Excellence,
Par la présente, nous ressortissants mauritaniens, vivant en Belgique, voudrions attirer votre attention sur une préoccupation par devoir de mémoire, exigence de justice qui recoupe le devoir d’humanité qui fonde la philosophie de l’institution dont vous êtes aujourd’hui le premier fonctionnaire.
Cette préoccupation concerne le droit des familles et des proches des victimes des années de terreur et de répression qui ont marqué une politique raciste appliquée avec cruauté innommable contre les populations africaines noires mauritaniennes.
Non seulement cette politique n’a pas épargné des innocents, mais a pris une tournure cynique au point de marquer l’anniversaire de l’indépendance nationale de la Mauritanie en exécutant 28 soldats noirs en 1991.
Cet événement, par-delà sa cruauté et son inhumanité, illustre parfaitement une logique génocidaire qui n’a jamais fait l’objet d’aucune enquête de quelque nature qu’elle soit, ni au niveau national, sous-régional, encore moins international.
Monsieur le Secrétaire général, le sens de notre démarche est de porter à votre niveau et au niveau de votre organisation la nécessité d’interpeller le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz sur la responsabilité de l’Etat et l’importance pour les familles et les proches des victimes de pouvoir se recueillir devant les tombes des disparus. Afin de pouvoir faire le deuil, les proches des morts attendent la restitution des corps.
C’est dans cette perspective que s’inscrit notre initiative qui consiste à faire appel aux représentants de l’éthique et du droit international afin que les droits humains les plus fondamentaux soient respectés, en l’occurrence, le droit à la sépulture pour le respect universel des morts.
La tragédie mauritanienne a fait des milliers de victimes, jusqu’à présent aucune instance n’a été saisie de cette situation tragique, afin que la dimension humaine soit prise en compte. Il nous semble important en tant que membres d’une composante victime du racisme, de l’oppression et de l’injustice de nous adresser à la communauté internationale et à son premier représentant dans le but de signifier au président mauritanien le devoir d’humanité et du respect des droits de l’Homme.
En Mauritanie, un régime d’exception a régné de 1986 à 1992 en appliquant une politique de massacres, d’assassinats, d’exécutions extrajudiciaires et de déportations massives dans l’indifférence généralisée des autres nations du monde. Cette politique, à travers des variétés nouvelles, continue sa logique d’exclusion et de marginalisation de la composante africaine noire mauritanienne.
L’actuel gouvernement, pour aller dans le sens de la continuité, a mis en place récemment, une opération de recensement à caractère raciste afin de priver les populations noires de leur nationalité mauritanienne.
Il y a eu des manifestations aussi bien au sein du pays qu’au niveau de la diaspora mauritanienne vivant en Europe, au Canada, aux Etats-Unis dans le but de dénoncer cette opération jamais vue dans l’histoire. Compter pour exclure, tel fut le credo de cette décision contraire aux droits les plus élémentaires qui constituent le droit international.
En attendant que la cause des victimes de la politique injuste menée en Mauritanie, depuis des décennies, soit entendue, nous voudrions vous soumettre notre préoccupation actuelle, celle de la restitution des corps des victimes de la répression et particulièrement les corps des 28 soldats lâchement assassinés pour marquer par le sang l’anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie en cette année terrible de 1991.
Un paradoxe marqué par sa cruauté, son ignominie et sa barbarie qui mérite d’être élucidé pour les femmes, les enfants et les parents des 28 soldats sauvagement tués par leurs camarades, soldats comme eux ayant reçu les ordres de leur chef pour exécuter cette funeste et macabre action.
Nous voudrions que l’actuel président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz soit interpellé par votre institution dont la mission première est la sauvegarde de la dignité humaine par le respect des droits humains, de leur vie et la garantie de leur sécurité.
Monsieur le Secrétaire général, nous vous prions, de recevoir nos salutations distinguées.
La communauté mauritanienne de Belgique
Bruxelles, le 28Novembre 2011
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