Deux fêtes, un requiem : quelles leçons tirer ?

En 72 heures d’horloge, la Mauritanie a commémoré deux fêtes, même si c’est de manière inégale sur le plan des manifestations.Le 25 novembre 2011, l’armée a sorti ses griffes à travers un déploiement spectaculaire de ses forces de frappe.

Du matériel militaire moderne, des parades aériennes, un défilé des troupes impressionnant etc.Bref tout ce qui pouvait présenter l’armée sous ses plus beaux jours a été mis en œuvre par les hautes autorités de cette institution prestigieuse qui dirige le pays d’une main de fer même en temps de démocratie.
La fête de l’armée en valait donc tout ce sacrifice qui a été rendu possible par les fonds énormes qui ont été injectés pour la préparation de l’événement. Mais ici tout est top secret. Nos députés auront peut-être l’occasion de demander des comptes au sujet de ces centaines de millions qui ont servi à rendre l’armée Nikel aux yeux de ses concitoyens. L’armée a donc fête son 51ème anniversaire en grande pompe. Ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant. Cette année elle a inauguré cette nouvelle cérémonie qui va peut-être se célébrer de manière cyclique et non régulière. Faut –il pour autant se demander pourquoi l’armée a fêté ? Elle aurait pu le faire l’année passée avec le cinquantenaire de notre indépendance. Mais elle a attendu l’an 1 du deuxième cinquantenaire pour le faire. La réponse à cette question pourrait être cherchée dans les mutations politiques et les défis sécuritaires qui sont intervenus ces derniers temps dans le pays. Les rapports entre les hommes politiques et l’institution militaire ont fait naitre une certaine crise de confiance. Considérée pendant très longtemps comme une institution à vocation putschiste, la grande muette s’était éloignée aux yeux du peuple de ce qui devait être sa raison d’être : la défense de la patrie et la sécurité de ses citoyens. Ce rôle s’est vu compromettre par des échecs répétés au cours d’épreuves tragiques qui l’ont ébranlée à Lemgheiyti, Tourine, Ghallawiya mais aussi sur la frontière du sahel. Lassés par ces déboires répétés, le peuple appelait à un retour aux valeurs héroïques et au « serment d’une belle mort sur le champ d’honneur » . En somme le peuple plaidait pour la construction d’une armée Républicaine éloignée des affaires politiques. Pour éviter ce divorce avec les principes sacrés de la grandeur militaire, les nouvelles autorités ont lancé des opérations de grande envergure pour lutter contre les intrusions terroristes avec l’appui de la coopération militaire avec la France. C’est pour savourer quelques victoires remportées que l’armée a invité le peuple à sortir contempler ses nouveaux apparats. Et le peuple assoiffé de joie et nostalgique de l’hymne des grandes messes militaires est sorti admirer son armée sur la grande place publique. Elle la ovationné, félicité. Sans coup férir, c’est une partie de gagné par l’armée. Mais le 25 novembre a éclipsé l’anniversaire de l’indépendance qui n’a eu droit qu’à une sombre cérémonie de levée des couleurs et des arrangements musicaux à la télévision nationale. Et de quelle manière ! D’autres mauritaniens eux sont allés à Inal se recueillir sur les tombés des militaires noirs pendus dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990 par leurs frères d’armes. Deux pages d’une histoire ont constitué le menu de ce 51ème anniversaire de l’accession de la Mauritanie à l’indépendance. De quoi faire réfléchir tout un chacun sur notre présent et notre devenir d’Etre mauritaniens. D’Etre tout court…

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 28/11/2011

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