Bien entendu certains de nos hauts fonctionnaires qui poussent vers ces fermetures sont plus attirés par les bénéfices qu’ils peuvent en tirer que par le souci de redéploiement et d’efficacité de notre diplomatie.
Le gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a décidé contre toute logique la fermeture des consulats de Dakar et de Paris et de charger l’un des conseillers des ambassades dans ces deux pays, des affaires consulaires. Certes à Dakar les locaux sont spacieux et ils peuvent aisément accueillir les nombreux mauritaniens qui ont affaire au Consulat même si ce sera au détriment des autres missions de l’ambassade mais pour Paris la chose est encore plus grave. Situé au 89 rue du Cherche-Midi, dans le 6ème arrondissement de Paris, à quelque encablure de la Tour Montparnasse, le consulat de Mauritanie partageait, jusqu’à sa fermeture, avec les maliens un immeuble cossu du 18ème siècle. Ce sont ces locaux que l’actuel ambassadeur de Mauritanie à Paris Cheyakh Ould Ely accompagné de son comptable Kane sont sur le point de vendre. D’après nos informations l’ambassadeur a déjà recruté un cabinet d’experts immobiliers qui seraient venus prendre les différentes mesures. Il semble que les maliens sont très intéressés et pourrait se porter acquéreur en faisant valoir leur droit de préemption en tant que copropriétaires. Mais pourquoi cette transaction se fait en catimini et à l’insu de la direction des Domaines ? L’Etat mauritanien a –t-il autant besoins d’argent pour se permettre d’entasser ses diplomates à l’ambassade qui se trouve dans des locaux exigus de la rue de Montevideo ? Le fait de voir le drapeau mauritanien flotter sur un immeuble de ce quartier chic de Paris ne vaut-il pas plus que les quelques millions d’euros que vont rapporter la vente ?
Bâti sur 1 étage en 1900, le 89 rue du Cherche-Midi est un immeuble situé dans le quartier Saint-Placide comportant 1 appartement de 45 m² et deux autres totalisant 1045m². La parcelle du 89 rue du Cherche-Midi est de 691 m² et abrite en fait le bâtiment et une cour de 218 m² servant de parking privé.
En fonction des appartements, le prix du m² rue du Cherche-Midi, peut valoir entre 9306 € et 14318 €, mais en moyenne, il est de 11610 € selon l’estimation des experts immobiliers.
Le no 89 était en fait le grand hôtel de Montmorency, demeure en 1808 du maréchal Lefebvre et de son épouse, Madame Sans-Gêne. Rallié à Bonaparte, son poste de gouverneur militaire de Paris lui permet de jouer un rôle important durant le Coup d’État du 18 brumaire.
C’est ce joyaux architectural, rempli d’Histoire et qui est parfaitement situé rive gauche pour les centaines de mauritaniens qui ont pris l’habitude d’y venir établir leur état civil qui est en passe d’être bradé on ne sait dans quelle condition. Les élus, la société civile et les ministres des Finances et des affaires étrangères vont-ils laisser faire sans régir ?
Ainsi le début des années 2000, a vu deux de nos « illustres » ambassadeurs en l’occurrence Mahfoudh Ould Dedach à la mission permanente de New York et Ould Nech à Bonn vendre dans des conditions obscures les locaux diplomatiques. Certes à Bonn la réunification des deux Allemagnes avec Berlin comme nouvelle capitale rendait la vente nécessaire mais pour New York ce superbe appartement de Long Island avait pris tellement de valeur que sa vente était devenue une aubaine pour celui qui aura à s’en occuper. Evidemment la vente de tout patrimoine de l’Etat est du ressort du Ministère des Finances, mais ce « détail » ne gêna guère nos décideurs qui, forts de l’appui ou de la complicité des Premiers Ministres de l’époque procédèrent à ces vente dans l’opacité la plus totale. Plus tard, le Gouvernement de Zein Ould Zeidane décida de la fermeture des ambassades, du Canada, du Royaume Uni, de Jordanie ainsi que le Consulat de Casablanca, ainsi le Ministre de l’Economie et des Finances de l’époque Abderrahmane Ould Hama Vezzaz envoya son propre frère liquider ces ambassades et vendre comme bon lui semblait leur patrimoine.
B.C
Source: Le quotidien de Nouakchott
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