Quant à la réforme de la HAPA, elle permettrait d’accueillir les représentants de l’opposition. Y compris celle restée en marge des assises?
Au plan des principes, le retour de la CENI, dans le jeu électoral national, et le « toilettage » de l’autorité de régulation des média sont des décisions dont la pertinence est incontestable. Cependant, au-delà de la théorie et des bonnes intentions, la composition de ces futures institutions, de la plus haute importance pour la démocratie et la République, comporte, avec la présence de représentants des partis politiques, de réels risques de dysfonctionnements. Querelles de chapelles en perspective, où chacun aura à défendre, becs et ongles, ses intérêts partisans. Etrange « indépendance » où les Mauritaniens se retrouveraient « otages » des partis politiques dont les divisions auront tôt fait de susciter de multiples blocages. Une hypothèse maintes vérifiée, ailleurs.
Comment éviter ces pièges?
Equation complexe, aux enjeux multiples, dont la finalité renvoie, pourtant, à un seul objectif: instaurer un système électoral véritablement démocratique, avec l’indispensable soutien d’une autorité de régulation des média au-dessus de tout soupçon. La formation de hauts fonctionnaires spécialisés, dans la gestion des questions électorales, résoudrait-elle la première partie du challenge? Et, en ce qui concerne la HAPA, les ressources humaines actuellement disponibles offriraient-elles de suffisantes garanties de neutralité et d’indépendance?
La réponse à ces deux questions renvoie à l’hypothétique émergence d’un Nouveau Type de Mauritanien (NTM), mentalement formaté, « hussardé » à la République et aux institutions. Un modèle promis par la « Rectification », qui tarde, cependant, à pointer le bout du nez. Car, dans un environnement politique et social marqué par un apparent paradoxe: la persistance du sentiment généralisé d’appartenir à une caste, une tribu, une ethnie, combinée à une autorité hypercentralisée – une relation de cause à effet, en fait – un tel programme paraît une gageure.
Trop de Mauritaniens ignorent ou négligent, encore, les valeurs républicaines. Comment s’étonner que leur Etat peine à défendre celles-ci? C’est eux-mêmes qui le font aller, en tel sens ou contre-sens. La solution ne consiste pas à politiser telle ou telle instance de l’administration, elle nous ordonne de cultiver, au quotidien, tous et chacun, notre conscience républicaine.
Amadou SECK
Source : lecalame.info le 01/11/2011
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com