Mauritanie : mea culpa du gouvernement de Ould Laghdaf pour sauver l’école

bakala_kane_rim« Le système éducatif mauritanien demeure encore loin des attentes et des besoins du marché. Il a perdu sa qualité et ses fruits ».

Un mea culpa du premier ministre Ould Laghdaf qui donnait cette semaine le coup d’envoi d’un marathon des 15 membres de la commission chargée de préparer les états généraux de l’éducation. Au même moment 65 élèves diplômés BT cette année en agriculture du Lycée professionnel et technique de Boghé sont inquiets de leur avenir. Plus de 600  élèves sortant de cette école sont aujourd’hui au chômage.

Pour les observateurs, ces deux faits sont importants et montrent bien la dégradation alarmante de l’enseignement en Mauritanie alors que le budget de l’éducation nationale 2011 estimée à plus de 46 milliards d’ouguiya dépasse même celui de la défense nationale qui avoisine les 39 milliards. Et de deux. A peine après avoir fini d’installer la semaine dernière la commission de suivi du dialogue « national », le premier ministre mauritanien récidive cette semaine avec une autre commission chargée celle-là de préparer les  états généraux de l’éducation nationale. Pour cette dernière le ton est grave et ponctué de vérités qui fâchent.

L’école mauritanienne va mal  voire de mal en pis depuis l’avènement au pouvoir des militaires en 1978 et encore plus ces dernières années. C’est lui-même qui constate que le système éducatif actuel demeure encore loin des attentes et des besoins du marché. C’est d’autant plus vrai que l’enseignement professionnel est  aujourd’hui le parent pauvre du système comme en témoignent les 600 élèves diplômés en agriculture du lycée professionnel et technique de Boghé en chômage depuis maintenant des années. Les 65 élèves de la promotion de cette année sont montés au créneau cette semaine pour demander du travail ou avoir au moins la possibilité de poursuivre leurs études  dans des établissements supérieurs de la Mauritanie. Ni l’un ni l’autre n’ est  possible.

Ce mea culpa contre toute attente de Ould Laghdaf sur la médiocrité de l’enseignement  qui résulte de plusieurs réformes qui n’ont servi pratiquement à rien vient  effacer ses premières déclarations au début de sa nomination sur la suprématie de l’arabe qui avait soulevé un tollé général des étudiants de l’université de Nouakchott et de la société civile notamment. En réalité la réforme de 1999 a au moins le mérite d’avoir énoncé clairement les principes fondamentaux du bilinguisme et de la durée des études au secondaire. Dans cette perspective de trouver des solutions aux maux de la société mauritanienne, les journées de réflexion en 2005 ont permis aux experts de l’éducation de pointer du doigt  la faiblesse du niveau de performance du manque d’équité et de l’absence de supervision administrative des enseignants.

Conséquences, le niveau des élèves est retombé au plus bas au point que beaucoup de parents n’hésitent pas  de choisir les écoles privées au détriment de l’école publique pour la scolarisation de leurs enfants. C’est donc un marathon qui vient de démarrer avec 15 sportifs professionnels en compétition issus de l’université des professeurs et des services du ministère de l’éducation nationale des anciens inspecteurs et professeurs du fondamental et du secondaire. Ce n’est pas assez et surtout représentatif pour espérer avoir au final de la course « une école républicaine, ouverte à tous les mauritaniens et reflétant l’identité de tous. Une école où la compétence est le seul moyen de réussite et qui servira de leviers pour le progrès économique et social du pays ».

Un simple vœu pieux  du premier ministre qui oublie d’autres acteurs essentiels et potentiels comme la société civile, les partis politiques, les ONG dans la composition de la commission. Comme celle du dialogue « national », les observateurs ne s’attendent pas à des merveilles. Le marathon pourrait se transformer rapidement en une simple course de vitesse pour tout bâcler comme d’habitude. C’est toujours la crédibilité des principaux acteurs qui fait défaut.

Pour l’instant, les états généraux ont peut-être l’avantage de calmer les esprits mais dans sa mouvance donne l’impression d’un retour au passé c’est-à-dire de simples discours populistes qui visent à cacher l’incompétence du gouvernement voire son immobilisme et non à façonner l’homme de demain auquel aspire tous les mauritaniens.

 Bakala Kane

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