Côte d’Ivoire : les ex-rebelles, le « cancer » de l’armée ivoirienne

Un soldat des Forces républicaines d'Alassane Ouattara, le 17 avril 2011 à Abidjan. © AFPLes récents incidents impliquant l’armée ivoirienne dans des exactions à l’encontre de populations civiles rappellent le véritable défi auquel doit faire face aujourd’hui Alassane Ouattara : la gestion de l’avenir des milliers d’ex-rebelles armés qui sont intégrés de facto à l’armée régulière.

Après les exactions de Vavoua, Alassane Ouattara a décrété la « tolérance zéro » face à l’« indiscipline » des ex-rebelles au sein de l’armée régulière ivoirienne et a décidé de créer une police militaire. À sa tête, le chef de l’État a placé Zakaria Koné, un ancien commandant rebelle charismatique. L’objectif est clair, il s’agit de faire le ménage au sein de l’armée.

Un expert, qui témoigne sous couvert d’anonymat, prédit le pire quant au sort des rebelles ivoiriens intégrés dans l’armée régulière : « Tous ne resteront pas dans l’armée : quand on les mettra à la porte, certains deviendront coupeurs de route, voleurs ou pourront être recrutés par les uns et les autres en cas de tension politique. C’est un vrai cancer ».

Chantier quasi-vierge

De son côté Guillaume Soro, Premier ministre et ministre de la Défense, a annoncé son programme du début de l’année 2012 : faire la tournée des casernes et organiser des « assises nationales » afin de réformer l’armée.

Un programme flou qui, huit mois après la fin de la crise postélectorale, ressemble à un aveu d’échec. L’ampleur du chantier est tel que, selon une source proche du gouvernement, le pouvoir « ne sait pas par quel bout prendre le problème ». Les autorités ivoiriennes seraient prises en tenaille entre les contraintes financières et leur difficulté à écarter des hommes qui se voient en « libérateurs ». La même source estime en outre que les récents incidents sont « le meilleur argument pour maintenir Soro comme Premier ministre ».

Une analyse qui ne manque pas d’agacer les partisans de l’ex-président Henri Konan Bédié, principal allié de M. Ouattara, à qui la primature doit théoriquement revenir malgré la majorité absolue obtenue par le parti présidentiel aux législatives du 11 décembre.

Ouattara en première ligne

Le chantier sécuritaire est de toute évidence une priorité et sur ce point, pour le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), Alassane Ouattara doit rester en première ligne et être plus à l’écoute des souffrances des Ivoiriens.

Dans le rapport publié mi-décembre, IGC pointait du doigt une « criminalisation » des forces de sécurité, et invitait déjà le président à « ne déléguer à personne » ce dossier.

Jeune Afrique (Avec AFP)

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