» Espoir 2012  » : Premières lueurs, premiers couacs

Le ministre du Développement rural, Brahim Ould M’Bareck Ould Mohamed El Moctar, aurait envoyé, hier dimanche, une lettre  » d’excuse «  à l’Assemblée nationale de ne pas pouvoir se présenter à la chambre basse du Parlement pour répondre à une interpellation des députés de l’opposition sur la sécheresse que connaît le pays.

Une question embarrassante qui, à l’évidence, devait déboucher sur les détails, tout aussi controversés, du nouveau programme  » Espoir 2012 « 

Et selon les mêmes sources qui ont rapporté cette information, le ministre a aussi indiqué ne pas pouvoir se présenter à la séance du 11 décembre prochain, pour répondre à une question du député islamiste (Tawassoul), Saleck Ould Sidi Mahmoud !

L’attitude du ministre du Développement rural bouleverse l’agenda établi par l’Assemblée national, inscrivant à son ordre du jour au cours de la présente session, la présentation de trois questions orales à trois membres du gouvernement dont Ould M’Bareck. Et, selon des observateurs avertis, le ministre, qui ne peut refuser d’être devant les députés que sur avis des plus hautes autorités du pays (Président de la République et Premier ministre), ne semble donc pas prêt à répondre à des questions embarrassantes, à plus d’un titre, sur un programme d’urgence qui n’a pas encore, véritablement, commencé. Tout ce que l’on sait, pour l’instant, c’est qu’il s’agit d’une enveloppe de 45 milliards d’ouguiyas prévus pour être dépensés dans le cadre d’opérations classiques de  » subvention  » voilée des prix, n’apportant pas forcément les bonnes réponses aux vraies questions de survie des populations posées.

Il s’agit, en fait, de connaître, dans les détails, les mesures prises par le gouvernement pour que cette stratégie destinée à faire face à une crise alimentaire qui, de toute évidence, sera d’une ampleur telle que la Mauritanie se voit dans l’obligation de sollicitée l’assistance étrangère. Et si l’honorable ministre ne veut pas répondre à de telles questions c’est, peut-être, que l’information n’est pas encore descendue à son niveau. Surtout que tous les programmes d’urgence auxquels les autorités ont habitué les mauritaniens revêtent un caractère multisectoriel faisant d’eux, d’abord et avant tout, une affaire de la Présidence et de la Primature. Ainsi, le programme  » Solidarité 2011 « , qui ne doit pas être cité comme un exemple de bonne  » réaction «  à une situation de crise, ayant requis un financement de quelque 27 milliards d’ouguiyas, a été piloté, de A à Z, par un conseiller du Premier ministre.

Les différents volets de ce programme, appelé à ressuscité à travers,  » Espoir 2011 « , dans une sorte d’éternel recommencement d’une mise en scène politico-économico-sociale sans réelle incidence sur les prix du marché, sont en fait une action en aval de programmes inscrits dans l’agenda de divers départements ministériels et institutions étatiques. Ce qui change d’un programme à l’autre, c’est tout simplement l’importance de l’enveloppe prise en charge par le Budget de l’Etat, et la capacité des gestionnaires du projet à l’adapter à la propagande en cours depuis la  » Rectification  » (coup d’Etat) du 06 août 2008.

Ainsi, parce que cette année, il s’agit d’un fléau naturel (la sécheresse) et non seulement des répercussions de la flambée des prix des denrées de première nécessité sur le plan mondial, les autorités ont voulu frapper un  » grand coup médiatique « , en multipliant presque par d’eux le montant alloué à cette opération d’urgence (qui passe de 27 milliards d’ouguiyas) à 45 milliards d’UM. C’est la seule variante d’un programme qui tourne autour d’une action classique que la Sonimex (Société nationale d’importation et d’exportation) est censée menée, en tout temps et en tout lieu) pour répondre à une mission régulatrice des marchés.

Et sans que l’on sache vraiment, s’il y aura un jour une réponse à la manière dont ce programme sera  » soldé « , après l’arrivée du prochain printemps (In cha Allah), on peut être sûr d’une seule chose : Le  » volet subvention ciblée » et disponibilité des trois produits de première nécessité (riz, sucre, huile) à des prix abordables dans le cadre de boutiques ( » tadamoun « ,  » espoir  » ou autre), est le côté obscure de cette opération qui implique plusieurs intervenants,  » mouillant « , ainsi la responsabilité des uns et des autres dans un dédale d’actions d’éclats qui n’apportent aucune nouveauté, aucune recherche d’efficacité ou de transparence dans la gestion des affaires publiques. Surtout, quand on parle aux citoyens de  » réhabilitation d’ouvrages agricoles et de la protection des périmètres agricoles  » en période de déficit pluviométrique ! Ou encore de  » financement d’activités génératrices de revenus « , de  » GIE pour les personnes qui ont des aptitudes « ,  » d’AGR pour les regroupements et coopératives, ainsi que de la mise en place de plusieurs programmes de vivres contre travail (CSA) « , actions qui rappellent, toutes, les flagrants échecs du défunt Commissariat aux Droits de l’Homme, à la Lutte contre la Pauvreté et à l’Insertion (CDHLCPI). Et c’est sans doute parce qu’il va devoir revenir sur tant de choses, relavent du  » déjà vu, déjà entendu « , que le ministre a préféré se dérober.

Sneiba Mohamed

Source  :  L’Authentique le 08/12/2011

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