Des émissaires sont envoyés partout pour mobiliser « les gouvernements islamistes frères » dans le monde arabe.
Qu’est-ce qui fait courir les Islamistes Mauritaniens ? Sentent-ils (enfin) le vent tourner en faveur de l’internationale islamiste dans le monde arabe? Ont-ils les mêmes chances que les autres formations du genre dans les autres contrées arabes ? Que peuvent leur apporter les autres islamistes de la région à la veille des élections législatives et municipales? Autant de questions que suscitent le ballet islamiste ces derniers jours, des principaux responsables de Tawassoul.
Ballet diplomatique
Les islamistes de Tawassoul ne perdent pas visiblement leur temps depuis que leurs « frères » occupent le haut du pavé en Libye, en Tunisie, au Maroc et en Egypte. En effet, depuis le retour de Tunisie où des heurts opposent depuis samedi 3 décembre des défenseurs de la laïcité à des salafistes après des agitations à l’Université Manouba, où des islamistes exigeraient la fin des cours mixtes et le retrait de l’interdiction du port du niqab, le président du parti, le député Jamil Ould Mansour a encore repris son bâton de pèlerin en direction de l’Egypte, probablement dans le même objectif de féliciter les islamistes vainqueurs de l’élection et de leurs rappeler la « solidarité » de Tawassoul en Mauritanie. Dans ce dernier pays arabe, les résultats des élections législatives donnent, en effet, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), formation politique des Frères musulmans, vainqueur avec 36,6% des 9,73 millions de suffrages, suivi par le parti salafiste ultra-conservateur Al-Nour, qui en a recueilli 24,4%. Mieux encore, en Libye, après la chute de Ghaddafi, le numéro deux de Tawassoul, Ould Mohamed Ghoulam, a été reçu en grandes pompes par les nouvelles autorités libyennes pour marquer la collision entre les deux parties alors que l’on soutient que les mauritaniens sont de plus en plus vus d’un mauvais œil.
Tawassoul fera-t-il mieux que par le passé ?
Avec des échecs répétés de son président à l’élection présidentielle, et malgré le fait d’avoir fermé l’œil sur la présence de l’ambassade d’Israël en Mauritanie, au nom d’une participation au second gouvernement Waqef, emporté par le putsch de 2008, les islamistes mauritaniens dont le système de financement ne déroge pas à la règle (la bienfaisance de donateurs du Golfe, activités de vente de médicaments, de cartes de recharges…) profitent -curieusement d’ailleurs- du « mécénat » lié à conversion récente de Mohamed Ould Noueigued, qui se découvre, ces derniers temps, un penchant pour l’Islamisme. Mais le parti Tawassoul dont les premiers responsables n’hésitent pas à entrer dans l’arène pour prêter main forte à leurs dépendances comme ce fut le cas l’année dernière avec l’élection des représentants des étudiants qui a failli dériver en événements raciaux, est également soutenue par certains médias qui en portent haut l’étendard. Mais malgré cela, Tawassoul reste très peu représentatif et souffre également de l’inconsistance de ses alliances parfois contradictoires (aller et retour à la COD, flirt avec le Pouvoir…). Nonobstant toutes ces acrobaties pour s’arroger une stature particulière, Tawassoul ne détient que 5 députés, 3 sénateurs et 9 ou 10 maires sur l’ensemble du territoire national. Si l’on en croit son président, qui s’était interrogé, face au mouvement de la jeunesse de son parti : «comment peut-on avoir des élections libres et équitables alors qu’une partie utilise des moyens de persuasion et d’intimidations, il n’y aurait «pas de corrélation directe entre la participation au dialogue et la participation aux élections».
C’est fort probablement du fait de son déficit actuel en Mauritanie où les spécificités culturelles ethniques reste un frein à la propagation de ce parti, malgré l’implication de certaines personnalités négro-mauritaniennes, que les dirigeants de ce parti tentent de trouver des alliances au sein des futurs gouvernements des pays arabes. Du succès diplomatique, Tawassoul pourrait peut être se frayer un chemin à l’échelle nationale.
Alors wait and see !
Jedna DEIDA
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 06/12/2011
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