Aziz à Tarhil : Les promesses… avant les élections

Le président Ould Abdel AzizLe président Aziz renoue avec les visites  » inopinées  » qui ont imposé son style dès son accession au pouvoir. Mardi dernier, il avait fait irruption à l’Hôpital national – nom que les citoyens continuent encore à utiliser, habitude oblige, pour le Centre hospitalier national (CHN).

Il a aussi fait une descente aux quartiers Tarhil (nouveaux lotissements aux confins des moughataa de Toujounine, Arafat et Riad) et visité des centres d’enrôlement à El Mina. D’aucuns diront que c’est un bon signe (le président reprend contact avec les citoyens), d’autres verront dans cette visite une simple opération de propagande : Les promesses avant les élections !

Et c’est vrai qu’il y a réellement une relation de cause à effet entre cette  » sortie présidentielle  » et les élections municipales et législatives qui pointent à l’horizon, même s’il est vrai que la date de ce double scrutin ne sera connue que quand la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sera formée. Le président Aziz sait parfaitement qu’au sortir du dialogue avec l’opposition (du moins avec les quatre partis qui ont accepté d’enterrer la hache de guerre avec le pouvoir), ce qui compte dans les prochains mois, c’est de profiter des dividendes qu’apporte une telle accalmie politique. Même si, du côté de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), l’heure est à la remobilisation pour s’inscrire dans la nouvelle donne qu’apporte le départ de l’Alliance populaire progressiste. Et comme en 2008 – 2009, c’est à Aziz, pas tout à fait touché par le vent de contestation qui n’épargne aucun membre du gouvernement, à chercher à remobiliser autour des thèmes-phare qui lui ont assuré la victoire en juillet 2009.

Mais il faut dire que, trois ans après, les choses ont beaucoup changé. Au niveau des rapports de force entre la Majorité et l’Opposition mais aussi de la perception que les populations se font du changement.

Si, concernant le premier aspect, le pouvoir peut se sentir réconforté par l’apaisement avec des partis aussi importants que l’APP du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, et d’Al Wiam de Boidiel Ould Houmeid, il y a aussi que la COD a gonflé ses rangs avec l’arrivée de  » Tawassoul « , parti d’obédience islamiste dont la force réside dans sa cohésion et sa capacité de mobilisation, et de Hatem, parti que dirige le député Saleh Ould Hannena, chef des anciens  » Cavaliers du Changement « , premiers opposants à avoir tenter de déstabiliser, militairement, le pouvoir de Taya. Disons aussi que l’opposition qui a choisi le dialogue n’a pas tout à fait rendu les armes, loin s’en faut. Elle continue à se réclamer de ce statut initial (opposition aux politiques du pouvoir) mais pourrait difficilement entretenir une alliance, lors des prochaines élections, avec l’autre opposition. D’ailleurs, ce qui va pour l’APP peut bien s’appliquer à Al Wiam, les deux partis étant accusés implicitement par la COD d’avoir fait cavaliers seuls, dès le moment où les deux présidents Messaoud et Boidieil étaient régulièrement reçu par Ould Abdel Aziz. Des rencontres qui étaient vues comme des tentatives de rapprochement pour mettre en place les conditions favorables au dialogue alors que, pour certains, c’était déjà le dialogue ! Sans les autres qui n’apprécieront pas d’être mis devant le fait accompli par un Messaoud Ould Boulkheir qui n’hésite pas à déclarer que même si les autres ne vont pas au dialogue, lui en tout cas y sera.

La Majorité entre deux oppositions

L’après dialogue mettre donc le pouvoir dans une situation fort inconfortable, malgré ce que l’on peut croire. Aziz et ses soutiens politiques se retrouveront entre deux  » oppositions  » qui ne parlent pas forcément le même langage mais qui visent le même objectif : conquérir le pouvoir ou être associés à sa gestion ! S’il faut donc que le discours de la Majorité tienne compte de la double tonalité qui consacre la rupture entre le camp de Messaoud et celui de Daddah, il faut aussi que les rapports avec l’opposition qui a accepté le dialogue soient circonscrits à un moment de recherche à la crise qui secoue le pays depuis trois ans. Et qui, il faut aussi le comprendre, n’est pas terminée du fait même que la COD va très probablement boycotter les élections municipales et législatives émanant d’un accord qu’elle a aussitôt qualifié de mise en scène.

Dans un tel contexte, les rapports entre la Majorité et l’opposition, tendance Messaoud seront ceux qui répondront, peut-être, aux critères de  » ni amis ni ennemis « . On pouvait s’attendre à la même configuration entre les deux oppositions si l’on avait pas entendu les dernières déclarations de Messaoud Ould Boulkheir dont le départ de la COD semble être une prise de position définitive par rapport à la lignes de ses anciens amis devenus ennemis politiques.

Si donc le pouvoir peut défendre certains aspects de sa gestion politique par les résultats du dialogue, en s’appuyant probablement sur l’appréciation positive qu’en fera l’opposition participationniste, nul doute qu’il aura du mal à faire avaler la couleuvre des réalisations économiques et sociales à des citoyens qui plient aujourd’hui sous le poids des difficultés de toutes sortes. Une situation peu reluisante, malgré le tintamarre qu’on entend chaque jour à la radio et à la télévision, et qui explique, peut-être, le  » retour sur scène «  du  » président des pauvres  » !

Sneiba Mohamed

Source: L’authentique

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