L’enrôlement c’est ça ! Bureau de T.Z : J’y étais..

vlanePour une aventure c’en est une. J’écris ce mot à peine sorti du fameux site qui défraya la dernière chronique sur le net où un certain Touré aurait vu son nom reconnu comme étant tout sauf mauritanien. J’y suis resté de 7H45 à 16 h.

Avant d’aller m’enrôler, je pensais atterrir dans une zone de guerre sous tension avec des négro-mauritaniens malmenés ici et là ou du moins la chose se déroulant dans une ambiance glaciale.

Eh bien, à part un terrible moment qui aurait pu dégénérer, tout s’est passé à merveille. Les équipes que j’ai vues sont d’un sang-froid à toute épreuve. Aucune tension raciale, aucune mauvaise ambiance entre noirs et blancs, rien de tout ça ! Bien au contraire. Ayant passé la journée là-bas, nous n’avons pu constater aucun négro-mauritanien se plaindre d’avoir été malmené ou fatigué, bien au contraire.

Nous avons assisté à un mouvement citoyen très bon enfant, tout le monde se plaignant juste de la lenteur sans distinction de race.

Voici comment ça se passe : Arrivé la veille on me fit comprendre que le mercredi était un jour pour les enfants et un homme me dit de revenir le lendemain à 8h pour prendre un numéro ; je suis donc arrivé jeudi matin très tôt 7H45.

L’homme des numéros, un certain Camara, était en conciliabule avec les fonctionnaires venus pour certains depuis la veille et qui ont passé la nuit là comme s’il fallait un tel sacrifice pour être enrôlé. Le Camara, personnage incroyablement sympathique et droit, faisait comprendre qu’on ne pouvait pas enregistrer toute la république en un jour et que seuls 50 hommes et 50 femmes seraient pris ce matin or la liste en contenait déjà 78 hommes à 8H ! Sans parler des femmes.

3 groupes sont mis en place pour fluidifier les bureaux.

Le bureau où se passa l’incident du jour est celui où j’étais. D’abord, j’ai pu me faufiler jusqu’à la porte de l’enrôlement pendant que le reste du monde s’arrangeait avec leur numéro. A 8H30, les agents de l’enrôlement commençaient à venir mais une femme était déjà là, c’est celle qu’on ne voit pas derrière Camara.

C’est là la salle des questions dont on ne voit ici qu’un bout. En tout elle est très vaste et j’ai pu noter au moins une dizaine d’agents ou plus répartis sur plusieurs tables.

Maître Camara me fit sortir de là pour me remettre dehors avec les citoyens et attendre mon tour et il a dit à la femme dont je parle de ne laisser personne entrer sans numéro car déjà à cette heure 6 personnes ont pu se faufiler comme moi jusque-là grâce à des connaissances comme cela se fait partout au monde.

Tout allait bien. Nous faisions la queue quand on vint nous expliquer de faire une place à un rang spécial celui des policiers, douaniers et autres « snadra ». Très bien. Jusque-là ça allait. Le problème commença quand ceux qui étaient là depuis la veille sans dormir constatèrent que le rang des civils n’avançait pas pendant que celui des snadra grossissait.

Là les commentaires commencèrent « c’est la démocratie ça !, les militaires n’ont qu’à faire la queue dans les casernes ou avec tout le monde ! ». Le tout en plaisantant. Mais 2H30 après, rien n’avançait, la tension monta d’un cran mais ce qui mit définitivement les feux aux poudres c’est la sortie d’un père de famille respectable avec ses quatre enfants qu’il venait d’enrôler !

Ce fut l’étincelle ! «  Ah ! C’est ça les numéros ! On nous a dit que les enfants c’était hier ! C’est quoi ça ? » Et là c’est parti pour une heure de cris de coups à la porte qui menait dans la salle d’attente. Tout fut dit, toutes les insultes «  le rang ou la pagaille, on n’accepte pas ! C’est quoi ça ? Je suis là depuis hier ! »

Un jeune plein d’humour dit que soit ce serait le rang soit on va mettre la pagaille définitivement, il ajouta à propos de ceux qui n’avaient pas de numéro «  les sous-douanes derrière ! Ceux qui n’ont pas de numéro ne passeront pas ! »

Pendant plus d’une heure, ce ne furent que des cris dénonçant l’arbitraire et les passe-droits, mais personne ne les écoutait  et on les laissait crier dans le vide jusqu’au moment où la porte s’ouvrit et là un citoyen, qui n’en pouvait plus, était prêt à en venir aux mains mais ce fut un mouvement citoyen toute couleur confondue, classe moyenne, pauvres, tout le monde criait contre cet exemple du monsieur sortant avec ses enfants car c’était là une preuve sans équivoque.

En vérité l’illustre papa est arrivé en même temps que moi, très tôt, ce n’est certainement pas un citoyen lambda. Qui peut arrêter ce genre de personnage ? Quel agent peut bloquer un homme qui a le bras long ? Personne.

Ce fut un cas isolé. Le seul que j’ai vu mais mes voisins d’attente m’ont assuré qu’au niveau des numéros c’est la pagaille.

Toujours est-il qu’en fin de journée, tous ceux que j’ai entendus furent enrôlés et les autres je les ai laissés faire le rang dans la salle d’attente tranquillement.

L’un des rares dont l’élan fut ralenti, c’est moi car mon extrait du registre des actes de naissance datait de 2004, j’ai dû aller à la mairie où m’attendait un monde fou. Mais malgré la queue monstre, les services de la mairie étaient mobilisés ; j’ai cru reconnaître madame la maire derrière son voile au milieu des ordinateurs avec le peuple signant ici et là et supervisant tout.

Merci à Camara et à l’équipe de l’enrôlement pour leur sympathie et leur professionnalisme ; je m’attendais au pire… Ce ne fut pas le cas. Une pensée aussi à tous mes amis de quelques heures noirs, blancs unis par l’attente se soutenant les uns les autres jusqu’à ce que nous ayons tous eu notre petit papier d’enrôlé !

Source: Chezvlane.blogspot.com{jcomments on}

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