghrébins. On peut donc dire que le discours du Premier Ministre n’était qu’une tentative de désamorcer le mouvement dont on ne savait à l’époque ni la force ni l’ampleur.
Le Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf avait dit « que le gouvernement est conscient du fait que les réalisations restent insuffisantes et qu’il doit accomplir davantage de réalisations, soulignant qu’un ambitieux programme sera lancé en juillet prochain, visant à loger 100 mille familles dans des lieux réhabilités dotés d’eau, d’électricité et de routes à des coûts raisonnables ; »
Bien sûr cette promesse même si elle n’est pas tout à fait claire n’a pas encore été tenue 6 mois après la date prévue par le premier ministre.
Il a poursuivi en indiquant que le gouvernement travaille laborieusement pour régler les autres problèmes relatifs à l’électricité et à l’eau, soulignant que « l’électricité est parvenue à tous les quartiers de Nouakchott et que la majorité de ces derniers bénéficient d’adductions d’eau du projet Aftout Essahli et qu’un autre projet ambitieux sera achevé dans une année et demi pour généraliser les services d’eau potable. » Tous peuvent voir à quel point ceci est loin de la réalité.
Mais la plus grosse couleuvre, c’est quand le Premier ministre a ajouté que « le gouvernement a exécuté un programme parallèle comportant plusieurs composantes dont l’aménagement du territoire, l’augmentation de la production alimentaire et la création de plus de 17 000 opportunités d’emplois…). Comment ? Avec quelles mesures ? Dans quels secteurs ? Le Premier ministre a promis 17 000 emplois et on aimerait bien aujourd’hui un an après savoir qu’est ce qui a été réalisé. Il est inacceptable que le chef du gouvernement prenne des engagements avec autant de légèreté et sans qu’il en rende compte. Pourquoi nos députés majorité et oppositions, posent-ils les questions les plus incongrues alors que celles qui comptent vraiment ne trouvent pas d’inquisiteurs. 17 000 emplois ne sont pas une mince affaire et ils résoudraient certainement un problème crucial qui se pose aux mauritaniens dont le chômage effectif est de l’ordre de 20 % de la population active.
Tous ont encore en mémoire l’opération 1000 emplois jeunes engagés il y a quelques années par le patronat mauritanien et qui fut un succès total. Ceux qui à l’époque se sont intéressés à cette question savent aussi combien cette opération fut difficiles à mettre en œuvre. Alors venir parler de 17 000 emplois !!! Rappelons que 17 000 emplois c’est à peu près le nombre de fonctionnaires payés par l’état mauritanien.

Bouna Cherif

Source  : Le Quotidien de Nouakchott le 07/02/2012

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