TUNIS, NEW YORK, NOUAKCHOTT ET…, LE MALAISE EST GLOBAL

khaly-thiamNotre village planétaire est pris de spasmes qui démontrent à souhait que le malaise est profond et largement partagé. De Tunis à Nouakchott en passant par New York City, il y a comme une diagonale de la colère dans laquelle marchent les populations cherchant à retrouver une dignité, perdue pour certains et menacée pour d’autres.

Cependant, il faut replacer tout cela dans un contexte économique et social pour comprendre les racines du mal.

TUNISIE : une gifle pour la liberté

Un acte anodin peut engendrer des conséquences incroyablement immenses et inattendues. Qui aurait pensé qu’une gifle, même magistrale, pouvait déboucher sur la chute du président Ben Ali, chouchouté par l’Occident malgré sa ténacité et persistance à écraser tout ce qui pouvait contrarier ses projets ou ceux de son épouse ? La population tunisienne, touchée dans sa chair et éprouvée par des décennies d’humiliations, en a fait le prétexte pour conquérir liberté et dignité. Le mal était manifestement beaucoup plus profond que la douleur provoquée par le geste symbolique de Bou Azizi…

New York City : Les américains ont du mal à digérer la pomme

« La grosse pomme » est un symbole de la puissance américaine depuis très longtemps. Là aussi, depuis plusieurs semaines des manifestants non intimidés assiègent la rue fétiche de Wall Street. Le mouvement est connu sous le slogan “Occupy Wall Street”(littéralement “occuper WS”). Hommes et femmes viennent tous les jours témoigner leur amertume et leur colère face à la “gourmandise” (greed) des capitalistes banquiers et financiers américains. Ces manifestants dénoncent le fait que les banques engrangent les profits au détriment de simples citoyens surtaxés et qui éprouvent de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts. Il est temps disent-ils d’arrêter “the corporate greed” et s’attaquer aux problèmes du citoyen moyen, rappelant que les banques ont été sauvées en 2008 grâce aux taxes de la classe moyenne. Le mouvement gagne du terrain et se répand dans plusieurs villes et Etats américains. Les medias américains ont commencé à s’intéresser au phénomène depuis que certaines manifestantes ont défilé les seins en l’air….

NOUAKCHOTT, l’identité nationale en question.

A Nouakchott, les premières manifestations consécutives au printemps arabe n’ont pas eu un écho important. Il faudra un enrôlement suspect pour que les rues s’embrasent. Dans le but d’établir un fichier d’état civil fiable, les autorités mauritaniennes lancent une campagne le 5 mai 2011. La perception qu’ont certaines populations de la composition de l’organe chargé du pilotage de cette opération est plus que mauvaise. D’aucuns ont souligné le caractère non représentatif d’une Mauritanie Plurielle. En plus de cela s’ajoute un barrage de questions suspectes adressées aux populations noires du pays…

Dans toutes ces localités, le moteur de la contestation se greffe sur un arrière-plan souvent d’ordre économique. On assiste en effet à l’expression de la lassitude des franges de populations frustrées par les défis économiques majeurs. La Tunisie compte un taux de chômage élevé. C’est un pays où beaucoup de diplômés chômeurs se sentent presque vaincus par la situation économique sous Ben Ali. Le rêve est désormais permis avec le départ de ce dernier.

Aux Etats-Unis, les chiffres publiés par le Census Bureau – le bureau national de la population/recensement – montrent que le taux de pauvreté a atteint un seuil très inquiétant. 46,2 millions d’Américains vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le mouvement “Occupy Wall Street” pourrait être récupéré par la « Gauche » et constituer une réponse au Tea Party – l’aile dure des Républicains.

En Mauritanie, les dernières manifestations sont un prolongement d’un cri de désespoir lancé depuis Fassala où les populations avaient brulé le siège de la Commune ainsi que l’unique ambulance de la localité. Le mouvement Touche Pas à ma Nationalité incarne un changement  incontestable dans le rapport entre les populations et leurs gouvernants. Le mouvement est là aussi une forme de réponse au désespoir ressenti par nombres de Mauritaniens. Pour une suite logique à la construction de la démocratie naissante, les partis politiques mauritaniens doivent se lancer dans la course vers la séduction des jeunes du collectif TPN. Car la question d’injustice dans la conduite des opérations d’enrôlement aura été un test pour une organisation réussie d’un groupe de jeunes porteurs du rêve d’être un pilier dans la construction de leur pays.

Khaly Thiam

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