Les mises en garde sur les voyages émises par la France affectent l’économie mauritanienne

Dans la province mauritanienne de l’Adrar, l’industrie du tourisme autrefois en plein essor est au point mort après que le ministère français des Affaires étrangères ait lancé un avertissement sur les voyages dans la région.

Le ministre mauritanien du Tourisme Bamba Ould Dramane a récemment critiqué les rapports du gouvernement français sur la sécurité dans le nord de la Mauritanie, les qualifiant de « non fondés ».

Les rapports 2010-2011 « ne sont pas précis et portent préjudice aux intérêts économiques de la Mauritanie », a-t-il déclaré dans un entretien diffusé sur une chaîne de télévision publique le 6 janvier. « Ils paralysent le tourisme dans l’Adrar (la plus grande région touristique du pays) et dans certaines autres provinces. »

En dépit de ses efforts, le gouvernement mauritanien n’a pas réussi à convaincre le ministère français des Affaires étrangères de ne plus mettre en garde les touristes souhaitant se rendre dans ces régions nord depuis l’attaque terroriste d’Aleg en 2007, lors de laquelle quatre touristes français avaient trouvé la mort.

« Ces dernières années, la Mauritanie a été affectée par l’instabilité, et les douloureux évènements d’Aleg ont été à l’origine de la colère des Européens et du classement de la Mauritanie en zone rouge », a expliqué Marhaba Ould Akhnaver, directeur d’une agence de tourisme dans l’Adrar, au quotidien Al-Akhbar. « Nous nous efforçons de changer cette vision négative de l’Adrar, car il n’y a eu aucun enlèvement dans cette province, dont la culture du tourisme la distingue des autres provinces du pays. »

« Nous sommes tous des soldats et des observateurs attentifs aux côtés de l’armée nationale pour assurer la protection de notre pays », a-t-il ajouté. « La Mauritanie vit dans la paix et la sécurité, et cette zone rouge qui nous a été imposée revêt une nature politique qui n’a rien à voir avec la réalité. »

La chute du nombre de touristes pèse lourdement sur les agences de voyage locales.

Emin Ould Abdala, employé chez le tour-opérateur Bon Sauvage, est diplômé de la Faculté d’anglais de l’Université de Nouakchott. Il a perdu son travail après que les touristes aient commencé à déserter l’Adrar.

« Nous ne comprenons pas le classement de l’Adrar en zone dangereuse », a-t-il expliqué à Magharebia. « Des dizaines de sites et d’hôtels d’Atar, la capitale de la province, ont été fermés. Les agences de tourisme ont connu une situation sans précédent, et des centaines de femmes et d’hommes se sont retrouvés au chômage. »

Pour sa part, Nouh Ould Mohamed Mahmoud, responsable de l’Office national de promotion du tourisme, a accusé le ministère français de « donner une image inexacte de la situation sécuritaire dans le pays et au Maghreb ».

« Cela cause du tort à l’économie de la région, c’est tout bonnement faux, etcela renforce les peurs des amoureux du tourisme au Sahel », a-t-il indiqué à Magharebia.

« D’importants efforts de sécurité ont été livrés en Mauritanie, que ce soit à la frontière ou dans les régions de l’intérieur, qui renforcent la sécurité et la stabilité », a-t-il ajouté. « L’Office national de promotion du tourisme consent de réels efforts pour faire connaître la situation réelle, qui favorisera le tourisme dans le pays en dépit des mises en garde du ministère français des Affaires étrangères. »

Selon Sahara Media, ce ministère a également classé Hodh Ech Chargui en « zone rouge » pour les étrangers. Cette province de l’est s’est vue attribuer l’un des plus mauvais indices sécuritaires pour les touristes et les organisations humanitaires occidentales. En conséquence, la région a perdu deux vols de Paris à l’aéroport international de Nema, qui transportaient quelque six cents touristes.

De plus, les projets de développement, de santé et de services ont connu un coup d’arrêt. Des organisations internationales comme Santé Sud, qui parrainait les initiatives de développement en Mauritanie, avaient reçu des instructions strictes de la part de leurs ambassades pour quitter la province en 2010.

Dans la province de Hodh Ech Chargui, les pertes ont atteint 500 millions d’ouguiyas, selon l’Office national de promotion du tourisme. Des dizaines d’hôtels ont été fermés et les projets politiques retardés.

« Ces mises en garde françaises doivent être réexaminées, parce qu’elles ne sont fondées sur aucune information précise et parce qu’elles ont entraîné des pertes économiques très importantes », a déclaré à Magharebia Radhi Ould Beybi, représentant de l’Office national de promotion du tourisme à Nema.

Le nombre de visiteurs dans l’Adrar a régulièrement diminué au cours des sept dernières années, selon Taqadoumy. Si plus de 10 000 touristes s’étaient rendus dans la région en 2005, le nombre de baisses a été multiplié par deux en 2007-2008, pour finalement atteindre le chiffre de 173 visiteurs durant la saison 2010-2011.

Raby Ould Idoumou

Source  :  Magharebia le 24/01/2012

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